Thèse en cours

Herne et Recklinghausen en 1923-1925 : une micro-histoire franco-allemande de l’occupation de la Ruhr.

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Auteur / Autrice : Benjamin Volff
Direction : Emmanuel Droit
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 30/10/2021
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (LinCS)

Résumé

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L’occupation de la Ruhr par la France et la Belgique fut une opération militaire de courte durée mais au retentissement politique important. Les différentes phases de l’occupation du principal bassin minier et métallurgique du Reich se sont étalées de janvier 1923 à août 1925. L’opération, envisagée par la France depuis 1919 pour assurer les livraisons de charbon et de coke au titre des réparations, engagea des moyens importants. La Mission Interalliée de Contrôle des Usines et des Mines, les états-majors, les équipes de techniciens et les soldats surmontèrent la résistance allemande et organisèrent les prélèvements. Épisode chargé de symboles en tant que « dernier acte de la Grande Guerre » (J-Y. Le Naour), la Ruhrbesetzung a provoqué les frémissements d’une amélioration dans les relations entre les deux puissances. Cependant, l’entreprise militaire française, perçue outre-Rhin comme un soubresaut de l’affrontement pluriséculaire franco-allemand et éprouvée comme une humiliation supplémentaire après celle du traité de Versailles, attisa les braises de la revanche. En France, l’événement fut peu à peu recouvert par les remous d’un processus de paix sans cesse à consolider. Aujourd’hui, son traitement mémoriel par les deux pays est inégal. En France, le centenaire a rencontré peu d’échos en 2023, hormis à travers une exposition aux archives d’Alsace à Strasbourg. La conflictualité de l’événement n’est pas inerte. Le Ruhr Museum d’Essen a mûri sa décision avant de présenter son exposition majeure sur la Ruhrbesetzung, à cause de son contenu conflictuel. Dans le cadre du centenaire en Allemagne, certaines réactions de l’opinion publique ont répercuté une mémoire collective encore vive, abondant dans le sens de la victimisation ou au contraire dans celui d’une réconciliation franco-allemande anachronique. En France même, l’annonce de l’exposition strasbourgeoise de 2024 au sein du réseau des archives a été supprimée, après avoir déclenché un flot d’injures anti allemandes, dénonçant une prétendue entreprise de victimisation. Sujet historique tout autant qu’histoire en train de s’écrire, l’occupation de la Ruhr, présentée comme un épisode majeur de l’historiographie à l’aune des commémorations en Allemagne, donne prise en France à de nouveaux développements depuis les travaux fondateurs, dont ceux de S. Jeannesson. Cette recherche, tout en s’appuyant sur les précédentes, veut sonder les strates de l’expérience des participants au quotidien, dans les sociétés en situation d’occupation des villes minières et carrefours stratégiques de Herne et Recklinghausen. Le projet consiste à rétablir des relations entre des sources différentes les unes des autres, comme les rapports de l’administration prussienne ou française et les messages écrits sur leurs cartes par les soldats, sous contrôle postal. Accorder cette « polyphonie des sources » (E. Droit) donne à la recherche sur la Ruhrbesetzung une résonnance supplémentaire. Qu’apporte l’étude de la perception des individus impliqués dans l’occupation de la Ruhr, occupants et occupé-es, à la compréhension d’un épisode culminant des relations franco-allemandes ? L’expérience des soldats, des engagés civils, des habitant-es des villes, des administrateurs municipaux et militaires marque-t-elle un changement – plutôt qu’un tournant – dans le rapport entre les Français et les Allemands, a priori réfractaires au processus de réconciliation ? En quoi les expériences d’occupation de Herne et de Recklinghausen sont-elles représentatives et en même temps singulières, à l’échelle locale, d’une histoire franco-allemande ?