L'inquiétude chez Kierkegaard
Auteur / Autrice : | Jeanne Delamarre |
Direction : | Emmanuel Cattin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Métaphysique, histoires, transformations, actualité (Paris ; 2002-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Étudier Kierkegaard à travers le concept d'inquiétude c'est choisir d'adopter sur sa philosophie une perspective fondée sur un concept qui certes n'apparaît pas comme tel dans les oeuvres de Kierkegaard, mais qui cependant innerve toute sa pensée en même temps qu'elle l'ancre dans une tradition qui va de Platon à Hegel en passant par Saint Augustin. Le concept d'inquiétude paraît bien convenir à la pensée de Kierkegaard, pensée qui ne saurait être distinguée de son aspect existentiel et c'est d'ailleurs tout autant la pensée que l'existence chez Kierkegaard qui sont animées par un mouvement inquiet de l'esprit, mouvement qui se révèle vertueux quand il s'agit de nous sortir d'une existence inauthentique mais qui n'en est pas moins insupportable parce que tout entier pétri de contradiction. L'inquiétude renvoie à ce sentiment douloureux qui nous incite à refuser la rationalité ou encore la chrétienté, malgré les attraits du confort qu'elles proposent chacune à sa manière. L'inquiétude semble donc bien qualifier nécessairement l'existence humaine de l'individu, du moins de celui qui ne renonce pas à être lui-même et à vivre en vérité, tant il est vrai que cet affect possède une vertu critique et révélatrice. Ce chemin existentiel se déploie dès lors dans une atmosphère constamment inquiète que l'on retrouve au travers des concepts de scandale, de paradoxe, d'angoisse et de désespoir. Ainsi, penser, exister tout autant que croire supposent d'en passer par l'inquiétude. L'enjeu est alors de savoir de quelle manière cette inquiétude se propage dans les catégories de l'existence. L'inquiétude est un concept qui est de l'ordre de l'affect: elle s'oppose à l'abstraction comme au système. Il s'agira donc également de questionner la production de concepts spécifique à Kierkegaard et de montrer comment l'inquiétude en est le principe générateur à même de saisir le réel dans sa sinuosité. L'inquiétude relève d'une pratique de la négativité chez Kierkegaard et semble indissociable d'une pensée véritable, là où une pensée qui prétendrait en avoir fini avec l'inquiétude serait une pensée qui s'égare ou qui ne pense plus. Chez Kierkegaard, nous nous demanderons donc comment la philosophie peut s'exercer parfois contre elle-même. Quelle est alors la dialectique propre à Kierkegaard et comment prétend-elle éviter les écueils d'une dialectique hégélienne à laquelle il reproche de ne faire que semblant de penser, parce que la fin est toujours assurée, dialectique qui ne prend pas le risque de l'inquiétude? L'examen du concept de dialectique existentielle nous permettra de mettre en perspective des méthodes de pensée, mais aussi des rapports différents à l'existence chez Hegel et chez Kierkegaard. L'enjeu consiste à tendre le rapport entre inquiétude et réconciliation. Faudra-t-il espérer cette réconciliation dans la foi, si la pensée ne peut l'offrir? Mais la foi même permet-elle cette réconciliation? Offre-t-elle une résolution à l'inquiétude? Nous interrogerons l'inquiétude propre à la foi, puisque croire ne nous épargne pas l'effroi ni le martyre. Il faudra mettre enfin à jour le rôle de la philosophie qui pourrait bien être un aiguillon, celui de l'inquiétude de la foi.