Thèse en cours

Mécanismes et impacts physiopathologiques des expansions CTG dans le système nerveux d'un modèle de souris conditionnel de CDM

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Auteur / Autrice : Pauline Megalli
Direction : Geneviève Gourdon
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Génétique et génomique
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2021
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en myologie (Paris ; 2014-....)
Equipe de recherche : Repeat Expansions & Myotonic Dystrophy - REDs

Résumé

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La dystrophie myotonique de type 1 (DM1) est une maladie héréditaire dominante multisystémique causée par une répétition CTG étendue et instable, dans la région 3'-non traduite du gène de la protéine kinase de la dystrophie myotonique (DMPK). Le gène DMPK normal contient 5 à 37 répétitions CTG, tandis que les patients atteints de DM1 présentent des répétitions étendues, de 50 à plusieurs milliers. Le nombre de répétitions CTG augmente au fil des générations et est corrélé à la gravité clinique et à l'âge d'apparition de la maladie. Les transcriptions mutantes de l'ARN DMPK forment des foyers d'ARN nucléaires, interférant avec le programme d'épissage d'un sous-ensemble de gènes régulés par le développement dans divers tissus. La forme la plus sévère de la maladie est la forme congénitale de la DM (CDM), caractérisée par une hypotonie générale et une détresse respiratoire à la naissance et est souvent associée à un retard de développement moteur et à une déficience intellectuelle sévère. Mon laboratoire hôte a développé un modèle de souris (DMSXL), qui est le seul à reproduire non seulement l'instabilité somatique et intergénérationnelle des répétitions CTG, mais aussi les caractéristiques phénotypiques de la DM1. Plus récemment, le laboratoire a observé des taux très élevés de foyers d'ARN dans les motoneurones des nerfs crâniens chez les nouveau-nés DMSXL. Les nouveau-nés DMSXL présentent une mortalité élevée, des problèmes d'alimentation et des anomalies respiratoires, ce qui suggère des symptômes graves de la forme congénitale de la maladie. Il est intéressant de noter que les motoneurones de différents nerfs crâniens ont des fonctions vitales pour les comportements d'alimentation, de succion et de respiration nécessaires à la survie après la naissance. Cependant, en raison de l'expression ubiquitaire du gène DMPK, un lien direct entre les motoneurones et le phénotype observé reste à démontrer. Le premier objectif de mon projet de thèse est d'étudier les impacts physiopathologiques des ARNs DMPK mutants exprimés dans les motoneurones de souris transgéniques nouveau-nées. Pour atteindre cet objectif, mon laboratoire hôte a remplacé le promoteur DMPK dans le transgène des DMSXL par un promoteur inductible contrôlé par la tétracycline (TRE3G-CMV) (données non publiées). Ceci a donné naissance à deux nouvelles lignées de souris, renommées TurboXL. Pour mon projet, j'ai besoin d'établir des souris doubles transgéniques Chat-TR3G ; TurboXL. Dans ce nouveau modèle de souris, DMPK ne sera exprimée que dans les neurones cholinergiques, y compris les motoneurones (MN), après l'administration de doxycycline, dans une fenêtre temporelle choisie. Par conséquent, nous pourrons choisir la fenêtre temporelle que nous souhaitons pour l'expression de DMPK. Nous étudierons le phénotype des souriceaux P7 en suivant leur respiration par pléthysmographie (en collaboration avec L. Bodineau, SU et B. Matrot, Phenopups), leurs capacités à se nourrir ainsi que leur développement sensorimoteur à travers différents tests (analyse de la marche, test du réflexe de redressement, test géotaxique négatif). Enfin, l'impact de l'ARN mutant exprimé dans les MN sera évalué par histologie des noyaux 12N et 7N. Les jonctions neuromusculaires seront également étudiées par immunofluorescence afin d'évaluer les conséquences d'un éventuel dysfonctionnement du MN au niveau de l'innervation et du développement musculaire. Le second objectif de mon projet consiste à élucider les mécanismes à l'origine des phénotypes observés à l'aide d'analyses omiques et d'études fonctionnelles dans des modèles cellulaires. Dans ce but, des micro-prélèvements de coupes du tronc cérébral seront effectués pour extraire l'ARN et les protéines des noyaux 12N et 7N pour ensuite procéder à des analyses RNAseq et protéomiques en collaboration avec les plateformes de l'ICM & Imagine. Les données seront analysées avec l'informaticien du laboratoire, et les gènes candidats seront sélectionnés en fonction de la sévérité du défaut, et de la pertinence de leurs fonctions. Les défauts d'expression seront ensuite validés dans les micro-prélèvements ainsi que dans les cellules iPS humaines différenciées en MN crâniens (en collaboration avec C. Martinat de l'I-Stem) par RT-PCR, qRT-PCR et immunofluorescence selon l'anomalie d'expression. Enfin, j'étudierai les impacts moléculaires des défauts des gènes candidats en utilisant à la fois des cellules iPS et des souris en surexprimant et/ou en éliminant ces gènes. Les mécanismes conduisant à la forme congénitale de la dystrophie myotonique ne sont pas très bien compris à ce jour. Mes résultats permettront de mieux comprendre le rôle des MN dans la CDM et leurs impacts sur l'innervation des muscles en aval, importants pour la survie pendant la période néonatale. Ils pourraient ensuite conduire au développement de thérapies ciblant les défauts moléculaires qui sous-tendent les symptômes multisystémiques caractérisant la dystrophie myotonique. J'acquerrai et améliorerai mon expertise en biologie moléculaire, histologie, analyses omiques, biologie cellulaire, ingénierie génomique et expérimentation animale.