Les enjeux des politiques publiques de sécurité et de prévention en matière de stupéfiants : de la protection de la santé publique à la gestion sécuritaire des risques
Auteur / Autrice : | Daniel Ingala |
Direction : | Emmanuel Terrier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et Sciences Criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Droit et science politique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LDP - Laboratoire de Droit Privé |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
En droit français, les stupéfiants sont appréhendés à travers un double prisme : celui de la protection de la santé publique, et celui de la préservation de l'ordre public. Ce double objectif structure l'ensemble des politiques publiques en la matière et se reflète dans la législation, la jurisprudence, ainsi que dans les orientations stratégiques des autorités compétentes. L'article L. 3421-1 du Code de la santé publique érige l'usage illicite de stupéfiants en infraction pénale, traduisant la volonté du législateur de dissuader la consommation par la répression. Dans le même temps, ce même code fonde des dispositifs de soins, de prévention et de réduction des risques, intégrés dans une logique de santé publique visant à limiter les conséquences sanitaires et sociales de l'usage de drogues. Cette ambivalence normative reflète une tension persistante entre deux logiques d'action publique : l'approche sanitaire centrée sur la personne, et l'approche sécuritaire fondée sur le contrôle social et territorial des risques. À l'échelle internationale, les conventions des Nations Unies sur les stupéfiants (1961, 1971, 1988) imposent aux États des obligations de lutte contre le trafic et l'usage illicites, tout en reconnaissant la nécessité de mesures de traitement, d'éducation et de réinsertion. La Cour européenne des droits de l'homme a, quant à elle, reconnu que certaines politiques répressives en matière de stupéfiants peuvent soulever des enjeux de proportionnalité au regard des droits fondamentaux, notamment le droit au respect de la vie privée et le droit à la santé. Dans ce contexte, la mise en uvre des politiques publiques de sécurité et de prévention en matière de stupéfiants repose sur un équilibre délicat entre l'impératif de santé publique et les exigences de sécurité intérieure. Cet équilibre est souvent instable, les choix politiques oscillant entre dépénalisation, répression accrue, expérimentations locales et dispositifs de réduction des risques. Dès lors, il convient d'interroger les enjeux juridiques, politiques et sociaux qui sous-tendent cette articulation entre prévention sanitaire et gestion sécuritaire. Comment les normes encadrent-elles cette tension ? Dans quelle mesure la réponse publique s'ajuste-t-elle à l'évolution des pratiques, des connaissances scientifiques et des attentes sociales ?