Le Geste et le Verbe. Jean-Louis Barrault metteur en scène de Claudel.
Auteur / Autrice : | Chiara Guillot |
Direction : | Florence Naugrette, Marianne Bouchardon |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Il nous paraît primordial de proposer une étude complète sur les mises en scène de Claudel par Jean-Louis Barrault. Ce dernier n'est pas n'importe quel metteur en scène, quand il donne matière aux drames claudéliens, il accomplit un projet esthétique commun avec celui qu'il appelle son « maître ». La confiance accordée à Barrault était non seulement de l'ordre d'une entente entre deux hommes de théâtre mais aussi d'une confiance vis-à-vis de la compréhension intime de l'uvre si l'on en croit cette anecdote rapportée par Barrault : « Quelquefois, il lui est arrivé de me dire : Écoutez, écrivez la phrase, vous me connaissez bien ! Il n'était pas du tout à cheval sur les points-virgules, la syntaxe et tout ça ... » . S'il est sûr que ce n'est pas pour la rigueur syntaxique que Claudel accordait sa confiance à Barrault, ce travail à quatre mains montre que sa manière de donner une matière aux deux drames, si elle était imparfaite, ne trahissait pas la vision de Claudel. Nous chercherons à rendre compte de cette recherche esthétique commune : la création d'un théâtre de l'invisible. Le projet est paradoxal. Il s'agit de donner naissance à un théâtre qui se dématérialise sur scène, qui donne à voir sa propre disparition. Dans ses quatorze mises en scène de Claudel, Barrault reconduit la mort du théâtre. L'espace scénique claudélien est consubstantiel de cet élan qui mène à la « délivrance aux âmes captives », il est donc tendu vers sa propre disparition. Coupes, difficultés impossibilités techniques, limitations spatiales, décors irréalisables : mettre en scène l'espace claudélien, c'est faire l'expérience de cet impossible et de la limitation de la matière. Mettre en scène cet espace, c'est accepter que s'il n'est pas possible de donner à voir l'étendue immatérielle, il en va de même pour ses manifestations au sein de l'espace matériel représenté. Il est facile de représenter la mort du théâtre, Barrault n'est ni le premier ni le dernier à la mettre en scène ; nous chercherons à montrer comment il parvient à en faire une expérience positive qui, loin de dénigrer la scène, la sublime et la légitime. Le texte théâtral seul ne peut rien. La scène est le lieu idéal pour faire vivre la confrontation de l'homme et son espace dans une perspective anagogique. Elle est le lieu où les corps des comédiens, l'espace de la scène et de la salle constituent autant de contraintes et d'outils créatifs inestimables. L'enjeu de notre étude n'est ni de faire une compilation d'anecdotes de coulisses ni de proposer une analyse tirant tellement sur les concepts qu'elle taxidermise la mise en scène en en faisant un objet théorique dévitalisé. Il nous faut trouver le juste milieu entre le Geste et le Verbe. Étudier les mises en scènes de Barrault nécessitera donc une perspective esthétique, historique et technique. Les deux derniers aspects sont essentiels : pour être cohérent avec cette vision de la scène, nous ne voulons pas l'étudier seulement en tant que création. Il est nécessaire de décortiquer le processus créatif comme labor. Un labor entre créateurs, un labor face aux circonstances et un labor face aux contraintes techniques de l'adaptation.