Le décor intérieur de Notre-Dame de Paris au XVIIe siècle (1622-1715)
Auteur / Autrice : | Enzo Menuge |
Direction : | Christine Gouzi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Histoire de l’art et archéologie (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre André-Chastel (Paris ; 2004-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La cathédrale Notre-Dame de Paris, accueillait, avant l'incendie du 15 avril 2019, près de 14 millions de visiteurs par an. Si nombre d'entre eux venaient admirer l'élégance de l'architecture gothique ou se familiariser avec les lieux du roman de Victor Hugo, ils étaient parfois déconcertés par les décors datant du XVIIe et XVIIIe siècles, en décalage avec cet édifice médiéval, restauré au XIXe siècle dans une esthétique néogothique. Cette incongruité explique, sans doute, l'oubli relatif dans lequel étaient tombés ces éléments décoratifs, jusqu'aux travaux pionniers, de Pierre-Marie Auzas (1914-1992), dans les années 1960 ; suivis de quelques expositions et de la récente publication de Delphine Bastet sur les Mays commandés par les orfèvres parisiens, entre 1630 et 1707. Cette dernière recherche publiée en 2021 a démontré l'attrait de ce champ d'étude resté vierge et l'intérêt de mener, dans le cadre d'un travail de thèse, une étude sur ces décors. Cette étude visera à analyser dans sa globalité le décor intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris de l'érection de la capitale en archevêché, en 1622, à la mort de Louis XIV, en 1715. Cette chronologie a pour avantage de couvrir la période de règne du Roi-Soleil durant laquelle la physionomie de la cathédrale a connu de profonds changements, guidés par une volonté ambivalente de permanence et de mutations. Cette étude des travaux d'embellissement du chur, des chapelles et de la nef permettra d'analyser les renouvellements de l'aménagement liturgique et de l'iconographie religieuse à une époque de rapports complexes entre l'Église de France, la monarchie et la papauté. Cela sera également l'occasion d'envisager les différents acteurs de ces chantiers, de la famille royale aux corporations de métiers, en passant par le chapitre et la haute noblesse. Ainsi, prise en tenaille entre le Moyen-Âge, qui l'a vu naître, et le XIXe siècle, qui l'a fait renaître, Notre-Dame fait figure de grande absente dans l'historiographie de la période moderne pour ce qui concerne son décor intérieur. Cette lacune historiographique s'explique notamment par la disparition, pendant la Terreur et le XIXe siècle, des principaux aménagements de la nef, du chur, des chapelles et de la sacristie, menés sous l'Ancien Régime pour répondre aux exigences doctrinales, pastorales, liturgiques et ecclésiologiques du concile de Trente. Mais également par un regard historiographique centré sur l'art gothique qui a longtemps vu dans « l'autre temps des cathédrales », selon la formule de Mathieu Lours, non un âge d'embellissements, mais une longue suite « d'enlaidissements » voire de dénaturations de l'édifice d'origine. Cette incompréhension des aménagements, des XVIIe et XVIIIe siècles, découle d'une méfiance générale pour la piété démonstrative déployée à cette période. Peu d'études se sont penchées sur ces décors du XVIIe et XVIIIe siècles, lorsqu'elles les ont abordés c'est souvent en se limitant à une seule typologie d'uvre, ou en se bornant à un seul espace de la cathédrale, au détriment d'une vision d'ensemble. En outre, les études existantes sur l'ornement intérieur de la cathédrale se sont généralement cantonnées aux bornes chronologiques d'un seul chantier et ont souvent privilégié un aspect unique du décor, sans chercher à comprendre l'incidence des éléments préexistants dans l'élaboration de celui-ci, ni à restituer l'aspect général de Notre-Dame, à chacune des étapes de son aménagement, au cours du XVIIe siècle. Il est donc intéressant d'aborder de manière élargie la chronologie de l'ornementation de Notre-Dame de 1622, date à laquelle Paris devint le siège d'un archevêché, à l'achèvement, en 1715, du Vu de Louis XIII par Louis XIV. Un point déterminant de l'étude consistera à définir le rôle et la personnalité des différents acteurs de ces commandes et à décrire les pratiques cultuelles assignées à ces décors religieux. Désignée sous l'Ancien Régime comme « l'église du Roy, l'église de la Nation », la cathédrale était en effet un lieu de médiations qui articulait en son sein les différentes entités du royaume en respectant une répartition symbolique. Les décors du chur et du sanctuaire témoignaient ainsi du pouvoir épiscopal et royal, la nef et les chapelles accueillant quant à elles les différents corps de la ville de Paris.