La représentation de la pauvreté dans la poésie latine d'expression satirique à l'époque impériale.
Auteur / Autrice : | Anne-Line Joubert |
Direction : | Alexandre Grandazzi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études latines |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Edition, interprétation et traduction des textes anciens |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Nous nous proposons d'étudier dans le cadre de cette thèse la représentation de la pauvreté dans la poésie latine d'expression satirique à l'époque impériale, en prenant comme point de départ une description lexicologique. Il s'agira d'étudier cette question sous l'angle de ses enjeux sémantiques, littéraires et philosophiques afin d'aboutir à une étude diachronique des représentations. Le thème de la pauvreté est à la croisée de nombreuses questions : sémantiques, littéraires, économiques, sociales, culturelles, historiques, philosophiques, anthropologiques. Il est présent, fût-ce discrètement, dans tout le corpus des textes latins classiques à nous être parvenu, de Plaute aux auteurs chrétiens. Ce thème est toutefois plus particulièrement présent dans les textes à dimension satirique, en tant que ceux-ci, selon des lois du genre semblant remonter à la poésie iambique d'Archiloque ou d'Hipponax, accordent une plus grande part au réel, au contemporain, à la vie quotidienne, et impliquent en quelque sorte un regard sociologique. C'est encore plus net durant les deux premiers siècles de l'Empire, qui sont à ce titre une époque singulière : depuis la fin de la République, la société romaine et la perception que pouvaient en avoir ses membres ont été profondément modifiées par les transformations sociales, économiques et politique dues aux conquêtes puis à la mise en place d'un régime monarchique. Par ailleurs, depuis l'ouverture de Rome à l'hellénisme, les idées des écoles de pensée grecques telles que le cynisme, l'épicurisme et le stoïcisme, qui tenaient des discours sur la pauvreté et les richesses en incitant notamment à « faire pauvre », se sont répandues dans l'élite romaine. Les uvres latines d'expression satirique des deux premiers siècles de l'Empire offriront donc un support stimulant pour apporter une contribution à l'étude d'un thème sur lequel règne encore un certain « silence bibliographique » : la pauvreté dans le monde romain avant le Bas-Empire. Bien conscients que ces textes ont été écrits par et pour une élite sociale, nous gageons qu'ils sont tout de même une source documentaire non négligeable sur cette matière ne serait-ce que parce qu'ils répondent à une exigence de vraisemblance , surtout au regard de l'invisibilité encore plus forte de celle-ci dans le reste du corpus latin classique. Nous tenterons donc de poser la question de la définition de la pauvreté à Rome sous le Haut-Empire, à travers l'étude de sa représentation dans un corpus donné. Les textes seront étudiés séparément et comparés afin de distinguer constantes et évolutions dans le temps, divergences et convergences entre les auteurs, d'une part en analysant en détail les mots et images par lesquels la pauvreté est dite, mais aussi les objets, les lieux et figures dans lesquels elle est incarnée, tout en évaluant la part d'éléments topiques dans le tableau d'ensemble qui aura été ainsi dressé. D'autre part, il faudra se demander comment la représentation de la pauvreté et des pauvres s'articule au projet poétique dans les textes satiriques, et si l'on peut percevoir une évolution générique en lien avec des transformations économiques, sociales et politiques. Enfin, il sera nécessaire de prêter attention à la dimension idéologique de ces représentations, en les mettant en relation avec des questionnements politiques et philosophiques de leur époque.