Thèse en cours

« Circulations et réseaux des Frères Musulmans au Moyen-Orient, une stratégie politique (1954-1982)

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Auteur / Autrice : Lucas Rabel
Direction : Catherine Mayeur-jaouenLaëtitia Bucaille
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Histoire moderne et contemporaine
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Histoire du XIXe siècle

Résumé

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L'Association des Frères Musulmans, fondée en 1928 en Égypte, connaît bientôt un succès fulgurant qui la conduit à s'étendre dans tout le Proche-Orient arabe. Après la Seconde Guerre, les objectifs de « réislamisation » des mœurs et d'instauration d'un État islamique opposent les Frères aux dictatures militaires nationalistes et d'inspiration socialiste qui arrivent au pouvoir en Égypte en 1952-54, en Irak en 1958 et en Syrie en 1963. Cette opposition conduit des milliers de militants fréristes à s'exiler pour éviter la prison ou, en Syrie notamment, à prendre les armes. Les Frères musulmans exilés s'installent en Jordanie, dans le Golfe et, surtout, en Arabie Saoudite qui a à ce moment-là un besoin crucial de cadres administratifs et d'enseignants de haut-niveau pour soutenir la concurrence avec son voisin égyptien. Les militants s'insèrent dans des réseaux régionaux au sein d'institutions religieuses, juridiques et éducatives qui ont, pour certaines, vocation à diffuser l'islam wahhabite. Ils contribuent, en retour, à la constitution du premier mouvement islamiste saoudien, la Sahwa, à l'origine d'une importante recomposition du champ politique national dans les années 1980-1990. Même si l'historiographie des Frères Musulmans a privilégié des études pays par pays, État par État, une approche transnationale semble plus féconde pour appréhender et expliquer les remarquables capacités d'adaptation de l'Association à travers les contraintes de l'exil. La constitution de réseaux informels est au fondement de stratégies politiques diverses – entre réformisme, participation politique et djihadisme – qui expliquent les mutations doctrinales et politiques des mouvements islamistes et l'épanouissement de l'organisation frériste internationale jusqu'à aujourd'hui. Une étude de réseaux permettrait de combler un vide historiographique en conjuguant l'échelle locale des relations interpersonnelles à l'échelle régionale des circulations et des mobilisations politiques au sein des congrès et institutions islamiques.