Le rôle du langage dans le délire - Etudes sur la parole délirante chez le sujet moderne
Auteur / Autrice : | Johan Jensen |
Direction : | Gilles Siouffi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Linguistique |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sens, texte, informatique, histoire (Paris ; 2010-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le diagnostic du psychotique se fonde sur la présence de « idées délirantes », et il s'agit effectivement d'un diagnostic qui repose sur une évaluation linguistique. Partant, le délire interroge le mot. La question qui est posée avec cette thèse est : comment est-ce que le délire travaille le langage, et pourquoi les mots sont-ils la matière première de la psychose ? Le lien entre langage et psyché a été, depuis les travaux de Freud, quelque peu effacé, et les sciences du langage et la psychiatrie avancent désormais sans se croiser. Il nous incombe ainsi d'estimer, dans un premier temps, la pertinence du lien délire-langage, et de justifier notre approche transdisciplinaire. Ensuite, de montrer le fonctionnement du délire comme quelque chose qui interroge le langage. Il s'agit pour nous d'indiquer les marqueurs stylistiques et linguistiques du délire. Pour les questions stylistiques, le délire a été travaillé en littérature par des auteurs en proie à la psychose. Nous souhaitons décrire le style délirant à partir de textes littéraires, surtout Aurélia de Gerard de Nerval, et notre lecture suggère que son style est proprement délirant. En stylistique, nous regardons de près la métaphore et la métonymie, car ce sont pour nous les indices du délire, et elles se rapportent au Nom du Père. Nous comparons le discours littéraire de Nerval au corpus de discours proprement délirant que nous avons enregistrés à L'Établissement Public de Santé Ville-Évrard. Cette thèse aborde ensuite la question de l'Autre. Cette question est traitée à partir du corpus de discours délirants. Nous abordons initialement ce corpus avec les outils de l'analyse du discours, en estimant la relation qui se fait entendre dans le discours délirant entre le « Je » et l'« Autre ». Ensuite, nous traitons le discours délirant comme de la structure. Il s'agit de montrer ici que le délire établit une distance à l'Autre par le rétablissement de la relation diacritique entre signes. Le traitement du délire comme de la structure se fonde sur une méthode déductive, où le signe délirant est perçu comme issu du système délirant global. Tout le long de notre travail, la théorie des signes fournit les outils pour analyser nos observations sur le délire. En dernier lieu, c'est aussi à une estimation du rôle des signes dans la constitution du sujet que nous aboutissons.