Thèse en cours

La protection internationale des droits des femmes face à la pauvreté. De l'autoprotection des droits humains à la défense de la vie.

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Auteur / Autrice : Alin Rivera maldonado
Direction : Carlos HerreraHélène Tigroudja
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit
Date : Inscription en doctorat le 15/10/2018
Etablissement(s) : CY Cergy Paris Université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et Science politique (Cergy, Val d'Oise))
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CPJP -Centre de philosophie juridique et politique

Résumé

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Selon les chiffres officiels, aujourd'hui, 70 % des personnes confrontées à la pauvreté dans le monde sont des femmes. Face à ce phénomène, les travaux les plus récents, tant des Rapporteurs et des Comités Onusiens, que de la Commission et de la Cour Interaméricaines de droits humains, affirment que la pauvreté n'est pas uniquement une privation monétaire, mais une question relevant des droits humains et de la non-discrimination. En effet, les femmes, et en particulier les femmes des secteurs les plus défavorisés et confrontés à la pauvreté, doivent surmonter quotidiennement beaucoup plus d'obstacles pour pouvoir exercer pleinement leurs droits humains, dans leur dimension indivisible et interdépendante. Ainsi, encore aujourd'hui, leur accès à l'alimentation, au logement, à la santé, à l'eau, à un travail digne, à la sécurité sociale, à la terre, aux ressources naturelles, à l'environnement sain ou à la justice en cas de violations est très souvent conditionné ou limité. Ceci met à son tour en péril l'exercice d'autres droits comme le droit à l'existence digne et d'autres droits civils et politiques comme le droit à la participation politique ou le droit à être protégé contre la torture ou les traitements inhumains ou dégradants. Ce, alors que tous ces droits sont juridiquement consacrés par les instruments internationaux en la matière et que les États parties au Droit international des droits humains (ou DIDH) sont obligés de garantir aux femmes les plus défavorisées une protection spéciale et un exercice immédiat de ces droits sans aucune discrimination. Face à la gravité de cette situation et au fait que les États parties au DIDH tendent à les ‘laisser pour compte', nous soutenons que les personnes et notamment les femmes les plus défavorisées et confrontées à la pauvreté et à la discrimination intersectionnelle et aggravée ont été contraintes d'imaginer et de mettre en place, par leurs propres moyens, les stratégies leur permettant d'exercer et de protéger les droits reconnus par les instruments juridiques internationaux. Ceci afin de remédier aux violations systématiques de leurs droits et de garantir des meilleures conditions de vie, non seulement pour elles-mêmes, mais pour leurs familles, quartiers et communautés aussi. Ces actions, que nous appelons des stratégies d'« autoprotection » des droits humains ou de protection des droits « par le bas », leur ont permis de faire face à la pauvreté; et, dans des régions comme l'Amérique latine, l'autoprotection est devenue un phénomène quotidien qui a permis aux personnes et aux groupes les plus défavorisés d'exercer leurs droits de manière autonome lorsque les États violent leurs engagements internationaux. Il s'agit en effet des stratégies essentielles de défense des droits, de l'environnement et des ressources naturelles et des 'commons', qui dressent les actions et le rôle de ces femmes en tant que des véritables « défenseures de la vie », dans le sens le plus large du terme. Néanmoins, au lieu de la reconnaitre, dans la plupart de cas, les États tendent à la criminaliser et à la limiter, voir à l'anéantir. Ainsi, l'Amérique latine est également aujourd'hui la région de la planète la plus dangereuse au monde pour mener des actions d'autoprotection et de défense des droits, de la terre et de l'environnement. Dans notre recherche, nous aspirons à démontrer que, conformément aux standards du Droit International des droits humains, les États sont tenus de respecter ces actions d'« autoprotection » ; tout comme ils sont obligés de protéger prioritairement les personnes les plus défavorisées et les « défenseures » des droits et de la vie, ainsi que de leur garantir l'exercice immédiat de leurs droits sans aucune discrimination, sous peine non seulement de violer le DIDH, mais également de laisser de côté la raison même d'être de l'État et du droit, qui est la protection prioritaire des membres les plus vulnérables et défavorisés, afin de garantir une égalité réelle pour tous.