Thèse en cours

Impact de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale : évolution des actes suicidaires en médecine générale et consommation de psychotropes en France

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Auteur / Autrice : Marie Pouquet
Direction : Thomas Hanslik
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Inscription en doctorat le 18/10/2021
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : Pierre Louis de Santé publique à Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pierre Louis d'Epidémiologie et de Santé Publique
Equipe de recherche : Surveillance et modélisation des maladies transmissibles

Mots clés

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Résumé

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Dès le début de la pandémie de COVID-19, des experts ont alerté sur le risque d'augmentation des troubles mentaux et des actes suicidaires [1] liés à la mise en place des mesures de restriction pour limiter la propagation du SARS-CoV-2, à la peur de la maladie, ou aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Plusieurs études longitudinales ont montré une augmentation des symptômes d'anxiété et de dépression pendant le premier confinement [2-5]. Les groupes les plus à risque de troubles mentaux pendant la pandémie seraient les femmes, les étudiants, les jeunes au chômage, les personnes isolées socialement et celles ayant une exposition fréquente aux médias sur la COVID-19 [6, 7]. Certaines études suggèrent des prévalences de troubles mentaux toujours élevées un an après le 1er confinement [8], comme l'enquête « CoviPrev » de Santé publique France [9], qui a montré qu'en juillet 2021 les problèmes de sommeil restaient particulièrement élevés dans la population générale adulte en France métropolitaine (59%, +10 points par rapport au niveau pré-épidémie), comme les états anxieux (19%, +6 points) et dépressifs (13%, +3 points). Les troubles anxieux et dépressifs sont des facteurs de risque majeurs des comportements suicidaires [10] Dans ce contexte, il est crucial d'apporter des connaissances sur l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les tentatives de suicide et les suicides. Une stabilité ou une diminution des taux d'incidence des tentatives de suicide et des suicides ont été rapportées dans de nombreux pays [11, 12], y compris en France [13], pendant le premier confinement et jusqu'à l'été 2020 [14]. Après une diminution en première période de pandémie, une augmentation des taux de suicide ou tentatives a été rapportée dans quelques pays plusieurs mois après le premier confinement [14, 15]. Une diminution initiale des taux de suicide suivie d'une augmentation avait été rapportée lors de précédentes catastrophes naturelles, décrite comme étant un effet « lune de miel » [16]. Peu d'études ont cependant étudié l'évolution des tentatives de suicide et des suicides au-delà de l'automne 2020, malgré ces signaux d'augmentation, de persistance de la pandémie et la mise en place de plusieurs confinements dans de nombreux pays. De plus, la majorité des études publiées jusqu'à ce jour se focalisent sur les patients hospitalisés après la tentative de suicide [13, 17-21]. Pourtant, 40% des personnes faisant une tentative de suicide ne seraient pas prises en charge en secteur hospitalier après leur acte [22]. Apporter des connaissances sur les comportements suicidaires vus en médecine générale est donc majeur, d'autant plus dans un contexte de crise sanitaire où l'accès aux soins a pu être modifié. Plusieurs études convergent sur le fait que la consommation de psychotropes a augmenté pendant la pandémie [23, 24]. En France, l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a rapporté une nette augmentation de délivrance d'antidépresseurs et d'anxiolytiques au début du premier confinement, plus légère pour les hypnotiques, malgré une baisse des premières instaurations de traitement pour ces trois catégories. En 2021, elle a rapporté une augmentation de +1,3 million d'anxiolytiques délivrés sur les quatre premiers mois par rapport à ce qui était attendu, de +580 000 pour les hypnotiques, et de +1,1 million pour les antidépresseurs [25]. Cependant, il n'y a pas, à ce jour, d'études permettant de caractériser le profil des consommateurs de psychotropes pendant la pandémie, selon des caractéristiques socio-démographiques et des antécédents de consommation. Il a été pourtant été mis en évidence que les personnes sans antécédents de troubles mentaux fréquents pouvaient avoir une plus grande augmentation de symptômes pendant la pandémie, comparés à ceux ayant des antécédents de troubles [5]. De plus, peu d'études se sont intéressées à la consommation de médicaments à usage sédatifs hors prescription. Dans un contexte d'augmentation des troubles mentaux dans la population générale pendant la crise sanitaire de COVID-19, avec un accès aux soins qui a pu être modifié, il y a un intérêt majeur à apporter des connaissances sur i) les cas d'actes suicidaires vus en consultations de médecine générale ii) l'évolution de la consommation de psychotropes et autres substances à usage sédatif, et les caractéristiques des consommateurs. Cette étude a pour objectif d'évaluer l'impact de la crise sanitaire de la COVID-19 sur la santé mentale de la population en France métropolitaine au travers divers indicateurs : comportements suicidaires vus en consultation de médecine générale, consommation de psychotropes et autres médicaments à usage sédatif. L'ensemble de ce projet apportera des données complémentaires pour mieux appréhender un impact de la pandémie sur les troubles mentaux et leur prise en charge médicamenteuse.