l'EQUITABLE DANS LA VENTE INTERNATIONALE DES PRODUITS AGRICOLES
Auteur / Autrice : | Elisée Silue |
Direction : | Isabelle Barrière-Brousse |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | En droit spécialité Droit privé |
Date : | Inscription en doctorat le 07/01/2019 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences Juridiques et Politiques (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LDPSC - Laboratoire de droit privé et sciences criminelles |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
SUJET: L'EQUITABLE DANS LA VENTE INTERNATIONALE DES PRODUITS AGRICOLES « Car le bien est assurément aimable même pour un individu isolé, mais il est plus beau et plus divin appliqué à une nation ou à des cités » . Dans le même sens que Aristote, l'on admet que la fin de toute cité c'est une vie heureuse . Pourtant, se convaincre d'être au service et faire plaisir aux autres ou être 'juste'' relève d'un grand sens d'humanisme et d'humanité. Cette bonté dans les relations humaines peut être perçue comme le bon sens, la morale ou l'éthique. Sauf que dans le monde des affaires, la bonté semble être un mot inconnu. C'est à croire que le slogan qui prévaut dans les relations économiques est : « abandonne toute bonté, toi qui pénètres ici ! ». Dit autrement, la morale ou l'éthique semble incompatible au monde des affaires. Dès lors, l'éthique pour ce qui nous intéresse est définie par le Doyen Cornu comme étant « l'ensemble de principes et valeurs guidant des comportements sociaux et professionnels, et inspirant des règles déontologiques ou juridiques » . Vu sous cet angle, l'éthique semble ne pas se distinguer de la morale. C'est la position de certains auteurs comme Philippe FOUCHARD . On peut dire qu'elle est la sur jumelle de la morale du fait que ce sont deux mots étymologiquement très proches. La morale est tournée vers le for intérieur de l'individu laissé devant sa bonne ou mauvaise conscience. Elle est à cheval entre le bien et le mal. Tandis que l'éthique, tournée vers l'extérieur. On distingue clairement ce qui est bon de ce qui est mauvais et est considérée comme une morale collective . L'éthique est donc, selon la définition du Professeur TERCIER « ce qui se fait ou ce qui ne se fait pas, ce qui doit se faire ou ne pas se faire. Seulement, peu importe que l'éthique se distingue de la morale ou non. La réalité est que les relations économiques internationales et l'éthique sont teintées d'un vif antagonisme . A ce propos, P. FOUCHARD disait que « toute contrainte inspirée d'idéaux de justice sociale ou de protection des personnes nuirait à l'efficacité économique » . De fait, pendant longtemps, un courant de pensé Ultra-capitalise a estimé que l'argent prime sur tout. « L'éthique est le frein des perdants, la protection des vaincus, la justification morale de ceux qui n'ont pas su tout miser et tout rafler1 ». Telle est la vision extrémiste des « mafieux entrepreneurs » . Mais, aujourd'hui, malgré de telles positions, assez fréquentes dans le milieu des affaires, de nouveaux paradigmes sont en train de s'imposer dans les relations économiques internationales. De nouvelles demandes sont adressées aux grandes entreprises ; se réclamant d'un trait commun : l'éthique . Le monde des affaires a longtemps été considéré comme un no man's land éthique, favorisant l'accroissement et la multiplication des dérives de tous genres. Cependant, Face à cela on assiste depuis quelques années à un retour en force de la morale au premier plan des préoccupations de l'époque sous la forme de l'éthique tendant à réparer les dérives constatées . En clair, les entreprises mettent de plus en plus de l'éthique dans leurs relations d'affaires. Quid de la vente internationale ? Le Système économique contemporain est dominé par le commerce. Et,naturellement, les relations d'affaires ne se limitent plus aux frontières de nos Etats ou d'une région. Mais, bien au contraire, traversent les frontières . Et, l'opération de vente est sans aucun doute l'opération la plus aboutit et développée du commerce international. Parce que cette aventure humaine traverse « les flux et les reflux par-dessus les frontières » . » c'est-à-dire est par essence, une opération qui traverse les frontières . Au même titre qu'elle a historiquement permis le développement du commerce, elle est l'un des outils majeurs qui parachèvent la mondialisation des économies. Ainsi, on retrouve la notion de vente internationale au frontispice de la convention des Nations Unies sur a vente internationale de marchandise. Également au livre III de l'acte Uniforme sur le droit commercial Général ; sous l'appellation de vente commerciale. Précisons que la vente commerciale est considérée comme le fleuron de l'acte Uniforme précité et la vitrine de l'OHADA . Il est important de mentionner que le contrat de vente internationale n'a pas été défini par la CVIM. L'on se réfère à la doctrine et/ ou les définitions de l'ordre interne des états. Bien qu'ayant ses propres règles, la vente internationale (de marchandise pour ce qui nous concerne) s'inscrit dans la grande famille des contrats internationaux. Mais, dans la délimitation du commerce international. Le commerce international s'entend du fruit d'activités de caractère économique effectuées le plus souvent par des professionnels ou parfois par des Etats ou entités publiques en faisant appel à un élément d'extranéité A toutes fins utiles, précisons que le commerce international se distingue du droit international privé à plusieurs points. Les opérations du commerce international se prêtent aisément à une règlementation matérielle uniformisée différente du droit international privé qui est plus marqué par les particularismes sociaux, linguistiques et culturels (filiations, mariage et successions). Ainsi, dans le cadre du commerce international, il est fréquemment possible d'adopter par voie de convention un droit matériel (c'est-à-dire une réglementation de fond) qui régit une situation sans que celle-ci ne soit organisée par une règle nationale . Cela se manifeste par les opérations qui existent internationalement dans le cadre du commerce international. Et non pas en référence aux droits nationaux comme en est le cas du droit international Privé . Exemple la convention de vienne du 11 Avril 1980 sur la vente internationale des marchandises. Également, les règles du droit du commerce international sont essentiellement sectorielles. C'est-à-dire qu'elles s'étudient avec le droit du secteur concerné (droit de la vente, droit du transport) Le champ d'application de la vente internationale de la marchandise est vaste (art 4 et suivants de la CVIM). Objet et délimitation de l'étude_ Dans le cadre de notre thèse, nous faisons le choix de ne traiter que de la vente internationale des produits agricoles. Soit l'éthique dans la vente internationale des produits agricoles. La raison est que les relations économiques entre les pays du nord et du sud ; spécifiquement de l'Afrique sub-saharienne sont basées sur les produits agricoles. C'est le cas de la Cote d'Ivoire dont 40% de son Cacao dans la production mondiale et plus de 50% de sa population active dans le secteur agricole. Pour dire que son économie repose sur la commercialisation de ses matières premières. En témoigne le slogan national hérité du premier président de la Cote d'Ivoire « le succès du pays repose sur l'agriculture » . Pour traduire sa politique agricole volontariste. Ainsi dans ces relations économiques internationales, l'on constate une forte domination des filières de production et de distribution des produits agricoles par les firmes multinationales. L'écart croissant entre le prix versé aux agriculteurs du sud et les prix à la consommation dans les pays du nord, les conditions de vie exécrables des producteurs agricoles, etc. En effet, depuis trois décennies, la chute continue des prix des matières premières à long terme a provoqué l'exclusion de millions de petits agriculteurs des pays du sud. De 1997 à 2001, les prix des produits de base ont baissé de 53% de leur valeur réelle et cette chute s'est accrue par la suite . Soixante (60) ans depuis les indépendances, les producteurs des pays de l'Afrique subsaharienne parviennent difficilement à vivre de leurs productions. Et au fil des années, la situation va de charybde en scylla. L'espoir d'un lendemain meilleur est la chose la mieux partagée des agriculteurs. En effet, dans les relations économiques internationales, l'on constate une forte domination des filières de production et de distribution des produits agricoles par les firmes multinationales. L'écart croissant entre le prix versé aux agriculteurs du sud et les prix à la consommation dans les pays du nord, les conditions de vie exécrables des producteurs agricoles sont autant de raisons de s'alarmer. De fait, depuis trois décennies, la chute continue des prix des matières premières à long terme a provoqué l'exclusion de millions de petits agriculteurs des pays du sud. De 1997 à 2001, les prix des produits de base ont baissé de 53% de leur valeur réelle et cette chute s'est accrue par la suite . Face à cette situation, inviter l'éthique au banquet du commerce international est devenu plus qu'un impératif. Le commerce équitable est justement une forte dose de la morale dans le domaine du droit et du profit. Pourtant, en vue d'assurer une sécurité juridique dans les transactions économiques qui s'opèrent en Afrique sub-saharienne, a été institué un appareil communautaire du droit des affaires qui est l'OHADA . Elle est une institution sous régionale d'intégration juridique entre ses pays membres. L'OHADA procède par l'adoption d'Actes Uniformes (ci-après AU) qui sont des règles juridiques communes répondant aux réalités économiques des états membres et adaptés à l'environnement économique international. Directement applicables dans les Etats parties ; les AU sont au nombre de dix (10) et sont consacrés à de diverses matières en lien avec le droit des affaires. Et son outil prédominant est le contrat de vente. La vente est « un contrat par lequel une personne, le vendeur, transfère ou s'engage à transférer un bien à une autre personne, l'acheteur, qui a l'obligation d'en verser le prix en argent » . Cette définition semble être celle retenue par le législateur français. De même que les législations internes des Etats membres de l'OHADA. Les législations nationales telles que le Sénégal définissent la vente comme « le contrat par lequel le vendeur s'engage à transférer la propriété d'une chose corporelle ou incorporelle à l'acquéreur, moyennant un juste prix en argent » . Remarquons que la vente n'a pas été définie par la CIVM. Non plus, par le législateur OHADA. Cela s'expliquerait par une définition plus délicate de la vente internationale, selon le Professeur Vincent HEUZE. Il mentionne à propos du caractère international ce qui oblige à qualifier d'international tout contrat qui « par les actes concernant sa conclusion ou son exécution ou la situation des parties quant à leur nationalité ou leur domicile, ou la localisation de son objet, à des liens avec plus d'un système juridique » . La notion de marchandise retenue par la convention de Vienne est toute aussi imprécise que celle « d'objet mobiliers corporels » retenue par les précédents traités internationaux, à raison de difficultés rencontrées pour trouver en langue anglaise une traduction satisfaisante de cette dernière expression . ; grand spécialiste Français du droit des suretés par ailleurs membre de la L'intérêt d'une étude comparée_ Notre démarche consistera à appréhender tous les contours de la vente au sens du droit OHADA et du droit international à savoir les conventions internationales. Et promouvoir l'éthique ou la solidarité universelle dans la vente internationale de produits agricoles. On pourrait alors se demander pourquoi étudier la vente internationale sous l'angle de plusieurs ordres juridiques différents alors que le choix de l'un de ces systèmes juridiques a priori suffirait à rendre compte de la question ? La raison est toute simple. D'abord, il faut éviter de tomber dans le chauvinisme juridique qui consiste à mettre en avant la souveraineté des Etats ou les particularismes sociaux pour prétexter ne comprendre un concept donné que dans le système juridique qui l'a institué. Tant s'en faut, le droit comparé ainsi que le soulignait le professeur Gérard FARJAT est « le plus court chemin pour la compréhension des phénomènes juridiques nationaux » . Paradoxalement, le recours à des institutions étrangères peut s'avérer utile voire même indispensable pour une bonne compréhension des concepts internes. En plus, viennent s'ajouter des raisons historiques. En effet, la quasi-totalité des Pays membres de l'espace OHADA sont des anciennes colonies françaises. De ce fait, ils conservent avec la France des liens très forts tant au niveau politique que juridique. A preuve le défunt projet d'acte uniforme sur les contrats ou l'Acte uniforme sur les suretés adopté par les Etats membres est largement inspiré des récentes lois françaises dans le domaine des suretés. Il s'agit de la reforme issue de l'ordonnance n°2006-346 du 23 mars 2006 reformant le droit des suretés, puis de la loi n° 2007-211 du 19 février 2007 sur la fiducie et aussi de l'ordonnance n° 2009-112 du 30 janvier 2009 . Les rédacteurs de l'Acte Uniforme sur les Suretés, pour ne citer que cet acte uniforme, ce sont même inspirés de la commission Grimaldi chargée de reformer le droit des suretés en France A la vérité, il ne pouvait être autrement quand on sait que la commission d'experts en charge de réviser l'Acte Uniforme de 1997 était présidée par Pierre Croc; président la commission Grimaldi. Ainsi, les actes uniformes dans leur ensemble et le droit africain en général sont très proches du droit français. Même s'il reste cependant que l'OHADA a su prendre ses distances sur certaines questions. Du compte rendu de nos lecture, l'analyse de la vente au regard du droit international et du droit OHADA impose qu'une attention particulière se pose sur les sources et lois applicables à la vente puis la méthode ou mode de règlement découlant de la vente internationale dans les différents ordres juridiques précités. Problématique_La réflexion menée consiste à avoir des réponses ou ébauches de solution sur les questions suivantes : Dans cet espace communautaire juridique, l'éthique occupe une place de choix. Dit autrement ? Quel est l'apport du droit OHADA dans la promotion de l'éthique dans les relations commerciales entre ses Etats membres et les pays du nord ? Mais avant, au vu de ces rapports économiques déséquilibrés, quelles sont les mesures prises sur le plan international à l'effet de palier à l'injustice sociale ? A l'analyse, l'on se rend compte que la question de l'éthique dans la vente internationale des produits agricoles apparait comme le phénomène le plus marquant et se révèle comme un enjeu fondamental auquel la communauté scientifique mérite d'apporter un intérêt tout particulier. De plus, l'éthique semble aujourd'hui logée à l'enseigne de la philosophie ; au point que les prétoires des juges et les enceintes de réflexion du législateur semblent se déconnecter de ce principe sacro-saint qu'est l'éthique . Dès lors, la question de l'éthique dans le commerce international est une situation intéressante par ce qu'elle fait appel aux règles de droit, à sociologie, à l'économique et à la philosophie. D'ailleurs, s'il ne faut pas nier les actions menées par les organisations internationales, certains comités scientifiques et certaines législations du nord pour une prise en compte réelle de l'éthique dans les relations économiques. Mais sont-elles suffisantes ? Quid du droit communautaire africain OHADA ? il importe de reconnaitre que l'éthique est un moyen indéniable d'équilibre contractuel dans la vente internationale des produits agricoles (II). Mais avant, la thématique abordée a le mérite d'avoir vocation à révéler les contours de la notion d'éthique dans la vente internationale des produits agricoles (I).