Thèse en cours

Les retables brabançons dans le royaume de France au XVIe siècle

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Auteur / Autrice : Michel Boutillier
Direction : Marianne Cojannot-leblancRalph Dekoninck
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Inscription en doctorat le 30/11/2023
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire des Arts et des Représentations

Résumé

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La doctrine chrétienne a très tôt fondé sa liturgie sur la célébration chaque dimanche du miracle de l'eucharistie. Les rites chrétiens occidentaux ont promu un espace non cloisonné pour faire converger les regards des fidèles vers l'autel, lieu de l'eucharistie, et particulièrement vers un retable (image derrière l'autel, retro tabula). Du côté de la Mer du Nord, les figures des saints ont été reportées sur le pourtour du retable tandis que son centre est devenu une « bande dessinée » médiévale, avec une scène sculptée et polychromée dans chaque cellule. A la fin du XVe siècle, de nombreuses activités, institutions et communautés ont été transférées de Bruges vers Anvers, devenu le marché prépondérant dans les années 1490. En outre, un processus de spécialisation est venu conforter Anvers mais aussi Bruxelles ou Malines comme des centres de production de luxe. A l'inverse du Moyen Âge, les corporations ont laissé des innovations s'y développer. C'est notamment le cas lorsque des produits de luxe, comme les retables, ont forcé la coopération entre divers corps de métier ainsi que valorisé la production de ces villes sur le marché mondial. Tout ceci a été affecté par l'apparition des confessions protestantes vers les années 1520. En effet, les calvinistes – dominants dans les anciens Pays-Bas – ont exprimé un rejet des images allant jusqu'à l'iconoclasme, sauvage en 1566 (beldenstorm) ou encadré en 1581 (municipalité d'Anvers). Ces bouleversements se sont alors traduits par un net fléchissement de la production de retables et il est donc permis d'encadrer un « âge d'or » du retable brabançon par les années 1490 et 1566. De nombreux travaux, initiés par de Borchgrave d'Altena, ont porté sur les modalités et les organisations de la production et de la commercialisation dans des structures innovantes et en direction de nombreux pays européens, de la péninsule ibérique aux pays baltes. Cette littérature a également connu de remarquables synthèses avec Lynn Jacobs ou Brigitte d'Hainault-Zvény. Pour autant, alors que des études ponctuelles suggèrent que le royaume de France a constitué une destination de choix, la France n'a à notre connaissance fait l'objet d'aucune recension des retables de cet âge d'or brabançon figurant ou ayant figuré sur le sol français. L'objectif de la thèse envisagée avec le titre « Les retables brabançons dans le royaume de France au XVIe siècle » est de combler ce vide, soit globalement avec une recension d'un corpus exhaustif, soit d'approfondir la connaissance de sous-ensembles cohérents (grandes régions, provinces anciennes). En effet, un tel travail, par son importance relativement aux corpus déjà analysés en Belgique et dans le reste de l'Europe, est de nature à nuancer ou à infirmer certaines conclusions des travaux antérieurs, ainsi qu'à nourrir des études transversales renouvelées. Enfin, devra être appréhendée la propagation du protestantisme au cours du XVIe siècle, aux Pays-Bas et en France, en particulier sous son obédience calviniste prépondérante dans ces pays. D'une part, les prémisses de ce mouvement ont certainement impacté les images figurant sur les retables brabançons avant même de conduire à leur éventuelle destruction. D'autre part, cette destruction, partielle, a dû être sélective et biaiser notre recension des retables subsistants. Au total, ces phénomènes engagent plus généralement le statut de l'image religieuse dont l'histoire à travers le XVIe marque le début des Temps modernes, comme l'analysent les travaux de Ralph Dekoninck. Le retable brabançon du XVIe siècle présent sur le sol français fera ainsi l'objet d'une analyse iconologique et sociologique de son message et de sa réception à travers la période retenue, y compris la période de la Réforme. Cette thèse d'histoire de l'art adoptera donc une approche multidisciplinaire pour éclairer un aspect encore mal connu de l'éclosion, parfois violente ou en zig-zag, des Temps modernes.