Thèse en cours

Approches SIG, géomatique et géoarchéologie littorale en Tunisie. Etude de cas : Le Delta de la Medjerda, le secteur côtier entre Hergla et Salloum, l'Archipel de Kerkennah.

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Auteur / Autrice : Luc Diatta
Direction : Christophe MorhangeKatia Schörle
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Géographie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CEREGE - Centre Européen de Recherche et d'Enseignement des Géosciences de l'Environnement

Mots clés

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Résumé

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Les milieux littoraux sont des territoires très attractifs et sensibles car ils abritent les espaces parmi les plus riches et les plus productifs. Plus de 60% de la population mondiale vit dans la grande zone côtière et plus de 3,8 milliards de personnes résident à moins de 150 km du rivage et dépendent ainsi de la biodiversité côtière (Rapport de l'UNCI, 2019). Signe du processus de littoralisation, cette présence humaine est associée à la concentration des activités économiques et des activités de récréations dans une bande côtière étroite et soumise aux dynamiques naturelles (Juigner, 2017). Le littoral Méditerranée n'échappe pas à cette pression et constitue un espace d'échange entre différents territoires. En Tunisie, la zone littorale concentre les 2/3 de la population et 73% des habitations du pays (Walid et al. 2017). Avec 5948 ha des zones industrielles et commerciales réalisées (APAL, 2016) la majeure partie des activités industrielles se trouve dans les pôles du littoral, à savoir Tunis, Bizerte, Sousse-Monastir, Sfax et Gabès. C'est aussi le cas des activités touristiques qui gagnent de plus en plus d'ampleur avec la promotion du tourisme balnéaire (5281 ha de zones touristiques, APAL, 2016). Ces espaces littoraux tunisien sont aussi caractérisés par la présence de vestiges archéologiques (slim et al. 2004) dû à l'occupation ancienne des territoires. Cependant, ils sont exposés aux aléas naturels et constituent des secteurs sensibles face au changement climatique. D'où l'importance de les étudier pour comprendre les dynamiques anciennes, actuelles et futures, dans l'optique d'identifier les impacts directs sur les activités socio-économiques, l'environnement et sur le patrimoine archéologique. De fait, notre étude est axée sur la géoarchéologie du littoral tunisien par le biais d'études de cas qui bénéficient non seulement d'une documentation photographique et archéologique, mais surtout d'une évolution littorale particulièrement prononcée. Ainsi, au vu de la complexité du littoral tunisien, cette thèse s'assigne une étude comparative entre différents secteurs géomorphologiques majeurs, caractérisés par des contextes historiques et géomorphologiques différents. Sont alors étudiés la zone deltaïque de la Medjerda, le secteur côtier d'Hergla-Salloum et l'archipel de Kerkennah. Le choix de ces territoires se justifie par la différence des forçages. L'intérêt porté sur la zone deltaïque de la Medjerda se justifie par l'importance du phénomène de progradation des rivages deltaïques d'origine terrigène depuis 7000 ans. Ce phénomène est causé par une accumulation progressive des sédiments transportés par l'oued de Medjerda et se traduisant par un recul du plan d'eau marin à une distance actuelle de 10 km du site archéologique d'Utique. Cette progradation a donc scellé l'ancienne baie enclavant à l'intérieur des terres le port et la ville qui demeure une importante cité portuaire à l'époque romaine (Pleuger 2020). Cependant, la construction de barrages le long de l'oued, depuis le 20e siècle (9 barrages dans le bassin versant de la Medjerda, Kotti et al. 2018), a engendré un changement des dynamiques avec un recul général du rivage ces derniers décennies. De fait, nous allons analyser les données bio sédimentologiques disponibles, associées aux résultats de la cinématique du trait de côte, afin de mieux comprendre la dynamique de cet espace sur le temps long. Quant au secteur côtier d'Hergla-Salloum, les sebkhas constituent des espaces très importants car ils renferment des vestiges archéologiques en partie enterrés sous les sols salés. Des vestiges archéologiques sont aussi présents au niveau du cordon littoral. Cependant, ce secteur est sous la menace continue du phénomène érosif modifiant la morphologie paysagère. En outre, les projets d'aménagement en cours (dont le projet de la station touristique de Hergla et l'extension du plan d'urbanisme) dans la zone justifient l'intérêt de mener des études sur ce secteur avant l'artificialisation afin d'identifier les secteurs vulnérables. Pour ce qui est de l'archipel de Kerkennah, du fait de son caractère insulaire, il est confronté à un ensemble de phénomènes complexes tels que l'érosion et la subsidence active attestée depuis la fin de l'antiquité (Oueslati, 1995). De plus, l'aggravation et l'accélération de ces phénomènes liés au changement climatique actuel entraînent des intrusions marines épisodiques et un recul continu des rivages (Beltrando et al. 2010) qui menacent les activités socio-économiques locales (Lucile, 2014) et le patrimoine archéologique en grande partie non documenté (Drine et Schörle, programme en cours). L'objectif de ce travail est donc de comprendre les dynamiques du littoral tunisien depuis 4000 ans et ses impacts sur l'histoire de l'occupation du sol, à partir de l'utilisation d'une approche interdisciplinaire associant l'acquisition, l'analyse et l'interprétation de données géospatiales, le géoréférencement de sites archéologiques provenant des archives cartographiques, l'analyse des vestiges archéologiques du littoral tunisien en cours de documentation ainsi que l'analyse diachronique du budget sédimentaire des bassins versants à partir des résultats de carottages.