L'entreprise et les droits fondamentaux

Company and fundamental rights

• Auteur / Autrice : Appolinaire Klevo-hedou
• Direction : Jérôme Attard
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Droit Privé
• Date : Inscription en doctorat le 11/10/2023
• Etablissement(s) : Artois
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Droit Ethique et Procédures

Mots clés

Mots clés libres

Entreprise

Droits fondamentaux

Droit de l'union européenne

Company

Fundamental rights

EU law

Résumé

L'intention originelle derrière la conceptualisation des droits fondamentaux est sans nul doute la reconnaissance à l'être humain d'un certain nombre de prérogatives protecteurs voire surprotecteurs faces aux abus d'une société en constante dérive. Les droits et libertés fondamentaux seraient alors, initialement pensés en vue de compenser les faiblesses des individus face à l'arbitraire des puissances publiques. Mais, aujourd'hui, il est parfaitement acquis, en jurisprudence, tant par la cour européenne des droits de l'homme que par le conseil constitutionnel, la cour de cassation et le conseil d'Etat, que l'entreprise peut être débitrice ou créancière de droits fondamentaux, au même titre que toute personne physique, même si cette idée de reconnaissance de droits fondamentaux aux entreprises ne fait pas l'unanimité dans la doctrine. Face à la prolifération des jurisprudences reconnaissants des droits fondamentaux aux entreprises, il pourrait être intéressant de se poser la question de savoir s'il faudrait reconnaitre ou non aux entreprises l'intégralité des droits fondamentaux reconnus aux personnes physiques. Aucune disposition nationale ou supranationale ne liste ou ne fixe de manière précise et exhaustive les droits fondamentaux qu'il serait possible de reconnaitre aux entreprises. Ce vide laisse la latitude aux juges d'en décider. La Cour européenne s'étant presque toujours efforcée de limiter les droits fondamentaux des entreprises au strict nécessaire. Toutefois, nonobstant les limitations que les juges imposent aux droits fondamentaux des entreprises, il n'est pas rare de remarquer que l'intérêt de l'entreprise, appréhendée sous l'angle d'une entité économique, légitime parfois des atteintes aux droits fondamentaux des personnes physiques. Le législateur est lui-même, à maintes fois, intervenu pour porter atteinte à des droits fondamentaux en vue d'assurer la protection de l'entreprise. Ainsi, même si le débat sur la reconnaissance ou non des droits fondamentaux aux entreprises semble avoir, en apparence, baissé d'intensité, il a, en réalité été déplacé et se pose sous une autre forme ; celle de savoir : quelles sont la nature et l'étendue des droits fondamentaux dont sont ou peuvent être titulaires les entreprises. Le projet de thèse s'inscrit dans une démarche d'analyse des droits fondamentaux des entreprises dans un contexte national et communautaire. Cette recherche, se fondant sur une dimension à la fois théorique et pratique, a pour vocation de dresser un panorama du système actuel des droits fondamentaux des entreprises et de cerner leurs portés, leurs impacts sur le corpus normatifs français.

The original intention behind the conceptualization of fundamental rights is undoubtedly the recognition of a certain number of protective prerogatives for human beings, even over-protective in the face of the abuses of a society in constant drift. Fundamental rights and freedoms were initially conceived to compensate for the weakness of individuals in the face of the arbitrariness of public authorities. Today, however, it is perfectly well established in case law, not only by the European Court of Human Rights but also by the Constitutional Council, the Cour de Cassation and the Conseil d'Etat, that companies can be debtors or creditors of fundamental rights, in the same way as any natural person, even if the idea of recognizing fundamental rights for companies is not unanimously supported by legal doctrine. In view of the proliferation of case law recognizing fundamental rights for companies, it might be interesting to consider whether or not companies should be recognized as having all the fundamental rights recognized for natural persons. No national or supranational provision lists or sets out in a precise and exhaustive manner the fundamental rights that could be recognized for companies. This vacuum leaves it up to the judges to decide. The European Court of Justice has almost always endeavored to limit the fundamental rights of companies to what is strictly necessary. However, notwithstanding the limitations imposed by the courts on the fundamental rights of companies, it is not uncommon to find that the interests of the company, viewed from the angle of an economic entity, sometimes legitimize infringements of the fundamental rights of individuals. The legislature itself has often intervened to infringe fundamental rights in order to protect the company. So, even if the debate on whether or not companies should be granted fundamental rights seems to have lessened in intensity, it has in fact shifted and now takes on a different form: that of knowing what are the nature and scope of the fundamental rights that companies are or may be entitled to. The aim of this thesis is to analyze the fundamental rights of companies in a national and European context. This research, based on both theoretical and practical dimensions, aims to draw up an overview of the current system of fundamental corporate rights, and to identify their scope and impact on the French body of law.