Décadence fin de siècle en Europe et en Chine, à l'instar d'Huysmans, de Wilde
Auteur / Autrice : | Yao Wu |
Direction : | Bernard Franco, Yvan Daniel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Littératures françaises et comparée |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en littérature comparée |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La thèse aborde la décadence à la fin du XIXe siècle en Europe et en Chine sous un angle comparatif. Cette époque marque le début de la modernité, avec l'émergence des « monstres de fer ». Le tournant des siècles, également appelé fin de siècle, ouvre de nouvelles réflexions sur le temps. En Chine, la fin de la dynastie Qing annonce la fin du féodalisme après deux mille ans, ainsi qu'un apprentissage intensif de l'Europe. La décadence en littérature est introduite en Chine par la traduction des uvres de Wilde. Cependant, cette influence ne crée pas la même vague qu'en Europe, où les écrivains, consciemment ou inconsciemment, s'immergent dans ce mouvement. Leurs uvres sont imprégnées de cet attrait pour la décadence, couronnées d'une couche de beauté qui se manifeste dans le domaine de l'esthétique à partir de Péladan. Celui-ci réinterprète l'idée de ''l'art pour l'art'' en transformant l'art et la copie selon Platon. En parallèle, la Chine apprend l'esthétique de l'Europe, où l'étude de la beauté devient une nouvelle discipline, différente de la base philosophique européenne. La réflexion de cette thèse est structurée en trois parties principales. La première partie porte sur les coïncidences historiques. Nous proposons l'hypothèse que l'Antiquité tardive est une référence éternelle pour l'Europe, symbolisant la fin presque totale d'un royaume unifié. De même, la période des Wei et Jin est une référence importante pour la Chine, représentant un temps de fragmentation pendant les périodes d'unification chinoise qui dominent depuis deux mille ans. À la fin du siècle, la décadence de la langue en Europe, vue comme une réponse à la décadence linguistique soulevée par Rousseau, se traduit par une expression accrue des sentiments. En Chine, une révolution linguistique transforme l'écrit en langue parlée, simplifiant la communication pour la population générale et facilitant la propagation des idées. Cela soulève des oppositions, certains voyant cette évolution comme une décadence de la langue. En Europe, la tendance est d'affiner l'expression des sentiments, tandis qu'en Chine, il s'agit de combler le fossé entre les élites et les masses, ce qui peut être perçu comme une décadence des connaissances raffinées.La deuxième partie présente l'art sous une autre perspective. Une nouvelle vision et une dynamique de création des monstres émergent. Un défi aux visions esthétiques traditionnelles est posé : comment définir la beauté lorsqu'on trouve des images monstrueuses chez les gens ? Un personnage comme une copie, une femme comme une poupée, un crime comme un jeu. Dans un monde qui dit adieu aux valeurs classiques, l'époque redéfinit les normes esthétiques. Les éléments anormaux aident à explorer des domaines inconnus. En Chine, tout ce qui est exotique est nouveau et difficile à classifier, un phénomène également présent en Europe.Dans la troisième partie, la vision de Nietzsche devient centrale dans notre argumentation car elle offre une solution à la décadence. Dans un monde opposant Dionysos et Apollon, le surhomme de Nietzsche inspire les dandys (équivalents chinois des Mingshi) à résoudre la décadence morale, tant en Europe qu'en Chine, décrite comme une société en déclin.