Genèse du mālikisme en Ifrīqiya (Ier-IVe/VIIe-Xe siècle) : dynamiques sociales, textuelles et mémorielles.

The Genesis of Mālikism in Ifrīqiya (1st-4th/7th-10th Century): Social, Textual, and Memorial Dynamics

• Auteur / Autrice : Clément Salah
• Direction : Mathieu Tillier, Wissam Halawi
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire du Moyen Âge
• Date : Inscription en doctorat le ; Soutenance le 25/09/2025
• Etablissement(s) : Sorbonne université en cotutelle avec Université de Lausanne
• Ecole(s) doctorale(s) : Mondes antiques et médiévaux
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Orient et Méditerranée. Textes, archéologie, histoire
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Mondes sémitiques
• Jury : Président / Présidente : Yassir Benhima
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Mathieu Tillier, María Isabel Fierro bello, Wissam Halawi, Élise Voguet, Jonathan Brockopp
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : María Isabel Fierro bello, Yassir Benhima

Mots clés

Mots clés libres

Histoire sociale

Droit islamique

Mālikisme

Ifrīqiya

Manuscrits de Kairouan

Historiographie

Social history

Islamic Law

Mālikism

Ifrīqiya

Kairouan manuscripts

Historiography

Résumé

Aux premiers siècles de l'Islam (Ier-IVe/VIIe-Xe siècle), Kairouan s'impose comme la capitale de la province d'Ifrīqiya et l'un des principaux foyers de la culture islamique classique, en particulier dans l'Occident musulman. Dans ce contexte, la ville devient un relais décisif dans la transmission vers le Maghreb et la Péninsule Ibérique d'une doctrine juridique sunnite : le mālikisme. Cette thèse propose une histoire sociale de sa formation en Ifrīqiya, en s'intéressant aux conditions politiques, intellectuelles et mémorielles qui ont rendu possible l'émergence d'une école doctrinale de droit. Elle envisage cette genèse non comme une simple filiation avec l'enseignement du fondateur éponyme, Mālik b. Anas (m. 179/795), mais comme un processus conflictuel, situé et évolutif. L'analyse repose sur un corpus varié de sources juridiques et historiographiques, et s'appuie notamment sur plusieurs manuscrits inédits issus du fonds de Kairouan. Ces documents offrent le témoignage d'une strate encore largement méconnue du mālikisme : celle d'une pensée juridique en cours de consolidation, marquée par des appropriations locales, des reformulations doctrinales et des tensions interprétatives. Ils permettent ainsi d'examiner, dans leur épaisseur historique, les dynamiques sociales, normatives et mémorielles qui ont présidé à la formation d'une école de droit. L'enquête s'attache d'abord à reconstituer les conditions sociales d'émergence d'un milieu savant local, à travers les figures, les institutions et les réseaux qui structurent l'espace juridique ifrīqiyen. Elle interroge ensuite la construction de la norme mālikite, en étudiant les formes de sélection, de stabilisation et de mise en cohérence des matériaux transmis. Enfin, elle explore la fabrique d'une mémoire juridique, à travers les récits d'origine, les opérations de canonisation et les logiques d'exclusion qui participent à la légitimation d'un héritage doctrinal. En restituant la formation du mālikisme comme un processus situé, cette recherche entend contribuer à une histoire sociale du droit islamique, attentive aux conditions concrètes de production du savoir normatif et aux trajectoires multiples par lesquelles une tradition devient école.

In the early centuries of Islam (1st-4th/7th-10th centuries), Kairouan emerged as both the capital of the province of Ifrīqiya and one of the main centers of classical Islamic culture, particularly in the Muslim West. In this context, the city became a decisive hub for the transmission of a Sunni legal doctrine—Mālikism—across the Maghreb and the Iberian Peninsula. This dissertation offers a social history of the formation of Mālikism in Ifrīqiya by examining the political, intellectual, and memorial conditions that enabled the emergence of a doctrinal school of law. It considers this process not as a straightforward continuation of the teachings of its eponymous founder, Mālik b. Anas (d. 179/795), but as a situated, conflictual, and evolving trajectory. The analysis draws on a wide range of legal and historiographical sources, with particular attention to several unpublished manuscripts preserved in the Kairouan collection. These documents shed light on a largely overlooked layer of Mālikī thought: one of ongoing doctrinal consolidation, shaped by local appropriations, theoretical reformulations, and interpretive tensions. They offer a lens through which to explore, in their full historical depth, the social, normative, and memorial dynamics underpinning the formation of a legal school. The study first reconstructs the social conditions that led to the emergence of a local scholarly milieu, analyzing the figures, institutions, and networks that structured the Mālikī legal field in Ifrīqiya. It then investigates the doctrinal construction of Mālikī norms by examining the processes of selection, stabilization, and coherence-building in transmitted materials. Finally, it explores the formation of legal memory, through origin narratives, operations of canonization, and exclusionary mechanisms that helped legitimize a doctrinal heritage. By analyzing the formation of Mālikism as a situated and historical process, this research aims to contribute to a social history of Islamic law attentive to the concrete conditions of normative knowledge production and to the diverse trajectories through which a tradition becomes a legal school.