Thèse en cours

Caractérisation d'une nouvelle voie vers le noyau thalamique somatosensoriel d'ordre supérieur

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Auteur / Autrice : Jody Kouessan
Direction : Régis Lambert
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Neurosciences Paris-Seine (2014-2024)
Equipe de recherche : Neuronal Networks and Physiopathological Rhythms

Résumé

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Dans le cerveau des mammifères, le cortex cérébral est le siège de l'intégration dans le temps et l'espace des informations issues du monde extérieur, mais la bonne exécution de ces intégrations repose sur une zone sous-corticale spécifique, le thalamus, qui est à la fois une porte d'entrée - presque obligatoire - pour les informations circulant de la périphérie vers le cortex, et qui orchestre les interactions entre différentes aires corticales. Le thalamus peut être divisé en noyaux de premier ordre (recevant uniquement des entrées modulatrices des neurones de la couche 6 du cortex) et en noyaux d'ordre supérieur (recevant de puissantes entrées des neurones de la couche 5 du cortex, en plus d'entrées sous-corticales). Les opérations qui ont lieu dans ces derniers sont peu comprises. Fonctionnellement, il a été proposé que ces noyaux contribuent aux fonctions cognitives. Notre projet vise à clarifier l'intégration qui a lieu au sein d'un noyau d'ordre supérieur lié au système somatosensoriel, le thalamus postéro-médian (Pom). Pour cela, nous allons utiliser le système somatosensoriel de la souris, très bien défini anatomiquement. Le Pom reçoit des entrées issues d'afférents somatosensoriels du tronc cérébral (noyau trigéminal spinal, SpVi), du cortex et du cervelet. Ces entrées sont contrebalancées par le contrôle inhibiteur provenant de la zona incerta (ZI) et du prétectum antérieur (APT). En effet, la lésion de l'APT et de la ZI facilite la réponse aux stimulations sensorielles du Pom. Le cortex peut désinhiber les neurones du Pom via ses projections sur la ZI et l'APT. En retour, les afférences issues du Pom sur le cortex augmentent la réponse aux entrées sensorielles. Notre hypothèse est que l'inhibition provenant de la ZI et de l'APT régule le recrutement des neurones du Pom quand les animaux ne sont pas engagés dans une tâche sensorielle. Lors d'une tâche (comme l'exploration tactile ou la discrimination tactile), l'inhibition est relâchée, démasquant l'excitation issue des entrées périphériques, corticales et cérébelleuses, selon la saillance de l'information. Tester cette hypothèse nécessite de 1) caractériser la convergence des entrées excitatrices et inhibitrices sur les neurones individuels du Pom, et 2) établir comment et quand les signaux sensoriels sont contrôlés par les entrées inhibitrices en conditions non anesthésiées. 1) On ne sait pas si les entrées corticales, cérébelleuses et périphériques opèrent sur des canaux convergents ou séparés dans le Pom, et l'étendue du contrôle de l'APT et de la ZI sur ces entrées n'est pas connue. Certaines zones du Pom reçoivent des entrées excitatrices convergentes, contrairement à d'autres zones. Notre hypothèse est que cette hétérogénéité révèle des voies d'encodage parallèles au niveau des neurones individuels du Pom, leur permettant de capter différents aspects de l'information sensorielle et motrice. Nous proposons de répondre à ces questions : Quelles sont les propriétés synaptiques des entrées excitatrices et inhibitrices du Pom ? Ces entrées coopèrent-elles au niveau des neurones individuels ? Nous allons utiliser la stimulation optogénétique des terminaisons neuronales sur des tranches contenant le Pom. Nous allons combiner les injections de deux différents AAV exprimant des opsines excitatrices activées par différentes longueurs d'onde (Chrimson, Chronos) dans des paires de structures (noyau denté du cervelet, ZI, APT, SpVi, S1, M1) pour établir le degré de convergence de ces entrées. Cela pourrait distinguer différentes populations de neurones du Pom, ce qui est crucial pour caractériser son rôle. 2) Les neurones du Pom ont été décrits comme étant beaucoup moins réactifs aux déflexions des vibrisses que les neurones de relai de premier ordre. Les puissantes afférences sensorielles des neurones du Pom sont démasquées chez l'animal anesthésié par la lésion de la ZI et de l'APT. Nous proposons donc de répondre à ces questions : Quel est l'impact de l'inhibition de la ZI ou de l'APT sur les neurones du Pom chez les animaux en comportement ? Quels sont les mécanismes sous-jacents aux inhibitions issues de l'APT et de la ZI (inhibition par shunt, hyperpolarisation), la dépendance au contexte de leur implication et leur modulation par des mécanismes désinhibiteurs descendants (par le cortex, le cervelet) ? Chez la souris éveillée et en tête fixée, nous allons explorer la réponse des neurones du Pom en ''free-whisking'' (mouvements volontaires des vibrisses de la souris) et lors de déflexions des vibrisses avec ou sans inhibition des entrées de la ZI et de l'APT en fonction de l'état de vigilance de l'animal. En utilisant des enregistrements extracellulaires à haute densité, nous allons identifier les mécanismes du contrôle des informations sensorielles dans ces cellules. Les mouvements des vibrisses et la durée des contacts des vibrisses avec un pôle seront suivis à l'aide d'une caméra à haute vitesse. Pour inhiber les entrées de la ZI et de l'APT, nous allons utiliser une opsine inhibitrice, exprimée à l'aide de virus dans les terminaisons des neurones de la ZI et l'APT de souris Parvalbumine-Cre.