Production et réception effective des représentations d'enfants non blancs dans les albums jeunesse publiés en France entre 2010 et 2023.
Auteur / Autrice : | Sarah Ghelam |
Direction : | Cendrine Marro, Claire Cossee |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences sociales |
Date : | Inscription en doctorat le 29/11/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LIRTES - Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et des pratiques sociales |
Mots clés
Résumé
Nous souhaitons dans cette thèse nous intéresser à la production des albums jeunesse publiés en France entre 2010 et 2023 avec au moins un personnage d'enfant non blanc, ainsi qu'à la réception effective de ces albums en fonction des représentations disponibles à l'intérieur de ceux-ci. Il s'agira d'étudier les représentations disponibles de personnages d'enfants non blanc à l'intérieur des albums jeunesse, la production éditoriale de ces albums, et la réception effective de ces albums selon les types de représentations. Ce présent projet vise à déterminer d'un côté pour quel enfant lecteur modèle (Eco, 1985) les éditeurs et éditrices publient des albums ayant un ou plusieurs personnages d'enfant non blancs ; de l'autre, quelles sont les réceptions effectives de ces albums par les enfants lecteurs. Il s'agit de mettre à l'épreuve l'idée qu'il serait nécessaire, ou non, pour l'enfant lecteur d'être représenté dans les albums mis à sa disposition. A travers un ensemble de journées professionnelles et de revues spécialisées, de nombreux discours ont été produits sur la non nécessité d'une meilleure représentativité. Pierre Bruno, tout en étudiant les stéréotypes racistes en littérature jeunesse (Bruno, 2014), se permet dans un article médiatique de supposer que les enfants Noirs n'auraient pas besoin de se voir représenter, Donald Trump ayant été élu par un électorat Noir (Bruno, 2020). Aux assises de la littérature jeunesse c'est Joanna Nowicki, professeur des université et directrice d'un master d'édition qui s'est permise d'introduire une table-ronde par un discours sur les dangers de la cancel culture. Pendant cette table-ronde, face à une auteure Noire qui disait avoir souffert de n'avoir jamais été représentée, elle s'est permise de dire qu'elle n'avait jamais ressenti le besoin d'être représentée, et donc qu'il ne s'agissait pas d'un réel besoin. Il s'agira pour nous de mettre à distance les positions des adultes sur l'enfance et la lecture, pour déterminer les réels besoins et pratiques des enfants lecteurs. A cette fin, nous devons déterminer la capacité des enfants à assigner une identité sociale de race à un personnage fictif illustré. Sur base de quels signes et à partir de quel âge les enfants seraient en mesure d'assigner une identité sociale de race à un personnage fictif illustré ? Ces identités sociales de race sont-elles les mêmes chez les enfants que chez les adultes ? Cette capacité d'assignation racialisante est-elle là-même selon la classe sociale, le genre, l'expérience vécue d'assignation racialisante des enfants lecteurs ? Dans la continuité des travaux sur les pratiques de lecture différenciées selon la classe sociale des enfants lecteurs, il nous semble que la capacité d'assignation racialisante des enfants lecteurs variera selon plusieurs facteurs et affectera la réception effective des albums jeunesse ayant un ou plusieurs personnages d'enfants non blancs. L'idée centrale, est, que pour s'identifier à un personnage non blanc en étant soi-même non blanc, il est nécessaire d'acquérir certaines compétences de lecture de l'image et d'avoir intégré certaines normes sociales de race. Il faut être capable d'identifier la colorisation du personnage et la lier à une identité sociale de race connue. Notre hypothèse principale est, autrement dit, que le fait de se reconnaître dans le personnage qui nous ressemble ne serait pas forcément une expérience de lecture partagée par l'ensemble des enfants lecteurs quel que soit l'âge, la classe, le genre, l'expérience vécue d'assignation racialisante.