Thèse en cours

La Beauté aux échecs

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Auteur / Autrice : Benjamin Defromont
Direction : Gabrielle Radica
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs, Textes, langages

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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Définir la beauté est un problème majeur de la tradition philosophique. L'entreprise est notamment rendue difficile du fait de la pluralité des significations assumées par le terme « beau » en fonction des contextes dans lesquels il est utilisé et des usages qui en sont faits. Le mot n'a ainsi pas le même sens selon qu'on parle d'une belle œuvre d'art, d'un beau match, d'un bel animal, ou encore d'un beau bébé. En outre, la beauté est, aussi bien dans le langage courant que dans les écrits philosophiques, presque inévitablement associée à des considérations morales, depuis les transcendantaux tirés de Platon et développés par la scolastique jusqu'à la substitution de la formule de politesse « bonne journée » par « belle journée », qui s'observe désormais couramment dans la langue française. Parmi les domaines dans lesquels se croisent les multiples acceptions du mot « beauté », les échecs occupent une position privilégiée. En effet, à la fois jeu, art, sport, science, ils permettent, de par leur nature plurielle, aux différentes significations du terme de se cristalliser, autorisant ainsi leur comparaison au sein d'un même objet d'étude. Les échecs se scindent en plusieurs branches, elles-mêmes divisibles en une infinité de ramifications, qui correspondent à autant de manières de pratiquer la discipline. Toutes cependant convoquent le vocabulaire de la beauté. On distingue notamment la Partie et le Problème. Dans le premier cas, on a affaire à deux joueurs qui s'affrontent. Dans le second, à un compositeur qui crée une position de toutes pièces, à destination d'un solutionniste. Dans son ouvrage Les prix de beauté aux échecs, François Le Lionnais consacre un chapitre entier à la question suivante : qu'est-ce qu'une belle partie d'échecs ? Pour y répondre, il établit une liste de critères, qui comprend la correction, la difficulté, la vivacité, l'originalité, la richesse, et l'unité logique. Dans le domaine du Problème d'échecs, bien que toujours efficients, ces critères semblent cependant différer légèrement. Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse de parties ou de problèmes, on observe surtout qu'aux échecs la question de la beauté est tributaire d'une histoire dont il est possible de retracer les grands jalons. C'est pourquoi c'est avant tout à travers l'étude des sources primaires, c'est-à-dire des manuscrits et traités concernant le Noble Jeu rédigés au Moyen-Âge et à la Renaissance, que je chercherai à dégager des éléments de définition de la beauté appliquée aux échecs, en m'attachant à restituer la pluralité des discours. Il s'agira ensuite de confronter ce premier résultat à l'évolution de la discipline au cours des quatre derniers siècles, tant en ce qui concerne la Partie que le Problème. La synthèse de ces études théorique et technique me permettra, enfin, d'évaluer la pertinence, dans le domaine des échecs, des définitions philosophiques du Beau, des Présocratiques à Diderot. On voit ici l'ampleur du projet qui s'inscrit dans une approche interdisciplinaire, à la croisée entre philosophie, sciences et histoire et qui sera l'occasion de proposer un autre regard sur les échecs, à une époque où ceux-ci, la plupart du temps ramenés à une fonction de modèles d'anticipation stratégique dans le cadre d'une démarche managériale, voient leur beauté réduite à leur seule efficacité.