Que requiert l'état épistémique de compréhension?
Auteur / Autrice : | Rayan Geha |
Direction : | Jean-Baptiste Rauzy |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2020 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sciences, Normes, Démocratie (Paris ; 2018-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le but de ma thèse est de déterminer les réquisits de la compréhension conçue en tant qu'état épistémique distinct de la connaissance et la croyance, un état épistémique dont l'objet est un ensemble de propositions vraies ou fausses, telle qu'une théorie, un discours ou un récit. Les épistémologues se sont longtemps intéressées à la connaissance et la croyance et n'ont que récemment tourné leur attention vers la compréhension. Par conséquent, cette notion a souvent été confondue avec ces états épistémiques plus clairement délimités. Elle a tantôt été pensée comme un état épistémique factif apparenté à la connaissance, voire même un genre de connaissance, et tantôt un état non factif apparenté à la croyance. Or, contrairement à la connaissance, la compréhension n'est clairement pas factive puisqu'il est possible de comprendre une théorie fausse et, contrairement à la croyance, il n'est pas requis de penser cette théorie comme vraie ou l'accepter comme vraie pour ce faire. De plus, il est possible de mal comprendre alors qu'on ne peut pas mal croire'. En effet, dans des situations de communication ordinaires un auditeur est capable de comprendre ce que dit un locuteur même quand il dit quelque chose de faux, et pourrait ne pas comprendre ou mal comprendre cet énoncé faux. Dans ce cas, l'échec de la compréhension, donc de la communication, ne se situerait pas au niveau de la valeur de vérité de l'énoncé, mais au niveau de l'auditeur qui pourrait, par exemple, ne pas savoir que ce que locuteur dit est vrai dans sa représentation de la situation. Ainsi la compréhension porte non pas sur les faits du monde, mais sur une représentation (ou des représentations) que le sujet doit saisir correctement pour comprendre ce qui est dit. En d'autres termes, un sujet comprend une proposition p, s'il connaît les propositions de l'ensemble auquel p appartient et saisit le lien entre p et les propositions de cet ensemble. Mon travail consiste à tracer les contours de cette attitude propositionnelle indifférente à la vérité de son objet, concernée par la représentation de faits et qui requiert la saisie des liens de cohérence qui relient ces propositions formant la représentation, la théorie, le discours ou le récit. Le projet est divisé en trois axes: (1) la question de la factivité de la compréhension (si la compréhension n'est pas factive, sur quelle(s) base(s), si ce n'est la vérité, peut-on distinguer comprendre et ne pas comprendre? Quelle est sa relation aux autres états épistémiques, notamment la connaissance et la croyance?), (2) celle des liens qui relient l'ensemble de propositions sur lequel porte la compréhension (quels liens unissent, délimitent et rendent cohérente une représentation? Comment déterminer ce que doit savoir un sujet à propos de la représentation pour saisir ces liens et comprendre ce qui est dit?), et (3) la question de l'assimilation d'informations (la compréhension est-elle uniforme, au sens où un même ensemble de propositions serait compris de la même façon par tous les sujets? Ou peut-elle prendre des formes différentes selon les croyances et connaissances préalables de ces sujets? Ces acquis filtrent-ils ou transforment-ils les informations reçues? Si, dans les cas de communication ordinaire, pour comprendre ce qui est dit il faut l'interpréter, ces croyances et connaissances préalables interviennent-elles dans la réception du contenu communiqué?).