Étude des interactions et des enjeux d'influence entre les sphères scientifique, politique et privé : quels enjeux et perspectives pour l'action environnementale ?
Auteur / Autrice : | Claire Caumel |
Direction : | Nadia Maïzi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Contrôle, optimisation, prospective |
Date : | Inscription en doctorat le 15/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences et technologies de l'information et de la communication |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Mathématiques et Systèmes |
Equipe de recherche : CMA - Centre de Mathématiques Appliquées | |
établissement opérateur d'inscription : Mines Paris-PSL |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
C'est maintenant une évidence ; les activités humaines impactent l'évolution du climat et dégradent la biodiversité à l'échelle globale, entrainant des dérèglements qui menacent nos sociétés. Afin d'infléchir ces tendances, des actions internationales et locales, fortes et coopératives, doivent être menées. C'est dans cet objectif que des systèmes de gouvernance internationaux de la biodiversité et du climat se sont constitué à partir des années soixante-dix. Ceux-ci s'appuient sur une coopération internationale politique et scientifique forte et sans précédent. On pense notamment au premier Sommet de la Terre qui se tiendra en 1972 et donnera naissance Programme des Nations Unies pour l'Environnement (UNEP) qui coordonne les actions de l'Organisation des Nations Unies (ONU), et qui débouchera en 1992 lors du Sommet de Rio à la création de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Convention sur la Diversité Biologique (CDB). Ces conventions-cadres définissent régulièrement des engagements et des objectifs à moyens et long terme : alimentées par des enjeux scientifiques, elles sont construites selon un processus itératif de négociation politique. Ces engagements, définis au niveau global, ont vocation à guider et susciter l'action environnementale à des échelles locales et régionales. Cependant, ces systèmes de gouvernance peinent à montrer leur efficacité dans l'atteinte des objectifs fixés. En effet, on estime que les contributions déterminées au niveau national pour l'atteinte de l'accord de Paris ne suffiront pas pour l'atteinte de l'objectif de limitation de la hausse des températures à 1.5 °C en 2050 [1,2,3]. Parallèlement, parmi les 20 objectifs d'Aichi qui devaient être atteints en 2020 pour enrayer l'appauvrissement de la diversité biologique, aucun n'a été atteint au niveau global [4]. Pour contribuer à la compréhension de ces échecs et tenter de les dépasser, cette thèse propose d'analyser les interactions et les enjeux d'influence au sein des systèmes de gouvernance du climat et de la biodiversité portés par l'Organisation des Nations Unies, entre acteurs aux intérêts scientifiques, politiques ou privés. Nous étudierons plus particulièrement leurs interactions dans les processus de désagrégation et de traduction des objectifs globaux en action environnementale régionale. En effet, si des solutions sont nombreuses et diverses, on peut se demander dans quelle mesure elles sont déclinables ou applicables et/ ou si elles peuvent être réellement efficaces dans le cadre existant d'interaction et de coopération de ces acteurs. Nous chercherons ici à dépasser la vision simpliste d'un clivage entre les différentes sphères d'intérêt pour mieux comprendre les blocages et les options permettant de les dépasser. Pour réaliser cette analyse, et après avoir qualifié précisément le périmètre et le type de gouvernance, et ce qu'englobe l'action environnementale, nous étudierons l'histoire des interactions entre sciences, politique et secteur privé au prisme de l'action environnementale. Nous procèderons également à la définition et à la caractérisation des principales logiques stratégiques des acteurs de ces sphères : quels sont leurs intérêts, leurs forces, les pressions subies, leurs périmètres d'action, leurs limites, etc. En parallèle, nous nous attacherons à caractériser et à cartographier l'organisation des interactions entre les sphères : quelles sont les institutions et les mécanismes qui existent ? Comment fonctionnent-ils ? Quels sont les outils mobilisés (indicateurs, fonds de soutien, etc.) ? Nous commencerons par une analyse à l'échelle globale que nous désagrégerons en procédant à une étude de cas comparative à des échelles plus fines (entre plusieurs pays ou plusieurs projets régionaux). Nous nous appuierons sur une large littérature académique, sur de la littérature grise ainsi que sur des entretiens qualitatifs. Cette thèse proposera une approche positive complétée par une approche normative. Nous y mobiliserons une diversité de disciplines : les sciences politiques, les sciences de gestion et les sciences économiques (théories des organisations, théorie des jeux), la sociologie (théories de l'action collective) et l'histoire et la modélisation.