Thèse en cours

Genre et féminisme(s) en Mongolie

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Auteur / Autrice : Eléa Boënnec
Direction : Gaëlle Lacaze
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Géographie politique, économique, sociale et culturelle
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2020
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : Géographie de Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : MÉDIATIONS Sciences des lieux, sciences des liens

Mots clés

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Résumé

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Dans les sociétés post-soviétiques d'Asie centrale, le féminisme fait débat. Pour certain-e-s, il est une menace pour les traditions et l'équilibre social fondé sur le patriarcat, et souvent perçu comme une importation occidentale. D'autres encore sont convaincus par le mythes de « l'égalité-déjà-là » (Delphy 2001), apportée par le projet soviétique de « libération des femmes » (Behzadi et Direnberger 2020; Mattei 2022). De nombreuses recherches relatives aux changements d'attitudes à l'égard des questions de genre – controversées –, de sexualité et du féminisme dans la région Asie pacifique ont aussi été publiées (Mayfair 1999; Xu 2003; Xiaojiang et John 2005; Kitagawa 2009; Bulbeck 2009; Lévy 2012; Galmiche 2017; Wu et Dong 2019). De manière générale, depuis quelques années, les revendications féministes asiatiques semblent ainsi converger autour des questions liées à la fragmentation identitaire et aux injonctions contradictoires qu'y vivent les femmes (Xu 2003; Lacaze 2017; Chujo 2018). A la charnière de ces deux ensembles géographiques, les recherches sur les mouvements de femmes et le féminisme en Mongolie manquent encore de visibilité. Pourtant, les femmes mongoles sont également prises dans un paradoxe identitaire largement issu de la transition de 1992, caractérisée par l'introduction brutale des idéologies néo-libérales et capitalistes après 70 ans de soviétisme. Les traditions nomades et le discours socialiste égalitaire y sont aujourd'hui confrontés à la recrudescence du sentiment nationaliste, d'une forte domination masculine ainsi que d'une idéologie patriarcale et androcentrée (Billé 2010; 2014; 2015; Lacaze 2013; 2017; Waters 2014). La Femme mongole contemporaine cristallise ces tensions en symbolisant tout à la fois la préservation des traditions et la modernité (Jarry-Omarova 2006; 2010; Waters 2014; Lacaze 2017). Si les femmes ont conscience de cette oppression et sont omniprésentes dans les associations et les luttes pour revendiquer leurs droits, le féminisme peine pourtant à s'enraciner en Mongolie. Les « mouvements de femmes » (Jarry-Omarova 2010) ont eu besoin de temps pour appréhender les notions et outils liés au genre (Tumursukh 2018), et à les intégrer à leurs luttes. En effet, il n'existe pas de terme vernaculaire mongol pour parler de féminisme, et si feminizm transféré de l'anglais existe, le sujet demeure aujourd'hui encore discret. Les mouvement de femmes lui préfèrent l'expression « droit d'égalité de genre » (genderijn tegš erh) introduite avec la démocratisation (Jarry-Omarova 2010). Cette absence de mouvement féministe mongol serait en partie due à l'impossibilité pour les citoyennes de s'identifier à un féminisme occidental qui ne prenne pas en compte les spécificités de l'expérience féminine mongole (ibid.). Néanmoins, les positionnements vis-à-vis du féminisme semblent se reconfigurer à travers la diversification des moyens de communication et une utilisation accrue des réseaux sociaux, en particulier Facebook, contribuant à transformer les normes de genre et à la création de nouveaux espaces d'expression des identités genrées (Dovchin 2019). En effet, dans un contexte de quête identitaire, la jeune génération (52.8% de la population du pays a moins de 30 ans ) adhère plus facilement à diversité culturelle et sociale rencontrée en partie via les plateformes numériques, ce qui laisse envisager une glocalisation des identités adhérant plus ou moins fortement aux idéologies féministes. Ainsi, l'objectif de cette étude est d'analyser les stratégies identitaires des femmes Mongoles au travers des reconfigurations discursives ; d'examiner l'influence des jeux d'échelles sur les dynamiques de pouvoir et sur les stratégies d'auto-détermination féminine ; et de comprendre le rôle des interactions virtuelles dans la formation de l'identité féminine et dans la perméabilité culturelle.