Thèse en cours

Au-delà de l'écriture plate : pour une poétique ernausienne. Essai de chronogénèse stylistique.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Clara Cini
Direction : Jacques Dürrenmatt
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langue française
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sens, texte, informatique, histoire (Paris ; 2010-....)

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Malgré l'ambiguïté saisissante d'une telle formulation, l'écriture d'Annie Ernaux a été rapidement, peut-être trop rapidement, classée parmi ce que Roland Barthes nomma le premier « écriture blanche ». Au moyen de cette catégorie, le critique analysait l'écriture de L'Étranger d'Albert Camus et son esthétique du dépouillement, selon un style qui, finalement, n'en serait pas un, du côté du « neutre » et du « transparent », d'où ce paradigme de la blancheur – et le succès théorique que l'on lui connaît. Or, c'est sous ce prisme qu'une grande partie de la recherche s'est située afin d'examiner l'écriture la plus récente d'Annie Ernaux, suivant par-là, logiquement pourrait-on dire, les indications données par l'autrice elle-même lorsqu'elle explique devoir refuser « les délices de la métaphore » afin de rester fidèle à son propos, à son milieu, et ne pas créer une forme de connivence avec son lecteur face aux êtres qu'elle décrit. Ainsi, de l'écriture « plate » revendiquée par l'autrice à l'écriture « blanche », il n'y aurait, semble-t-il, qu'un pas. Pourtant, véritable écran de fumée, la superposition de ces deux catégories demeure imparfaite et empêche une étude fine du style, et de l'évolution du style, de l'autrice. Tout se passe comme si la revendication d'un style au plus près de la réalité sociologique signifiait une absence de style et qu'il n'était pas nécessaire de se pencher sur la richesse d'une telle langue, mêlant, tout particulièrement dans ses premières œuvres, argot, patois (normand, suisse), néologismes, incorrections exacerbant idiolecte et sociolecte dans le même geste. Sous forme de chronogénèse, cette thèse propose ainsi la première analyse stylistique d'ensemble de l'œuvre d'Annie Ernaux, oscillant entre permanence et variations. Nous étudierons donc, d'une part, les motifs et incessants retours opérés au fur et à mesure des textes qui parfois se dédoublent et, d'autre part, les ruptures et ajustements du style de cette autrice aux multiples influences. Nous interrogerons sans cesse cette « écriture plate » dont se réclame l'autrice à partir de La Place. Si le refus d'esthétisation constitue un postulat de départ, à mi-chemin entre le sociologique et le littéraire, il nous semble que cet horizon théorique vient continuellement être fragilisé par le texte lui-même qui ne peut jamais être entièrement neutre. Cette chronogénèse permettra ainsi de définir une poétique ernausienne, dans toute sa singularité.