Pierre Mignard (1612-1695), l'autre Premier peintre de Louis XIV
Auteur / Autrice : | Damien Tellas |
Direction : | Christine Gouzi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Histoire de l'art et archéologie |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre André-Chastel (Paris ; 2004-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'étude des artistes du XVIIe siècle commence généralement par le récit des nombreuses lacunes qui empêchent les recherches exhaustives et par la perte des uvres relatives à l'objet d'étude. Ces dernières sont souvent détruites ou perdues, voire cachées sous des noms plus célèbres ; quant aux peintres eux-mêmes, ayant rarement bénéficié de biographes, ils sont tombés très souvent dans l'oubli. Ce constat est applicable pour la plupart des peintres du Grand Siècle, à l'exception de rares noms : leurs carrières exceptionnelles leur ont permis de conserver une place notable dans l'écriture de l'histoire de l'art depuis leur disparition. Le cas est notamment valable pour les « Premiers peintres du roi », la charge la plus prestigieuse qui pouvait être reçue par un peintre. Six sont nommés au cours du XVIIe siècle, sans qu'une réelle continuité ait été poursuivie : Toussaint Dubreuil (1599-1602), Martin Fréminet (1603-1619) ; de façon concomitante Simon Vouet (1627-1649) et Nicolas Poussin (1640-1642), puis Charles Le Brun (1662-1690) et Pierre Mignard (1690-1695). Or, ce dernier, dont l'art est essentiel dans l'histoire de l'art du Grand Siècle, n'a bénéficié d'aucune étude récente globale. Ce doctorat se propose ainsi de combler un manque dans l'historiographie de la peinture du règne de Louis XIV et de mettre en avant la carrière d'un peintre très important du XVIIe siècle. Sous le règne de Louis XIV, Charles Le Brun monopolise une grande partie des commandes. Ses ouvrages sont exécutés tant pour la couronne que pour des commanditaires fortunés (tableaux, décors, dessins pour des sculptures, tapisseries, direction des manufactures et académies royales ), et cela grâce à sa charge de Premier peintre. Pourtant, tout au long de sa carrière, Pierre Mignard, son aîné de sept ans, occupe une place presque équivalente. Les deux artistes, considérés dès leur vivant comme de réels concurrents les deux « Apelles » de Louis XIV sont certainement les figures les plus importantes du monde de la peinture pendant toute la seconde moitié du XVIIe siècle. Cette situation est telle qu'à la mort de Charles Le Brun en 1690, Pierre Mignard, récemment anobli, hérite de toutes ses fonctions. Ces nominations interviennent en fait après une brillante et célèbre carrière, qui lui garantissait déjà une sorte de place de « deuxième » Premier peintre depuis plusieurs décennies, encouragée par le soutien de Louvois, principal ministre d'État de Louis XIV. Après une naissance à Troyes et un apprentissage chez Jean Boucher à Bourges, puis chez Simon Vouet à Paris, Mignard part pour l'Italie de 1635 à 1657, où il est l'une des étoiles montantes de Rome. Il y obtient de nombreuses et prestigieuses commandes, avant d'être rappelé par le jeune roi de France Louis XIV, comme son père, Louis XIII, avait déjà fait rentrer ses « Premiers peintres » : Vouet en 1627 et Poussin en 1640. Ainsi, Mignard est à Paris à partir de 1657 et jusqu'à sa mort tardive, à l'âge de 82 ans, en 1695. Pendant trente-huit années, il n'a de cesse de déployer son talent dans toutes les plus riches demeures, à commencer par la plus illustre : Versailles. Mais Mignard n'est pas seulement un décorateur. D'ailleurs, c'est sous l'étiquette de portraitiste que l'historiographie a retenu son nom. Avant que Hyacinthe Rigaud devienne une sorte de « Premier portraitiste » du roi, de ses proches et de sa cour, Pierre Mignard bénéficie, tout au long de sa carrière, d'une place analogue. Il portraiture le roi, sa famille, ou d'illustres personnages dont la fortune les rattache systématiquement à leur représentation : Molière, Madame de Sévigné, Madame de Maintenon Cette thèse de doctorat permettra ainsi de comprendre, en écho à la thèse de Jean-Claude Boyer sur la période romaine de Mignard, la carrière parisienne, moment d'ascension continue, couronné de succès pour le peintre jusqu'à son accession au titre de Premier peintre du roi.