L'émigration russe en France à travers la photo. Constitution d'un fonds, élaboration d'une méthodologie d'utilisation, création d'outils de recherche adaptés, et interprétation d'une représentation : un apport original à l'histoire de l'émigration russe en France.
Auteur / Autrice : | Andrei Korliakov |
Direction : | Pierre Gonneau |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études slaves |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Civilisations, cultures, littératures et sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cultures et sociétés d'Europe orientale, balkanique et médiane (Paris ; 2014-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
PROJET DE THÈSE Andrei Korliakov L'émigration russe en France à travers la photo. Constitution d'un fonds, élaboration d'une méthodologie d'utilisation, création d'outils de recherche adaptés, et interprétation d'une représentation : un apport original à l'histoire de l'émigration russe en France. Présentation Le projet découle des recherches sur le patrimoine photographique des premières vagues des émigrés russes en France, commencées en 1993 et abouties à cinq albums de photographies englobant les thèmes de l'exode russe vers l'Europe suite à la révolution et la Guerre Civile, de l'établissement de ces Russes dès Constantinople jusqu'à la France (institutions communautaires, emplois, conditions de vie, etc.) et de la vie culturelle des Russes en exil dans l'entre-deux-guerres . Cette thèse ambitionne de porter un regard particulier, et jusqu'à présent inédit, sur l'histoire de l'émigration russe en France, sa réalité et ses représentations, au cours du premier XXe siècle à travers la photographie. Elle s'appuie sur un corpus photographique unique constitué par l'auteur de cette recherche depuis une trentaine d'année. Ce corpus compte à ce jour de l'ordre de 100 000 photographies scannées et autant plus, non scannées. Les photographies qui le compose son d'origine privée pour 90%. Une partie d'entre-elle a été en partie présentée dans les publications figurant en annexe. Une autre, de l'ordre de 100 000 clichés, demeure inédite. Nous entendons, articuler notre thèse autour d'une problématique centrée sur l'apport à la connaissance de l'étude d'un fonds photographique particulier et particulièrement important, en volume comme en qualité, en mettant en avant son originalité comme ses limites. Pour ce faire nous envisageons d'organiser notre travail autour des principaux thèmes suivants : - Conditions dans lesquelles ce fonds à été constitué - Elaboration d'une méthodologie d'utilisation des photographies - Mise au point d'outils de recherche adaptés à la spécificité du fonds - Interprétation d'une représentation en termes de connaissances nouvelles sur l'émigration russe. Inscrite dans le champ de l'histoire de la Russie, en général, et de l'émigration russe, en particulier, notre démarche entend donc non seulement revisiter l'histoire de l'exil russe des années 1917 1947, mais également ramener une approche esthétique dans l'étude des photographies faisant partie du corpus. Des essais comparatifs seront menés sur la façon dont la lutte contre la dénationalisation était menée dans différents pays d'Europe. Le sujet de cette thèse est à la confluence de l'histoire de l'émigration russe en Europe et en France, de l'histoire culturelle (l'histoire des émotions, puisque tout exil entraine un sentiment de la nostalgie et un questionnement sur soi-même) et de l'art photographique. Ceci apportera donc, nous l'espérons bien, de l'originalité à notre recherche, qui on peut aussi appeler pionnière. À l'exception des mémoires des émigrés russes, notamment des écrivains et des artistes, la figure de l'enfant émigré russe en France reste aujourd'hui peu explorée (C. Gousseff). Même si de nombreux articles et ouvrages relatent l'histoire de l'émigration russe (Strouve N., Gorboff M., Delage J.), il n'existe également pas de travaux consacrés à l'iconographie de l'exil russe, et nous tâcherons de continuer à combler ce vide. Conditions dans lesquelles ce fonds à été constitué et objectif de sa conservation Le fonds de photographies, tel qu'il existe aujourd'hui est le résultat d'une recherche lente et méthodique entreprise en France il y a trente ans auprès des émigrés russes des différentes générations. Il a permis de recueillir des photographies en très grand nombre en raison des liens de confiance qui se sont établis entre les donateurs et l'auteur. Ces liens se sont établis sur une idée principale celle de constitution d'un fonds qui préserve et valorise la mémoire de l'émigration en dehors de toute visée lucrative. Techniquement, la constitution du fonds été réalisée à travers la mise en uvre d'un processus archivistique classique de recueil, conservation, valorisation. Cette méthode, associée aux liens de confiance établis avec les détenteurs des fonds a permis d'identifier et de recevoir des fonds privés inconnus, originaux et inédits. Il en va ainsi du fonds du vice-consul de Thessalonique Serge Klimenko . Ce fonds initial, au-delà de sa constitution et de son interprétation sui generis, permet également une comparaison fort intéressante avec les différents fonds officiels, français, russes ou soviétiques qui méritera d'être effectuée dans le cadre de notre travail de recherche. Il constitue enfin un ensemble patrimonial cohérent qui participe à la préservation d'émigration russe dont il est un témoin direct que les années ne peuvent altérer aussi longtemps qu'il demeure bien conservé et que les historiens pourront continuer à étudier avec des approches renouvelées. Élaboration d'une méthodologie d'utilisation des photographies Une fois les archives photographiques recueillies auprès de leurs détenteurs privés nous avons entrepris de les conserver, au sens matériel du terme en en effectuant une numérisation de haute qualité. L'objectif est ici double. Il s'agit dans un premier temps de préserver les originaux afin d'éviter leur détérioration physique. La numérisation de haute qualité permet ensuite de disposer d'un matériau numérique sur lequel il est possible de travailler en termes de restauration et de classements croisés afin de reconstituer des cohérences que les mémoires familiales avaient dispersées La réorganisation numérique des fonds apparaît ici comme un moment essentiel de notre recherche dans la mesure où elle permet de recréer de la cohérence là où le temps, l'émigration, la dispersion des hommes et des femmes avait créé de l'éparpillement. - Mise au point d'outils de recherche adaptés à la spécificité du fonds L'utilisation judicieuse de ce fonds impose un recours systématique à l'identification des clichés en termes géographique, chronologique et humain. Notre connaissance de la période, des personnes et des lieux concernés nous est ici très utile. Elle est complétée par les témoignages des détenteurs initiaux des fonds photographiques auxquels nous avons eu recours dès l'origine. L'ensemble est complété par l'utilisation de logiciels de reconnaissance faciale qui nous permettent par des croisements inédits d'identifier des personnages non pas par souci d'érudition mais par nécessité de compréhension puis d'interprétation. - Interprétation d'une représentation en termes de connaissances nouvelles sur l'émigration russe Les phases méthodologiques de classement et d'identification réalisées il s'agit pour nous de réaliser une interprétation si ce n'est nouvelle du moins décalé de l'émigration. En effet nous considérons que le fonds que nous avons constitué représente une forme « d'échantillon fermé » cohérent qui autorise une réflexion adaptée. Nous pensons également y ajouter, chaque fois que cela est possible, le fruit de nos recherches concernant les photographes dont plusieurs nous sont connus. Il s'agira ici également pour nous de nous intéresser et de nous interroger sur les limites de cette démarche afin d'éviter une surinterprétation de notre corpus. L'ensemble du processus permet de préserver un patrimoine : - qui est en danger car si les photos ne sont pas préservées elles sont appelées à disparaître mécaniquement par l'usure du temps ; - qui représente une forme de témoignage ultime sur une société qui n'est plus et dont la mémoire demeure au lieu de disparaître. Corpus, problématiques et cheminement Cette thèse sera composée de 10 chapitres consacrés, chacun, à de différents « aspects » culturels, historiques et sociaux de l'émigration russe en France entre 1917 et 1947. Nous voudrions présenter ici les résumés des chapitres « Russes dans le camp de Compiègne » et « Enfants russes en exil ». - Russes dans le camp de Compiègne Ce chapitre permettra de présenter et d'analyser des photographies autours des Russes internés dans le camp de Compiègne dans les années 1940. Elles sont d'ailleurs d'autant intéressantes à observer et à analyser qu'elles sont tout autant uniques par leur nature et intemporelle par l'esprit qui les anime. Il s'agit d'un thème peu étudié en France et totalement inconnu en Russie. Il présente pourtant un intérêt notoire dans la mesure où il est consacré à une résistance originale, elle des Russes émigrés, qui s'opposent au régime nazi et se trouvent en conséquence incarcérés dans le camp d'internement de Royallieu à Compiègne. Résistants au bolchevisme dans leur pays d'origine, ces Russes, en fait des ressortissants des nombreuses nationalités composant l'empire russe, se sont retrouvés en France en tant que réfugiés et souvent d'apatrides après la Première Guerre mondiale. Puis lors de la Seconde, ils ont été internés par les Allemands dans le Frontstalag 122 car considérés comme potentiellement dangereux à partir de l'invasion de l'URSS en juin 1941. Grâce à leurs activités sociales et culturels, ils ont réussi à résister au quotidien, ont refusé le train-train de la vie dans le camp, puis ont souvent, lorsque les Allemands les ont relâchés, prix le chemin d'une autre résistance, active dans les rangs de la Résistance française La réflexion sera articulée autour des trois questions suivantes : Qui sont-ils ? Que représentent-ils ? Qu'ont-ils fait ? La conception d'un catalogue d'exposition et l'organisation d'une série de conférences et de workshops est également prévues, si la prime m'est attribuée sur l'année. Qui sont-ils ? C'est à Royallieu, un faubourg de Compiègne, dans une ancienne caserne militaire construite en 1913, que les Allemands ont établi le principal camp du Frontstalag 122. Le camp de Royallieu reçoit ses premiers internés « russes » le 22 juin 1941, après les mesures d'internement décidées par les Allemands à la suite du déclenchement de la guerre germano-soviétique. Il s'agit, tout d'abord, des personnes soupçonnées d'avoir combattu conte les Allemands pendant la Grande Guerre et qui pouvaient potentiellement rejoindre les rangs de la résistance française. Mais parmi ces internés se trouvent également les chefs ou les membres des organisations des jeunes Russes en France (Sokols, Vitiaz) susceptibles eux aussi de se joindre à la résistance. Il y avait également parmi eux des sympathisants communistes « potentiellement dangereux ». Pourquoi ce groupe social est-il intéressant à étudier ? Parce que les Allemands catégorisent comme « résistants » et « dangereux » des hommes d'influence russes, notamment, des représentants de l'élite intellectuelle et franc-maçonne : scientifiques, hommes d'église, des philosophes, artistes (photographes, peintres, etc.). Il faut également noter que ces « Russes » internés à Royallieu représentent une diaspora russe en miniature à l'image mosaïque de l'émigration russe de l'entre-deux-guerres qui comprend non seulement les Russes d'origine mais aussi toute personne russophone, ancien sujet de l'Empire russe (Ukrainiens, Caucasiens, Juifs ). Ce qui permet de mettre en évidence la dimension plurielle d'une résistance à l'oppression et au nazisme qui fait fi des origines, des nationalités et des religions au seul nom de l'humanité. Le chapitre permettra également aborder la question permanente de l'immigration, de l'implication des étrangers dans la résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance culturelle et religieuse (contre la dénationalisation, la perte de foi et des traumatismes) à travers les uvres photographiques et picturales réalisées au camp. À cette étape, mon objectif est d'identifier les personnes qui figurent sur les photos qui se trouvent dans ma possession, ainsi que d'explorer les ressources photographiques de la région Hauts-de-France, ainsi que d'éventuels fonds privés à identifier, afin de dresser les portraits des internés (environ 200 personnes) entre juin 1941 et mars mai 1942. Que représentent-ils ? Le second objectif est de montrer la composition du corps social du Frontstalag 122 et d'évoquer, à travers les photographies et des objets en provenance de ce camp, cette « Russie mosaïque » en miniature, qui forme un vaste éventail de statuts sociaux, d'idéologies, d'intérêts intellectuels, de goûts, et qui se distingue non seulement à travers le rôle à jouer au sein de la communauté crée dans le camp, mais aussi à travers des projets culturels et des créations artistiques, qui ont contribué à la résistance morale et à la survie des détenus. Ainsi, à titre d'exemple, il est possible d'évoquer une chapelle qui fut aménagée dans le baraquement à l'initiative du père Dimitri Klépinine. Les détenus fabriquèrent de toutes pièces l'iconostase avec des tables et des bancs renversées contre les couchettes. Son épouse Tamara parvint même à lui transmettre un antimension. Les prisonniers du camp de Compiègne furent les derniers paroissiens de cet homme d'église russe orthodoxe (il sera canonisé en janvier 2004). « Quand nous n'étions pas délogés de notre cellule ce qui arrivait assez souvent nous célébrons chaque jour la liturgie et l'office du soir. Le père Dimitri nous incitait à nous confesser et à communier souvent : ces sacrements nous apporteraient un grand réconfort. Il regrettait de ne pas pouvoir venir en aide aux jeunes Soviétiques détenus à Compiègne la plupart évadés de différents camps nazis » (souvenirs des détenus). Des témoignages photographiques de la vie de Frontstalag 122 peuvent aussi être abordés d'une façon plus vaste : ce camp fait partie du réseau de lieux d'internement qui, pendant l'occupation de la France, ont servi de camps de transit pour la déportation de dizaines de milliers de personnes. Il détient le triste privilège d'avoir été l'un des principaux. Sur 139 000 déportés partis de France, 49 000 sont passés par Compiègne, dont à nouveau des Russes. Chaque catégorie de détenus avait son secteur. Le plus important et le plus stable était celui réservé aux détenus politiques, ils occupaient une douzaine de bâtiments. À côté des politiques, il y avait les détenus étrangers américains et russes -, internés dans des bâtiments spéciaux. Nous voudrions également nous pencher sur les documents photographiques qui évoquent le destin des personnalités qui ont dû passer par ce camp. Certains ont intégré la Résistance, d'autres ont continué sur la voie d'engagement social et humanitaire. Qu'ont-ils fait ? Le troisième et le dernier objectif est d'évoquer et de montrer les activités culturelles des Russes dans le camp, notamment des images de leurs performances artistiques (photos, dessins, peintures, représentations théâtrales), qui sont autant de témoignages vivants de leur résistance personnelle. Par exemple, de juin à septembre 1941, le groupe russe du camp de Compiègne donna des concerts au profit de tous les prisonniers. Tout ceci permet de questionner le concept même de résistance à travers l'expression artistique ainsi que la fonction de l'artiste et la place de l'art comme participants actifs à la survie de l'individu et du groupe. Ces artistes, vivent-ils et communiquent-ils des expériences différentes ? A travers quelles figures et quels procédés ? A travers quels sujets et problématiques mettent-ils en images leurs vécu et leurs conditions de détenus ? Autant de questionnements que nous avons l'intention d'approfondir. - Enfants russes en exil En évoquant la figure de l'émigré russe, adulte, nous étions constamment confrontés à la figure de l'enfant, qui, outre les difficultés dues à l'émigration, faisait souvent face (beaucoup plus qu'un adulte) à des problèmes identitaires. Étant persuadés que leur exil fut temporaire, les Russes, nostalgique de leur pays, déclinaient toute tentative d'assimilation. Afin de préserver, en exil, leur culture d'origine, à partir des années 1920, une lutte contre la dénationalisation a été engagée sur tout le territoire vaste de « la Russie en exil », c'est-à-dire dans tous les pays où les émigrés russes ont trouvé leur refuge . Et cela grâce à de nombreux organismes et cercles, grâce à l'église et la presse, mais surtout, grâce au réseau développé des écoles russes, puisque les enfants et les adolescents furent les premiers concernés. Selon les auteurs de l'ouvrage L'école russe à l'étranger : 1920 1924, les pays de l'Europe de l'Ouest ont accueilli, au début des années 1920, entre 18 000 et 20 000 enfants russes aussitôt scolarisés . Dans ce chapitre, nous voudrions retracer la vie des enfants émigrés russes dès Constantinople jusqu'à la France. Dans la lumière de la lutte contre la dénationalisation, nous souhaiterions étudier de près tous les domaines de leur vie : l'éducation, les loisirs, la vie associative, la vie culturelle, la vie quotidienne. Le thème des enfants en exil (qu'il s'agit de l'émigration russe ou toute autre) recouvre, aujourd'hui, un domaine d'intérêt récent et peu étudié. Dans le champ historique, la mise en examen des jeunes générations, comme celles qui font l'objet d'un investissement idéologique particulier, peut s'avérer fructueuse, mais c'est aussi un sujet difficile, car il est lié très étroitement au problème des sources. S'il est possible de reconstituer l'environnement des enfants, à l'aide, par exemple, des clichés photographiques, de reconstituer comment leur monde sociale et culturel a été configuré par l'exil, il est beaucoup plus difficile de saisir le regard que ses enfants ont porté sur leur vécu, la façon dont ils forgeaient leur identité. Les témoignages d'enfants, surtout, s'il s'agit de la période de l'entre-deux-guerres, constituent, une source rare. Il existe bien des journaux intimes, des lettres, des mémoires et essais scientifiques , voire des dessins, véritables ou stylisés , mais en nombre souvent réduit ou d'accès limité (archives privées). Dans ce chapitre, nous ferons appel aux sources photographiques (photographies professionnelles, d'amateur et images de presse), aux mémoires (voir la bibliographie indicative), mais aussi et surtout, à l'ensemble de 100 interviews-témoignages, qui se trouvent dans notre possession, et donnent la parole à ceux qui sont venus en France à l'âge très jeune, où qui y sont nés. Il s'agit des souvenir d'enfance de ceux viennent de toutes les régions de la Russie et qui ont vécu des expériences très diverses à travers toute l'Europe. L'environnement pluriculturel a façonné leur enfance, définit leurs repères, constitué la norme de leur existence. Comment donc ces enfants ont-ils perçu ce « passage » d'un pays à l'autre, d'une culture à l'autre ? Comment ont-ils défini leur identité ? Comment ont-ils « lutté » (ou non) contre la dénationalisation ? Que faisaient-ils pour préserver, en exil, leur culture d'origine ? Pour valider notre hypothèse qu'il a existé en Europe occidentale, et notamment en France, une forte résistance à l'assimilation, propre à la communauté russe, qui n'est jamais passée la frontière fragile de « l'émigré » à « l'immigré », nous procéderons à une analyse des textes, des interviews et des photographies faisant partie de notre corpus. Dans cette perspective, nous confectionnerons des grilles de lecture adaptées aux modes de signification propres à chaque support. Il s'agira de mettre au jour les modalités et les contextualisations de ces pratiques visuelles et de ces réappropriations. On s'intéressera ici aux liens tissés par les « textes » et leurs auteurs avec les différents contextes historiques, aussi bien russes que français, aux contraintes et intentions se rattachant aux identités sociales des différents interviewés, dans leur vie passée comme dans leur exil français. 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