L'inscription du genre dans le roman dystopique de langue anglaise : langage, surveillance et genre
Auteur / Autrice : | Adèle-Rose Huignard |
Direction : | Frédéric Regard, Claire Wrobel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études anglophones |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Voix anglophones : Littérature et esthétique (Paris ; 2006-....) |
Résumé
Cette thèse se construit sur l'observation de la dystopie en lien avec trois piliers principaux la surveillance, le langage et le genre et sur les réseaux étroits qui relient ces concepts. La dystopie et la surveillance : Michel Foucault introduit le concept de panoptisme dans Surveiller et punir (1975). Fondée sur la prison panoptique de Jeremy Bentham, cette théorie renvoie à l'idée de placer l'individu sous un regard omniprésent mais invisible. Il s'agit d'un pouvoir discursif qui pénètre le langage et les pensées afin d'internaliser le contrôle. C'est ce même système d'observation que l'on retrouve dans les régimes dystopiques. Dans le premier volume d'Histoire de la sexualité (1976-1984) la Volonté de Savoir (1976) Foucault se concentre sur une autre notion : le biopouvoir qui s'exerce sur la vie et sur les corps afin de les transformer en outils. Les corps sont constamment observés (à travers le contrôle médical, des dispositifs légaux, le contrôle de l'alimentation ou de la sexualité) et régulés afin d'en assurer l'utilité. C'est cette alliance entre contrôle du corps et de l'esprit qui est au cur de l'étude des régimes dystopiques. La dystopie et le langage : Dans Idéologies et appareils idéologiques d'État (1970), Althusser explique que l'on devient sujet en répondant à une interpellation : on accepte ainsi l'identité que l'on nous assigne. Judith Butler reprend ce concept dans Excitable Speech : A Politics of the Performative (1997), pour présenter la possibilité d'une contre-interpellation : choisir de ne pas répondre à l'interpellation que l'on nous impose ou même se définir par une identité autre ou contraire. La dystopie montre comment le langage et son contrôle peuvent être utilisés à des fins d'assujettissement. Mais elle introduit également les possibilités de rébellion par la réappropriation du langage. La dystopie et le Genre : La dystopie isole ses sujets à travers le discours qui définit, catégorise et mène à l'intériorisation de ces schémas. Or, le langage, arme de surveillance commune à tous les régimes dystopiques, est également un outil indispensable de la définition de Genre. Ainsi, le Genre et ses redéfinitions occupent une place importante aussi bien dans le contrôle que dans la rébellion au sein d'intrigues dystopiques. Langage, surveillance et Genre n'ont toutefois pas encore été associés dans une même étude et la littérature dystopique est peu utilisée dans les Surveillance Studies malgré son approche des questions de surveillance contemporaines. De plus, la dimension genrée de la surveillance reste encore trop peu étudiée tout comme les questions d'opposition et de rébellion face à la surveillance. L'étude de ces trois piliers et de leurs liens dans la dystopie soulève également la question de l'intersectionnalité. Cette théorie interdisciplinaire vise à analyser la complexité du Soi et de la construction d'une identité en examinant les différents éléments (sociaux, culturels, genrés, politiques...) qui constituent un tout, un sujet. Parce que le pouvoir de l'État se caractérise par le contrôle des multiples facettes qui composent un sujet, à la fois corps et esprit, l'étude des interactions entre ces diverses dimensions paraît nécessaire. Cette recherche se base sur un corpus de quatre romans dystopiques britanniques ainsi que sur les deux romans de l'univers de The Handmaid's Tale de l'autrice canadienne Margaret Atwood. Les romans proviennent des XXème et XXIème siècles afin de montrer une évolution du traitement des questions de Genre dans la littérature en parallèle des évolutions sociétales. La métatextualité de l'écriture et de la narration par la présence d'écrits et de littérature au sein même des intrigues constitue une autre caractéristique des uvres du corpus. La problématique sur laquelle repose cette thèse est la suivante : Comment la dystopie instrumentalise-t-elle la définition du Genre par le langage pour en faire un moyen de surveillance, de contrôle et de rébellion ?