Ethiques existentielles et ''existentialistes'' dans les oeuvres de Naguib Mahfouz, de Jean-Paul Sartre et de Juan Goytisolo
Auteur / Autrice : | Raouya Amrani boukhobza |
Direction : | Bernard Franco |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2017 Soutenance le 21/09/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en littérature comparée (Paris ; 1981-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'intitulé de notre sujet de thèse : Ethiques existentielles et ''existentialistes'' dans les uvres de Naguib Mahfouz, de Jean-Paul Sartre et de Juan Goytisolo nous conduit à une problématique faite de distinctions successives. La première distinction problématique essentielle est la distinction de la morale et de l'éthique. Au cur de cette première distinction apparaît à propos de l'éthique une différenciation entre éthique existentielle et éthique existentialiste ou « existentiale ». Enfin, notre problématique nous conduira à nous interroger sur les diverses pertinences d'une formule oxymorique qui résulte de l'étude approfondie des trois uvres comparées : l'organisation de l'incohérence. L'essentiel de notre travail portera sur l'articulation entre la superficie sociale apparemment ordonnée et l'incohérence réelle qui la soutient en profondeur. Le résultat conjoint de ces deux réalités constitue ce que nous appelons l'incohérence organisée. Une éthique, des éthiques (le pluriel vient naturellement sous la plume), représentent une certaine façon d'ordonner des valeurs qui ne sont pas directement et nécessairement morales. Toutes ces éthiques sont des orientations de vie qui ne contredisent pas la morale universelle au sens kantien mais constituent des espaces de liberté personnelle. Une éthique ''existentielle'' fait le tout d'une vie. Les trois auteurs dont nous faisons l'étude comparative appartiennent à des univers culturels passablement éloignés. Mahfouz, l'écrivain égyptien novateur, qui propose dans le temps court de l'instantané (les nouvelles) et le temps long de la narration romanesque un précipité de toutes les contradictions de la société égyptienne nassérienne et post-nassérienne, ne paraît avoir en commun avec Jean-Paul Sartre que le suivi d'études de philosophie complètes, l'un au Caire, l'autre à Paris. Jean-Paul Sartre, l'écrivain des romans de l'existence pure, de l'existence ''en trop'', ''contingente'' et irrationnelle, a souvent accueilli dans son entourage le jeune Goytisolo, écrivain espagnol communiste réfugié en France. Juan Goytisolo devient pour toute la génération du franquisme, en Espagne et en France, le représentant littéraire majeur de la résistance au franquisme. Sa littérature ''engagée'' le rapproche de Sartre. Mais, à la mort de Franco, il décide d'abandonner ce statut et, à partir du roman Juan sans terre, il rompt définitivement avec l'Espagne et se proclame apatride, n'excluant plus aucune langue ni aucune parole, même la plus excessive. Par cette évolution, Goytisolo s'éloigne de Sartre mais se rapproche de Mahfouz par sa fréquentation des pays du Maghreb, par sa découverte des racines arabes de la littérature espagnole, lorsqu'il analyse par exemple les influences soufies qui orientent les écrits de Saint Jean de la Croix ou encore lorsqu'il signale tout ce que Cervantès a tiré de son séjour chez les barbaresques pour écrire son Don Quichotte. Nous avons fait le choix de désigner par le concept d' ''existentialiste'' une forme d'éthique existentielle originale et profonde qui apparaît dans les romans, les pièces de théâtre et les essais de Sartre - et surtout dans La Nausée -, parce que cette éthique nous la trouvons dans l'uvre de Sartre, mais également dans l'uvre de Mahfouz et de Goytisolo.