Thèse en cours

« Ex oriente lux » ? : sur la notion d'« Orient » dans la pensée de Martin Buber et AlbertMemmi (titre préliminaire)

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Auteur / Autrice : Matan Gurevitz
Direction : Elad LapidotChristian Wiese
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langues, littératures et cultures africaines,asiatiques et d'autres aires linguistiques
Date : Inscription en doctorat le 15/10/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....) en cotutelle avec Goethe-Universität Frankfurt am Main
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes en Civilisations, Langues et Lettres Etrangeres

Résumé

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Ce projet de recherche vise à explorer les intersections entre la pensée juive de Weimar et la pensée juive francophone de l'après-guerre, en retraçant les continuités et les ruptures entre le philosophe germanophone de Weimar Martin Buber et l'essayiste et écrivain francophone d'origine tunisienne Albert Memmi. Une étude comparative de la pensée politique juive de Buber et de Memmi, ce projet explorera la manière dont les réflexions de Buber sur la position du Juif moderne dans le monde impérial ont été développées dans les réflexions de Memmi sur la subjectivité juive postcoloniale vis-à-vis la décolonisation. En outre, je chercherai à dépasser le cas individuel de Buber et de Memmi et à explorer comment les discours juifs de Weimar concernant le statut « oriental » (ou « dés-oriental1») du Juif moderne représentés dans le travail de figures telles que Gershom Scholem, Franz Rosenzweig, Franz Kafka, et Walter Benjamin, ont été reçus par les intellectuels juifs de l'après-guerre parmi lesquels Jacque Derrida, Hélène Cixous, et Emmanuel Levinas. Contexte scientifique et l'état de l'art Ces dernières années, Albert Memmi a reçu une attention croissante de la part des chercheurs en études juives et postcoloniales. La pensée de Memmi se situe souvent dans le contexte discursif de la « montée de l'intellectuel anticolonial » dans la France d'après-guerre. L'intersection des thèmes juifs et anticolonialistes dans son travail, comme son élaboration sur la notion de «judéité » vis-à-vis de la notion de « négritude » d'Aimé Césaire, est fréquemment lue en relation avec d'autres anticolonialistes et existentialistes francophones, comme Jean-Paul Sartre, Albert Camus, et Franz Fanon, ou concernant le travail d'autres intellectuels juifs français d'origine nord-africaine tels que Jacques Derrida et Hélène Cixous. Tout comme la discussion restrictive du travail de Memmi dans le paysage intellectuel francophone, les idées de Buber ont souvent été considérées principalement dans son contexte germanophone. Malgré un intérêt croissant pour l'application des théories postcoloniales à l'étude de Buber et de l'histoire des Juifs de Weimar, les articulations juives de leur condition « dominée » ou « subalterne » en Allemagne et dans les pays germanophones sont rarement comparées à des critiques similaires soulevées par des penseurs juifs francophones écrivant dans le contexte de la décolonisation. Malgré l'intérêt avéré du jeune Memmi pour l'œuvre de Buber, il semble qu'il y ait peu d'études consacrées à la réception par Memmi de la pensée politique de Buber ou, plus généralement, à la pertinence de la critique anticoloniale juive de Weimar pour les intellectuels juifs francophones de l'après-guerre. Le projet de recherche interviendra donc dans ce domaine relativement négligé en explorant la réception de l'œuvre de Buber par Memmi, en se concentrant principalement sur la signification de l'« Orient » dans leurs imaginaires politiques. Quels sont les parallèles et les divergences dans leur évaluation de l'altérité juive dans la modernité ? Comment se positionnent-ils entre les discours orientalistes, qui mettent l'accent sur une « distinction ontologique et épistémologique entre “l'Orient” et “l'Occident”»5 d'une part, et la critique post-structuraliste, qui rejette toute valeur positive attribuée au Juif, d'autre part ?