Paolo Mattia Doria, un moderne contrarié dans l'Italie des Lumières
Auteur / Autrice : | Martin Bernier |
Direction : | Jean-François Dunyach |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire moderne |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Histoire moderne et contemporaine |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Roland Mousnier |
Mots clés
Résumé
Contemporain de Giambattista Vico, détracteur du jeune Voltaire et critique acerbe des travaux de Descartes après s'en être fait le disciple, Paolo Mattia Doria (1667-1746) a marqué le premier XVIIIe siècle napolitain par son oeuvre hétéroclite, rassemblant tant des traités de science du gouvernement que des pamphlets scientifiques ou des ouvrages philosophiques. Dans un contexte de modernisation et de développement des sciences appliquées, physiques et mécaniques, il prend le contrepied des novatores menés par Celestino Galiani pour plaider en faveur d'un renouveau des études humanistes, mettant l'accent sur la métaphysique, l'histoire et la philosophie morale. L'enjeu de cette thèse est de proposer une biographie intellectuelle de ce moderne contrarié qui, de sa jeunesse génoise à sa mise au ban des cercles savants napolitains, a dessiné les contours d'une critique de la modernité en train d'advenir : la raison marchande dans la République de Gênes, le triomphe de la politique mercantile sous le règne de Louis XIV et la corruption morale des élites de la monarchie espagnole trouvent sous sa plume un contempteur féroce. Sa correspondance abondante souligne aussi l'importance de sa trajectoire individuelle dans la formation de ses idées ; son ascendance aristocratique déchue, ses liaisons avec les magistrats napolitains, ses différends avec les jésuites et les universitaires italiens nourrissent son oeuvre et forgent un récit des débats qui agitent l'Italie des Lumières. Aussi s'agit-il d'adopter une démarche d'histoire intellectuelle empruntant à la tradition internaliste d'histoire des idées, se concentrant sur ses écrits et ses influences, et à l'approche externaliste, s'attardant sur les sociabilités, les institutions et la culture dans lesquelles il s'inscrit.