Evaluation du devenir environnemental de molécules à haut potentiel antibiotique
Auteur / Autrice : | Owen Daniel |
Direction : | Elodie Guigon |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Chimie, environnement et santé |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Milieux Environnementaux, Transferts et Interactions dans les hydrosystèmes et les Sols |
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Résumé
Les antibiotiques sont des molécules utilisées pour le traitement des infections bactériennes qui ont permis de grandes avancées en médecine humaine et vétérinaire. L'utilisation de ces composés en grandes quantités et leurs mésusages ont cependant mené au développement de bactéries antibiorésistantes qui rendent difficile voire impossible le traitement des pathologies qu'elles provoquent. Cette problématique a ainsi été classée comme l'une des 10 principales menaces pesant sur la santé humaine par l'Organisation Mondiale de la Santé en 2019. Les antibiotiques consommés ne sont pas complètement métabolisés ni chez l'humain ni chez les animaux. Une partie des composés initiaux et des produits de transformation (PT) sont donc présents dans les excrétas puis sont émis dans l'environnement, directement ou après passage en station de traitement des eaux usées. Cela peut contribuer au développement de bactéries antibiorésistantes et à la propagation des gènes de résistance. Les PT sont susceptibles d'entrainer des effets néfastes, il est nécessaire de chercher à les caractériser. Les antibiotiques et les PT impactent également les communautés microbiennes naturelles qui jouent un rôle majeur dans les cycles biogéochimiques et donc dans la qualité de l'eau et des sols. Il semble ainsi essentiel de comprendre le devenir des antibiotiques dans l'environnement pour mieux appréhender les impacts sanitaires et environnementaux qu'ils provoquent. L'antibiorésistance est une problématique sanitaire majeure qui nécessite le développement de nouveaux antibiotiques efficaces contre les bactéries pathogènes et qui n'induisent pas d'antibiorésistance. Le projet NAILR, au sein duquel s'inscrit la thèse, a pour objectif de caractériser le potentiel clinique de 4 molécules à effet antibiotique développées par l'un des partenaires du projet. Lesdits antibiotiques sont des pseudopeptiques cycliques : les Peps. Ces molécules peptidomimétiques sont dérivées de peptides antimicrobiens, des protéines synthétisées par les organismes pour se défendre contre les infections bactériennes. Les Peps ont subi des tests préliminaires d'activité antimicrobienne et de toxicité qui se sont avérés prometteurs. L'objectif de la thèse est d'évaluer leurs devenirs environnementaux et leurs effets sur les communautés microbiennes naturelles dans l'optique de développer des antibiotiques qui n'engendrent pas d'effets néfastes. Dans l'environnement, les antibiotiques et les PT subissent des mécanismes d'atténuation naturelle qui déterminent leur persistance dans les milieux (hydrolyse, photolyse, biodégradation, adsorption). Dans un premier temps, la stabilité des Peps sera évaluée en batch. Les méthodologies développées à cette échelle d'expérimentation simple permettront d'isoler les mécanismes d'atténuation pour les étudier séparément. Les cinétiques de réaction, les voies de dégradation et les PT formés seront ainsi caractérisés pour chaque mécanisme sous différentes conditions environnementales. Les concentrations des Peps seront mesurées par LC-MS/MS et les PT ainsi que les voies de dégradation seront caractérisés par LC-HRMS. Des expérimentations en chemostats réalisées au sein d'un laboratoire partenaire permettront d'évaluer l'impact des Peps sur les communautés microbiennes. Ces deux approches simples représentent mal les milieux naturels. L'utilisation de mésocosmes, une échelle d'expérimentation plus représentative de l'environnement mais aussi plus complexe est donc nécessaire. Les expérimentations en batch et en chemostats permettront alors d'interpréter les résultats obtenus dans les mésocosmes tandis que cette seconde échelle rendra compte du devenir environnemental des molécules et de leurs PT ainsi que de leurs impacts sur les communautés microbiennes. Ces différentes échelles sont donc complémentaires. Les résultats des travaux contribueront ainsi à l'évaluation des risques environnementaux si les Peps sont commercialisés.