SUIVI THÉRAPEUTIQUE PHARMACOLOGIQUE DES MEDICAMENTS UTILISES EN NEURO-PSYCHIATRIE SUR MATRICE(S) ALTERNATIVE(S) PAR HPLC-MSMS ET GC-MS.
Auteur / Autrice : | Constance Almeida |
Direction : | Florence Pannier, Laurent Ouerdane |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Chimie analytique |
Date : | Inscription en doctorat le 18/12/2023 |
Etablissement(s) : | Pau |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Exactes et leurs Applications |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences analytiques et de Physico-chimie pour l'Environnement et les Matériaux |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
En France, plus de 600 000 personnes sont touchées par des crises d'épilepsie dont la moitié sont âgées de moins de 20 ans. L'épilepsie est la troisième maladie neurologique la plus fréquente en France, derrière la migraine et les démences. La maladie est caractérisée par la survenue de crises spontanées dont la présentation est extrêmement polymorphe, allant de la simple absence à l'impressionnante crise tonico-clonique. Pour prévenir et traiter ces crises, des traitements médicamenteux existent. Ils ont pour but soit de réduire leur fréquence en prévenant la crise (traitement préventif), soit de la faire cesser (traitement curatif). Les médicaments antiépileptiques (AEP) représentent la prise en charge centrale de la maladie. Néanmoins, les traitements médicamenteux sont difficiles à équilibrer pour plusieurs raisons : (i) tous les AEP ne sont pas efficaces sur tous les types de crises, (ii) il existe une grande variabilité de la pharmacocinétique des AEP entre les patients, qui rend imprédictible la concentration sanguine obtenue suite à l'administration du médicament et (iii) un risque élevé d'interactions médicamenteuses est présent car les concentrations sanguines d'un AEP peuvent être modifiées par la prise simultanée d'un autre AEP ou de certains autres médicaments. Ces différents points font qu'un suivi thérapeutique pharmacologique (STP), c'est-à-dire la mesure des concentrations sanguines du médicament (dosage) dans le but d'adapter individuellement les posologies, est indispensable au cours du traitement par AEP. Le STP des AEP dans le sang a déjà fait l'objet de nombreuses études qui ont permis d'établir les intervalles thérapeutiques de concentrations sanguines de la plupart des molécules. La méthode de dosage de référence est réalisée sur sérum ou plasma, par chromatographie liquide (LC) couplée à une détection le plus souvent en spectrophotométrie UV ou en spectrométrie de masse en tandem (MS/MS). Le dosage des AEP sur prélèvement sanguin présente cependant des inconvénients : (i) le STP de la plupart des AEP ne peut être réalisé dans des laboratoires de Biologie Médicale de ville et les prélèvements sont envoyés pour être analysés dans des laboratoires spécialisés qui sont parfois éloignés du lieu de prélèvement, ce qui provoque un rendu de résultats tardif et donc complique et ralentit l'adaptation de posologie, (ii) le prélèvement en lui-même est contraignant pour les patients ambulatoires car il nécessite de prendre rendez-vous avec un professionnel de santé habilité à le réaliser et (iii) le prélèvement sanguin peut s'avérer difficile chez certains patients, par exemple chez les enfants (douleur, peur du prélèvement) ou chez les personnes âgées (douleur, démence, capital veineux limité). Afin de s'affranchir du prélèvement sanguin veineux, l'utilisation de matrices alternatives peut être une solution. Une matrice non invasive et qui semble être une bonne candidate pour le STP est la salive, ultrafiltrat naturel du sérum qui pourrait permettre la mesure des concentrations de médicament et pourrait refléter les concentrations sanguines. En théorie, le prélèvement est facile à réaliser et le patient peut se prélever lui-même. De plus, les méthodes analytiques standards de dosage des AEP sur sérum ou plasma sont facilement adaptables pour traiter des échantillons de salive. Des dosages dans la salive ont déjà été rapportés pour la plupart des AEP, et les corrélations entre les concentrations salivaires et les concentrations sanguines ont déjà été étudiées, avec des résultats discordants dans la littérature scientifique. Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'il n'existe pas de données sur la variabilité inter- et intra-individuelle de la corrélation entre la concentration salivaire et la concentration sanguine. De plus, la plupart des études analysent la corrélation entre la concentration sérique totale d'AEP et la concentration salivaire, sans tenir compte de la fraction libre sérique, c'est-à-dire non liée aux protéines plasmatiques, seule capable de diffuser vers la salive (où le médicament n'existe que sous forme libre, en l'absence de protéines dans la salive). De plus, la plupart des études ont été effectuées sur de la salive directement recueillie par crachat (émission de salive directement dans un pot de recueil), méthode peu adaptée aux jeunes enfants et aux personnes âgées, et difficile à mettre en oeuvre en soins de routine. Notre travail s'articulera principalement autour de deux parties. La première partie s'intéressera à la mise au point d'une méthode de dosage des AEP dans la salive recueillie sur le dispositif Quantisal® adapté à un usage en routine chez les enfants et les personnes âgées, par technique LC-MS/MS ou GC-MS selon les propriétés physico-chimiques et les besoins de sensibilité analytique requis. Dans un second temps, il faudra mettre au point le dosage de la fraction libre en sérum. La deuxième partie s'intéressera à l'étude des corrélations entre les concentrations de la fraction libre en sérum, la concentration sérique totale et la concentration salivaire, ainsi que la variabilité inter- et intra-individuelle de ces corrélations avec un protocole d'étude clinique Ce projet présente plusieurs objectifs. - Améliorer la qualité de vie des patients en rendant le prélèvement plus accessible et indolore : à terme le patient pourrait se prélever chez lui tout seul et envoyer le prélèvement par courrier. - Développer une méthode analytique fonctionnelle qui peut être adaptée aux contraintes rencontrées en routine comme des contraintes de temps technique et de sensibilité, permettant de de doser les antiépileptiques en salive sur le dispositif Quantisal®. - Mettre au point le dosage de la fraction libre. - Recueillir des données sur 21 AEP en salive prélevée sur le dispositif Quantisal®, sujet non étudié dans la littérature (à l'exception de Pateet et al., 2016 qui s'est intéressé aux neuroleptiques sur Quantisal®). - Transférer la méthode développée en salive à d'autres à d'autres classes thérapeutiques de médicaments comme les antidépresseurs ou les neuroleptiques. L'objectif final est de pouvoir énoncer avec certitude si le dosage sur salive peut remplacer le dosage sur sérum afin de s'affranchir du prélèvement sanguin sur les 21 antiépileptiques étudiés.