Thèse en cours

Comment les neurones de la rétines implémentent le traitement de l'information visuelle ?

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Auteur / Autrice : Guilhem Glaziou
Direction : Olivier Marre
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Inscription en doctorat le 01/11/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de la Vision
Equipe de recherche : Transmission de l'information visuelle : codage et restauration visuelle

Résumé

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Comprendre comment les différents types de neurones se connectent entre eux dans les systèmes sensoriels pour extraire des caractéristiques spécifiques des entrées sensorielles est un défi majeur. La rétine constitue un système idéal pour étudier cette question. Des études récentes ont caractérisé les différents types de cellules au sein du circuit rétinien de la souris en utilisant une combinaison d'approches génétiques, anatomiques et fonctionnelles (Bae et al., 2018 ; Sanes et al., 2016 ; Baden et al., 2016 ; Goetz et al., 2022). La rétine comprend trois types de photorécepteurs, un type de cellule horizontale, quinze types de cellules bipolaires, plus de soixante-trois types de cellules amacrines et plus de quarante types de cellules ganglionnaires qui innervent la rétine de manière distincte (Fig.1a) (Bae et al., 2018 ; Yan et al., 2020 ; Rheaume et al., 2018). Les études menées au cours des dernières décennies ont révélé que la rétine n'est pas une simple caméra, mais plutôt un système complexe qui effectue des calculs non linéaires. Les cellules ganglionnaires, en particulier, présentent des réponses sélectives à la direction du mouvement (Barlow & Levick, 1965 ; Kim et al., 2015), aux stimuli imminents (Munch et al., 2009) ou au contraste (Goldin et al., 2022). Il a été démontré que la cellule ganglionnaire alpha ON estime le contraste et se comporte comme un détecteur de mouvement, détectant des détails plus fins que le centre de son champ réceptif (Demb et al., 2001 ; Enroth-Cugell & Robson, 1966 ; Krieger et al., 2017 ; Schwartz et al., 2012 ; Karamanlis & Gollisch, 2021 ; Turner & Rieke, 2016 ; Grimes et al., 2014). Cependant, un modèle linéaire ne permet pas de prédire sa réponse aux images naturelles. Pour modéliser son intégration spatiale des stimuli visuels, un réseau à deux couches a été proposé (Schwartz et al., 2012 ; Grimes et al., 2014 ; Turner & Rieke, 2016 ; Karamanlis & Gollisch, 2021). Néanmoins, l'implémentation de la première couche dans le circuit rétinien reste peu claire. Ce projet vise à combler le fossé entre les types de cellules et leur fonction en disséquant le circuit rétinien responsable du calcul non linéaire effectué par les cellules ganglionnaires alpha ON. L'objectif principal est de déterminer laquelle des trois hypothèses proposées décrit le mieux la réalité sous-jacente. Pour ce faire, les cellules ganglionnaires seront enregistrées à l'aide de réseaux multi-électrodes (MEA). Simultanément, l'activité des cellules bipolaires sera accessible, en se concentrant particulièrement sur la cellule bipolaire ON de type 6, qui fournit une entrée excitatrice significative aux cellules ganglionnaires alpha ON (Schwartz et al., 2012 ; Tien et al., 2017). Des techniques optogénétiques seront employées pour moduler sélectivement l'activité des cellules bipolaires ON, ce qui permettra d'explorer leur impact sur les réponses des cellules ganglionnaires. Le plan de recherche comprend deux séries d'expériences. Premièrement, en bloquant les photorécepteurs et en stimulant sélectivement les opsines sensibles à la lumière exprimées dans les cellules bipolaires, la linéarité de l'intégration de la réponse sera évaluée (c'est-à-dire en déterminant si la réponse combinée à plusieurs cellules bipolaires stimulées simultanément est égale à la somme des réponses individuelles). La deuxième série d'expériences vise à vérifier si la rectification se produit à la synapse entre les cellules bipolaires et les cellules ganglionnaires. La dépolarisation optogénétique des cellules bipolaires devrait les conduire au-delà du seuil de rectification, linéarisant la synapse cellule bipolaire-cellule ganglionnaire (Turner & Rieke, 2018). La stimulation visuelle à l'aide d'images naturelles et la dépolarisation optogénétique des cellules bipolaires seront menées simultanément pour étudier cette hypothèse. Les résultats du projet contribueront à élucider le traitement des images naturelles par les couches moyennes de la rétine et à comprendre la mise en œuvre d'un calcul non linéaire clé dans les cellules ganglionnaires alpha ON. En outre, l'étude mettra en lumière la manière dont les modèles abstraits de réseaux neuronaux peuvent être réalisés par des réseaux biologiques. Cette recherche a le potentiel d'apporter des avancées significatives dans le domaine des neurosciences visuelles.