Le paradoxe fiscal: analyse de l'identité constitutionnelle du droit fiscal
Auteur / Autrice : | Lévana Charbit |
Direction : | Renaud Bourget |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2023 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et sciences politiques, économiques et de gestion (Nice, Alpes-Maritimes ; 2008-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études et de recherche en droit administratif, constitutionnel, financier et fiscal (Nice) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les tensions antagoniques naissant des règles et de la pratique fiscales vis-à-vis du texte constitutionnel sont nombreuses. Les paradoxes issus de la pratique fiscale sont saisissants: la règle fiscale s'applique en effet parfois à l'encontre des exigences de la Constitution. C'est par exemple le cas pour les exigences de République indivisible, laïque, démocratique et sociale, énoncées par l'alinéa 1er de l'article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958. Si ces entraves permettent au droit fiscal de poursuivre a minima son but premier, c'est à dire la couverture des charges publiques, ces tensions antagoniques servent également à poursuivre des objectifs eux-mêmes à valeur constitutionnelle. Pour exemple la poursuite de l'objectif de lutte contre la fraude fiscale permet, sous réserve de l'autorisation du juges des libertés et de la détention, d'attenter au droit de propriété du contribuable suspecté de manière avérée de fraude aux impôts directs ou à la TVA. En droit fiscal donc, le droit de propriété n'est ni inviolable, ni sacré, contrairement aux dispositions de l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyens. La nature même de l'impôt impose que les exigences contenues dans la Constitution soient parfois entravées. Dès lors qu'il est levé dans le but de couvrir les dépenses publiques, l'impôt se pare de l'habit d'ordre public justifiant ses pratiques. Le droit fiscal semble ainsi être par essence une matière pouvant, devant, s'affranchir de la Constitution, norme suprême. Il bénéficie en effet d'une indépendance relative avec la norme constitutionnelle lui permettant de s'arranger de façon discrétionnaire avec les normes n'entravant pas ses fins. Ce sont autant de paradoxes identifiables au sein de la pratique fiscale qui ouvrent la réflexion sur l'identité constitutionnelle du droit fiscal. Par identité constitutionnelle il ne faut pas seulement envisager l'esprit du Conseil constitutionnel lorsque ses Sages ont consacré cette notion le 27 juillet 2006. Une telle analyse appelle au contraire à envisager le droit fiscal au regard de la portée en droit interne des rapports entretenus avec la Constitution. L'objectif d'un tel sujet est de contribuer aux recherches épistémologiques sur le droit fiscal. Si la doctrine s'accorde sur le caractère amoral et le réalisme du droit fiscal, la question de son identité constitutionnelle peine à faire consensus. L'objectif de cette thèse est d'interroger l'articulation de ces paradoxes entre eux, leur sens également, ainsi que l'ordonnancement juridique tel qu'on le connait actuellement.