Les marchands merciers parisiens entre la Ville et la Cour, de la Régence à la Révolution française
Auteur / Autrice : | Défendin Detard |
Direction : | Christine Gouzi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Histoire de l’art et archéologie (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre André-Chastel (Paris ; 2004-....) |
Mots clés
Résumé
Remontant au XIIIe siècle, la corporation des marchands merciers est l'une des plus anciennes et des plus puissantes corporations parisiennes. Au début du XVIIIe siècle, ses principaux représentants occupent les quartiers du centre de Paris autour des rues de la Monnaie et Saint-Honoré devenues le cur du commerce du luxe parisien (arts décoratifs, édition, modes). À partir du retour de la Cour à Paris en 1715 et de l'installation du Régent dans l'enceinte du Palais-Royal, ces quartiers sont en plein essor et les marchands merciers connaissent un succès grandissant. Des débuts de la Régence jusqu'aux évolutions stylistiques des années 1780 en passant par le retour du roi Louis XV à Versailles en 1722, l'aller et retour entre la Cour et la Ville modifie aussi les rapports entre la Cour et les marchands merciers parisiens dont les boutiques deviennent le théâtre des tendances. Leur activité est connue par les travaux de recherche de Stéphane Castelluccio (2014) dont l'ouvrage porte, néanmoins, sur le XVIIe siècle, et par la thèse de Thibaut Wolvesperges (1998) portant toutefois sur un seul type d'objet d'art, le meuble en laque. La monographie consacrée au marchand Edme-François Gersaint par G. Glorieux (2002) est une étape importante de l'historiographie récente sur le marché de l'art à Paris pour la première moitié du XVIIIe siècle. Mais pour l'ensemble de ce siècle, seule l'étude anglaise, maintenant ancienne, de Carolyn Sargentson (1999) brosse le portrait de certains marchands et de leurs stratégies économiques, en s'intéressant néanmoins aux merciers de mode, qui ne seront pas présents dans ce projet de thèse consacré aux objets d'art décoratifs et à la décoration des intérieurs privés. Or, cette période correspond à un moment charnière de l'histoire des arts décoratifs en France et en Europe, tant en termes de renouvellement stylistique que de matériaux comme la diffusion de la porcelaine européenne de Meissen ou de Vincennes/Sèvres. L'analyse du rôle des marchands merciers dans la diffusion des modèles, dans la réalisation et l'enjolivement de certains objets mais aussi dans la décoration intérieure des appartements tant à la Cour, de Versailles à Paris, qu'auprès d'une clientèle en quête de luxe ou de reconnaissance sociale reste donc à écrire. Ce projet de thèse s'inscrit donc dans les réflexions portant sur le statut du mercier comme créateur ou inspirateur, statut qui n'est pas encore assez reconnu comme tel dans les études d'histoire de l'art. Les découvertes récentes sur le marchand mercier Lazare Duvaux menées par nos soins en Master 2 (2020-2021) amènent en effet à réévaluer la place du marchand mercier dans le processus de fabrication et de diffusion des objets d'arts. Dans le cadre de l'essor de la consommation de luxe (Anne Perrin Khelissa, 2020) liée à une « culture des apparences » (Daniel Roche, 1989), cette thèse a pour objet d'étudier le rôle et la place des marchands merciers dans la société d'artistes/artisans du XVIIIe siècle. Par le croisement des sources autant que par une vue panoptique entre histoire de l'art et histoire socio-économique, cette thèse proposera un dictionnaire des marchands merciers parisiens du XVIIIe siècle servant de base à une étude précise de leur rôle dans la diffusion des techniques, des objets et des matériaux nouveaux servant au décor des intérieurs parisiens de la Régence jusqu'à la fin des années 1780. Leur place entre les artistes/artisans d'une part et leur clientèle d'autre part sera interprétée, à partir de certains cas d'étude.