Le naturel et la morale chez Rousseau : une lecture philosophique et anthropologique des Rêveries du promeneur solitaire
Auteur / Autrice : | Sze man Hung |
Direction : | Christophe Martin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 24/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....) |
Résumé
Dans les Rêveries, il semble que Rousseau choisit un état naturel détaché de la société et du devoir, où il n'a que soi-même et n'est bon que pour soi-même comme l'homme sauvage. Mais nous voudrions souligner que ce naturalisme radicalement contre devoir est seulement une concession ou un dédommagement et non la réponse définitive. En tant qu'exemple contradictoire, Rousseau montre à tous avec ses rêveries de diverses formes (contemplation, imagination, extase...) comment choisir en fonction de son naturel et de sa situation sociale. C'est pourquoi il faut distinguer Rousseau, un homme moderne qui hésite et choisit, de Jean-Jacques, un homme naturel en tant qu'option pour Rousseau. D'une part, cet état naturel dépend de la critique sociale, de la connaissance de l'homme et de la « puissance de vouloir ou plutôt de choisir », ce qui le rend différent et éloigné de celui prérationnel et amoral de l'homme sauvage. D'autre part, bien que ce solitaire déclare qu'il a « retrouvé la paix de l'âme et presque la félicité » dans ses dernières années, nous pourrons noter que dans sa tête et son cur hantent toujours des réflexions sur le devoir et des soins pour la félicité publique, et que sa résignation sont encore entrecoupés d'oscillations et d'hésitations. Toutes ces preuves suggèrent que Rousseau lui-même est incapable de se réduire ou se dépouiller complètement à Jean-Jacques, et nous prouverons que c'est parce que le devoir et la félicité publique sont tous contenus dans son inclination et son bonheur irréductibles. Nous devrions nous rappeler que le choix de Rousseau est en fait de choisir ce qu'il faut abandonner, pas ce qu'il veut. Différente des discussions sur la moralité dans d'autres ouvrages s'appuyant principalement sur la notion de volonté ou de liberté, celle dans les Rêveries sont davantage focalisées sur des signes d'inclination et le problème du bonheur, qui constituent les deux principes les plus explicites de l'état naturel. Le but est à la fois d'un homme qui ne fait que ce qu'il aime faire en suivant ses penchants, et d'un bienfaiteur avec son bienfait « purement gratuit » cette simultanéité doit être garantie par trois conditions : l'hypothèse philosophique de la bonté naturelle, la réduction introspective du naturel, et la libération morale du naturel. La seconde en tant qu'une des composantes de la première (et les Rêveries des tous uvres) a été remplie par Rousseau, mais la troisième est au-dessus de sa puissance et de ses moyens. Ce déséquilibre entre la bienveillance et le bienfait trouve ses origines dans la discordance entre le bien qu'il veut et celui que la société attende de lui, à savoir entre l'être et l'apparence, celle qui se distingue de l'opposition entre la nature et la moralité étant plutôt un cadre de discussion qu'une position idéologique. Pour toutes ces raisons, nous espérons prouver que Rousseau, dans cette méditation méthodique cartésienne et auto-enquête montanienne, poursuit le même but que l'éducation d'Émile : faire un homme intégral (non composé) à travers la moralisation de l'ordre naturel, ou l'autocentralisation de l'ordre moral, pour qu'il puisse être bon à la fois pour lui et pour autrui. Nous espérons trouver en outre un modèle d'éducation ou d'auto-éducation positive et développée au-delà de l'éducation négative et résistante, au lieu de faire un homme civil ou un homme naturel en le forçant « de combattre la nature ou les institutions sociales », nous visons à faire un homme moral en lui permettant de connaître et de libérer son propre naturel.