Elimination de l'hépatite C chez les personnes qui injectent des drogues : identification des barrières et leviers à l'accès aux soins avec prise en compte de la question du genre
Auteur / Autrice : | Ilhame Anwar |
Direction : | Perrine Roux |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie-Santé - Spécialité Recherche Clinique et Santé Publique |
Date : | Soutenance en 2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences de la vie et de la santé (Marseille) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : SESSTIM - Sciences Economiques & Sociales de la Santé et Traitement de l'Information Médicale |
Equipe de recherche : SESSTIM - SanteR.Com - Santé, Territoires et Recherche Communautaire | |
Jury : | Président / Présidente : Marie PRéAU |
Examinateurs / Examinatrices : Perrine Roux, François Dabis, Julie Bruneau, Joachim LéVY | |
Rapporteurs / Rapporteuses : François Dabis, Julie Bruneau |
Mots clés
Résumé
LOMS a fixé pour objectif lélimination de lhépatite C dici 2030. La France la fixé dici 2025. Bien que larrivée des nouveaux traitements fin 2013 aient permis des avancées sur la prise en charge de lhépatite C, des défis persistent parmi les personnes qui injectent des drogues (PQID) : prévalences élevées, disponibilité non optimale de matériel stérile, insuffisance de dépistage et de traitement du virus de lhépatite C (VHC). A cela sajoute un accès limité aux services de santé du fait de nombreuses barrières individuelles et structurelles, particulièrement chez les femmes qui présentent des vulnérabilités spécifiques et un accès moindre au traitement du VHC. Cette thèse a pour objectif principal didentifier les barrières et leviers daccès à la prévention, au dépistage et au traitement du VHC chez les PQID, en mobilisant lapproche intersectionnelle sur les enjeux de genre et dusage de drogues par injection, ainsi que le modèle socio-écologique de la santé. Utilisant des méthodes mixtes, elle vise spécifiquement à : 1) identifier les facteurs associés au dépistage récent du VHC via des analyses de régression logistique à partir de létude transversale communautaire PrébupIV et de létude longitudinale COSINUS ; 2) explorer les parcours de soins des PQID et leur accès aux services de santé et de réduction des risques (RdR) via une analyse thématique de contenu des 27 entretiens semi-directifs de létude BALADS et une sous-analyse de létude COSINUS ; 3) explorer les pratiques professionnelles des intervenant·es impliqué·es auprès des PQID via une analyse thématique de contenu des 3 focus groupes de létude BALADS. Mes résultats ont montré lexistence de barrières, à la fois communes à lensemble des PQID et spécifiques chez les femmes, à laccès à la cascade de soins du VHC et aux services de RdR. Au niveau individuel, les barrières sont lâge, lemploi, avoir réalisé une tentative de suicide (chez les femmes), et lauto-stigmatisation en lien avec lusage de drogues, croisant celle liée au genre chez les femmes. En miroir, les leviers sont davoir réalisé une tentative de suicide (chez les hommes), et le fait davoir dormi à la rue chez les femmes (en lien avec les dispositifs daller-vers). Au niveau interpersonnel, les barrières sont la stigmatisation en lien avec lusage de drogues venant de lentourage, et chez les femmes, la stigmatisation intersectionnelle (usages de drogues et genre), ainsi que le sentiment dinsécurité dans les structures et les violences basées sur le genre. Le levier identifié pour les femmes est lautonomisation dans leurs pratiques dinjection. Au niveau institutionnel, les barrières sont la stigmatisation et discrimination liées à lusage de drogues par injection, et chez les femmes, la stigmatisation intersectionnelle, labsence de services adaptés à leurs besoins et à la garde denfants. Les leviers sont létablissement dune relation de confiance avec les professionnel∙les, les dispositifs daller-vers, la disponibilité des services de santé en prison et les services de RdR pour les hommes et lexistence despaces réservés avec garde denfants pour les femmes. Au niveau organisationnel, le levier est le travail en réseau et la création de partenariats entre les institutions et les associations. Au niveau politique, la barrière principale est la criminalisation de lusage de drogues, qui affecte toutes les PQID et particulièrement les femmes. Ainsi il semble important de diminuer la stigmatisation structurelle liée à lusage de drogues et au genre en sensibilisant les professionnel·les aux enjeux de RdR, et à légalité femme-homme et aux violences fondées sur le genre ; dadapter les structures aux besoins des femmes en proposant des espaces dédiés associés à des accueils pour enfants, et daméliorer la prise en charge des violences ; de renforcer les partenariats entre les structures à léchelle de la ville associé à des actions daller-vers.