Médiévalisme et (dé)formation des normes dans les films et séries états-uniens (2001-2023)
Auteur / Autrice : | Lisa Schwencke |
Direction : | Sébastien Douchet, Joëlle Rouleau |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Litterature generale et comparee |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille en cotutelle avec Université de Montréal |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, Lettres et Arts (Aix-en-Provence ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CIELAM - Centre Interdisciplinaire d'Etudes des Littératures d'Aix-Marseille |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Je travaille sur la représentation des normes dans les films et séries états-uniens pour enfants, et plus particulièrement sur le lien complexe entre l'utilisation du Moyen Âge et le discours sur le genre, la race et la sexualité. Ma thèse analyse la façon dont les films et les séries états-uniens adaptent les contes de fées et représentent le Moyen Âge. À travers l'étude du cinéma, mon objectif est de mieux comprendre la culture états-unienne et ses rapports paradoxaux avec un héritage européen fantasmé : littéraire (le conte de fées) et historique (le Moyen Âge). Les films et les séries sont au cur de notre quotidien. Nous passons de plus en plus de temps sur les écrans et, chez les plus jeunes, ce temps est en augmentation importante. D'après l'Académie de la transformation numérique, 42% des 6 à 17 ans passent plus de 10h par semaine sur Internet, dont la moitié est consacrée au visionnage de films ou séries. Au centre de nos vies, les médias sont un prolongement du monde social, c'est-à-dire qu'ils influencent et sont influencés par la vie réelle. En particulier, les productions états-uniennes qui s'exportent à l'international sont un épicentre culturel. Ces dernières décennies, les États-Unis ont connu d'importants bouleversements socioculturels qui ont eu un impact significatif à l'écran. Par exemple, les rapports de la GLAAD montrent que la représentation des personnages LGBTQ+ est passée de 13,8% en 2012 à 22,7% en 2020 au cinéma, et de 1,4% en 2005 à 10,6% en 2022 à la télévision. Néanmoins, si les représentations positives des minorités connaissent une forte augmentation, les inégalités se résorbent-elles ou prennent-elles de nouvelles formes ? En effet, si les films et les séries sont plus inclusifs qu'avant, il est nécessaire de s'interroger sur les violentes polémiques qu'ils provoquent, résultat d'un important backlash faisant suite aux avancées socioculturelles (par exemple l'arrêt Roe v. Wade en 2022 et l'arrêt Bakke en 2023). On pourrait également interroger les limites de cette inclusion qui n'est pas nécessairement synonyme de subversion ou d'absence d'inégalité. Au cur de ces polémiques, une attention particulière semble être donnée aux films et séries pour enfants. Notamment, les adaptations grand public de contes de fées médiévalistes provoquent des débats virulents sur la représentation des minorités, comme on a pu le voir récemment avec The Little Mermaid (2023) et Snow White (2024). En liant l'étude d'un phénomène populaire à celle du Moyen Âge, ma thèse entend éclairer les rapports ambigus qu'entretient la culture états-unienne contemporaine avec le Moyen Âge. Dans cette analyse, il faut également prendre en compte les différents filtres qui séparent la période médiévale de la production cinématographique. En effet, les contes de fées étant écrits aux XVIIe-XIXe siècles, ils mobilisent déjà un Moyen Âge fantasmé. Ainsi, j'étudie l'évolution de la réception et de la représentation des minorités à l'écran au cours des vingt dernières années, au regard des transformations socioculturelles ayant eu lieu sur cette période, afin de comprendre le rôle que jouent les contes de fées médiévalistes européens aux États-Unis.