La tradition manuscrite de Chrétien de Troyes, avec édition critique de Erec et Enide

The manuscript tradition of Chrétien de Troyes, with critical edition of Erec et Enide

• Auteur / Autrice : Niccolò Favaretto
• Direction : Frédéric Duval, Lino Leonardi
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire, textes, documents
• Date : Inscription en doctorat le 01/11/2022
• Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Ecole nationale des chartes
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Jean Mabillon
• Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École nationale des chartes (Paris)

Mots clés

Mots clés libres

Tradition manuscrite

Chrétien de Troyes

Édition critique

Erec et Enide

Manuscript tradition

Chrétien de Troyes

Critical edition

Erec et Enide

Résumé

Après l'initiative de Wendelin Foerster d'examiner la tradition des romans de Chrétien de Troyes dans le cadre de ses éditions critiques, la célèbre monographie d'Alexandre Micha de 1939, concluant par une exhortation à la ''méthode du contrôle'' et promouvant la leçon de la copie Guiot, a eu d'importantes répercussions dans le domaine éditorial. Depuis les années 1950, les éditions basées sur la copie Guiot se sont multipliées, à commencer par les volumes du CFMA, qui s'attachent à une fidélité sans faille au texte du ms. Les exceptions à cette pratique sont rares, de même que les efforts visant à une analyse de l'ensemble des problèmes philologiques. Je me propose de reprendre l'examen de la varia lectio d'un point de vue qui ne soit pas préjudiciablement opposé au classement des mss. et avec des outils méthodologiquement à jour. Pour une vérification des classements proposés jusqu'ici, le point de départ est constitué par les variantes enregistrées dans les apparats des éditions. Cependant, comme je l'ai moi-même constaté, les apparats de Foerster ne sont pas toujours fiables, et une vérification directe sur les mss. est donc nécessaire, facilitée par les transcriptions complètes en ligne et les reproductions numériques des mss. Pour une détermination aussi fondée que possible des classements, il serait évidemment nécessaire de procéder à une collation systématique de tous les témoins ; un travail de cette ampleur nécessite l'adoption de la méthode des loci critici. Les analyses visant à comprendre les motivations formelles des copistes et, par conséquent, la nature des diffractions, très fréquentes et souvent désorientantes, permettent parfois d'entrevoir la leçon originale, qu'elle soit présente ou absente. Une telle approche s'appliquera de manière appropriée à l'étude des différentes traditions, en tant qu'outil utile non seulement pour la rationalisation de la variance, mais aussi pour l'encadrement des différentes attitudes de copie. Dans cette perspective, il sera peut-être possible de décrire la dispersion des variantes comme le résultat d'options interprétatives prises par des copistes individuels. Lorsqu'il existe une systématicité de ces options, et donc une attitude globale plus ou moins définie du copiste par rapport à ce qu'il transcrit, l'analyse des variantes en tirerait un immense profit. L'approche devrait s'étendre aux faits sémantico-lexicaux, de la mécanique de la copie, de la langue et de la prosodie, du style, des ajouts et des omissions, de la gestion narrative, etc. Les résultats dans cette direction de recherche sont doublement favorables puisqu'ils pourront bénéficier de comparaisons avec des œuvres voisines, tant sur le plan littéraire que sur le plan matériel. Il s'agit de rechercher une correspondance entre les données issues de nos examens et celles relatives à la tradition des textes qui partagent avec les romans de Chrétien l'appartenance au genre, certains traits stylistico-formels et/ou les mêmes témoins. Mon projet comprend également la préparation d'une nouvelle édition critique d'Erec et Enide, peut-être le plus négligé des romans d'un point de vue philologique, mais qui, étant donné la nature de sa tradition, se prête bien non seulement à l'exercice éditorial, mais aussi à la mise en œuvre des méthodes d'analyse exposées jusqu'à présent. La perspective théorique-méthodologique générale et la perspective pratique-éditoriale particulière seront ainsi combinées et bénéficieront l'une de l'autre.

Following Wendelin Foerster's initiative in examining the tradition of the romans of Chrétien de Troyes as part of his critical editions, Alexandre Micha's famous work of 1939, leading to an exhortation to the ''method of control'' and promoting the Guiot copy, had major repercussions in the editorial field. Since the 1950s, there has been a proliferation of editions based on the Guiot copy, starting with the volumes published by the CFMA. Exceptions to this practice are rare, as are efforts to analyse all the philological problems. I propose to resume the examination of the varia lectio from a point of view that is not prejudicially opposed to the classification of the mss. and with methodologically up-to-date tools. The starting point for a verification of the classifications proposed so far consists of the variants recorded in the editions. However, Foerster's apparatuses are not always reliable, and direct verification on the mss. is therefore necessary, facilitated by complete online transcriptions and digital reproductions of the mss. In order to determine the classifications as accurately as possible, it would obviously be necessary to carry out a systematic collation of all the witnesses; work on this scale requires the adoption of the loci critici method. Analyses aimed at understanding the formal motivations of copyists and, consequently, the nature of diffractions, which are very frequent and often disorientating, sometimes make it possible to find the original lesson, whether present or absent. Such an approach would be well suited to the study of different traditions, as a useful tool not only for rationalising variance, but also for framing different copying attitudes. From this perspective, it may be possible to describe the dispersion of variants as the result of interpretative options taken by individual copyists. When these options are systematic, and there is therefore a more or less defined overall attitude on the part of the copyist in relation to what he is transcribing, the analysis of variants would benefit immensely. The approach should extend to semantic-lexical facts, the mechanics of copying, language and prosody, style, additions and omissions, narrative management, and so on. The results are doubly favourable since they will benefit from comparisons with other works. The aim is to seek a correspondence between the data obtained from our examinations and those relating to the tradition of texts which share with Chrétien's romans the genre, certain stylistic-formal features and/or the same mss. My project also includes the preparation of a new critical edition of Erec et Enide, perhaps the most neglected of the romans from a philological point of view, but which, given the nature of its tradition, lends itself well not only to the editorial exercise, but also to the application of the methods of analysis outlined so far. The general theoretical-methodological perspective and the specific practical-editorial perspective will thus be combined and will benefit from each other.