Thèse en cours

Sémiotique de la gouvernance urbaine

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Auteur / Autrice : Ehsan Vahidtari
Direction : Jacques FontanilleLloveria Vivien
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage mention Sémiotique
Date : Inscription en doctorat le 06/12/2023
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures, Sciences de l’Homme et de la Société (Limoges ; 2022-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches Sémiotiques

Résumé

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Sémiotique de la gouvernance urbaine : élaborer l'espace à partir des traits humains à l'ère numérique 1- La problématique et la question principale Selon de nombreux sociologues urbains et urbanistes, le XXIe siècle est le siècle de l'urbanisme car pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, près de 70 pour cent de la population mondiale vivra dans des villes. (Gottdiener et al, 2015 ; Burgel, 2012 ; Rosling et al, 2018) C'est pourquoi Guy Burgel (2012) a appelé le XXIe siècle le Siècle de l'Urbanisme. Ainsi, lorsque nous parlons de l'endroit où vit l'homme du 21ème siècle, la "ville" est la forme dominante qui lui est associée. Cependant, l'état de la vie urbaine contemporaine n'est pas bon, surtout dans les grandes villes. En fait, malgré le développement de nombreuses commodités telles que le confort, la mobilité, l'hygiène, etc., les acteurs collectifs des 19ème et 20ème siècles avaient une vision imaginaire de la ville du futur qui a conduit à de grandes crises (telles que la densité extrême horizontal et vertical des espaces de vie, la circulation intense, la pollution environnementale, l'augmentation des inégalités spatiales, etc.) mettant en danger la vie humaine et l'environnement. Par conséquent, l'imagination et l'action des acteurs urbains n'ont pas réussi à atteindre une coordination acceptable entre les forces de la vie collective et leur environnement. Par conséquent, la reconstruction des villes dans le but de faire face aux crises et de sauver ce qui reste est la mission principale des villes du futur. (Dobraszczyk, 2019 ; Ameel, 2021 ; Haas et Olsson, 2014) Mais l'histoire ne se termine pas là. Le monde du XXIe siècle est un monde de révolution numérique. L'émergence et la convergence d'environ 13 nouvelles technologies, dont l'intelligence artificielle est à la tête, ont placé l'humanité dans une situation inconnue et incertaine quant à l'avenir de la vie humaine et sociale (Kissinger et al, 2021 ; Schwab, 2018 ; Castells, 2009) et par conséquent des modes de vie urbains ; un monde que l'on peut appeler « le monde post-Tofflérien », c'est-à-dire la quatrième vague de civilisation. Ainsi, les équations régissant le comportement collectif ont changé. D'un côté, nous sommes confrontés à l'explosion des références de production de sens (réseaux sociaux, médias personnels, médias anonymes, explosion de l'information et accès à une multitude de ressources, etc.). D'un autre côté, de nombreuses organisations (petites et grandes), start-ups et entreprises sans bureau et entièrement en ligne, concourent pour proposer leurs valeurs et conquérir le marché et l'attention des clients (à savoir l'explosion de production de valeurs). Cette situation a provoqué une production d'espace urbain (qui était auparavant dirigée de haut en bas et sous le contrôle de la gouvernance urbaine) pour passer à une production d'en bas vers le haut. Ce sujet a rendu le travail de la gouvernance urbaine très difficile en tant que régulateur, coordinateur, guide et contrôleur du mouvement vers la ville du futur. (Dameri, 2017; Kim et al, 2021 ; Haas et Olsson, 2014 ) En d'autres termes, maintenant, en plus des autres crises contemporaines, la crise du rôle et de la position de la gouvernance urbaine dans la coordination des imaginations, des comportements et des interventions des acteurs collectifs urbains est au centre de l'attention. Néanmoins, nous savons que nous sommes en permanence immergés dans des mondes de sens. Telle est notre condition, telle est notre existence en tant qu'hommes. (Fontanille et Couégnas, 2018) C'est pourquoi, sans doute, toutes les solutions et les stratégies afin de répondre à cette problématique ont la dimension sémiotique. Ainsi donc, la question principale est de savoir comment les nouvelles avancées en sémiotique, en particulier celle de la phénoménologie et de l'anthroposémiotique, pourraient-elles être à la disposition de la gouvernance urbaine pour le développement de la ville durable et la lutte contre les crises urbaines aujourd'hui et demain ? Autrement dit, comment peut-on améliorer le rôle et les outils de la gouvernance urbaine en vue d'une meilleure mobilisation des acteurs urbains du point de vue de l'organisation sémiotique de l'espace. 2- l'hypothèse et les objectifs Le tournant narratif dans l'urbanisme (Ameel, 2021), le tournant discursif dans la gestion (Tovstiga, 2015), le changement d'approche socio-culturel envers la ville intelligente (Kim et al, 2021) et le passage vers les structures anthroposémiotiques et particulièrement la vie urbaine en tant que sujet interprétatif et culturel a conduit à la production des biens et la proposition de services et des solutions considérées comme la production et la proposition de nouvelles « valeurs ». (Kotler et al, 2010 ; Oswald, 2015 ; Tovstiga, 2015 ; Schwab, 2018 ; Mondini et al, 2020 ; Kim et al, 2021) L'acquisition de telles valeurs poussent les acteurs sociaux à se rivaliser. En conséquence, la ville devient un écosystème axiologique où l'emplacement des systèmes de valeurs est en conflit. L'ignorance de cette réalité dans la gestion organisationnelle et urbaine a conduit à la confrontation avec les problèmes et les crises urbaines sous forme de plans, de solutions et d'actions dispersés, fragmentés et incohérents. Ces actions ont été principalement basés sur des perspectives quantitatives, techniques d'ingénierie et technologiques. Par conséquent, il semble que le passage à une approche axiologique et anthroposémiotiques offrirait la stratégie principale de la gouvernance urbaine pour les villes d'aujourd'hui et de demain. Ainsi, des modèles et des outils sémiotiques développés en France (en particulier les théories de l'anthroposémiotique proposées par J. Fontanille, la sémiotique tensive de Zilberberg-Fontanille, la sémiotique des interactions de E. Landowski et les travaux récents de D. Bertrand) nous offriraient une méthodologie bien solide permettant d'examiner l'espace urbain comme lieu des valeurs toujours fluides et en transitions. Ainsi, selon une approche sémiotique et discursive, l'hypothèse principale de cette recherche repose sur le fait que la production et la gestion de l'espace urbain peuvent réduire la dispersion et la fragmentation des projets et mettraient en place des initiatives tout en orientant les systèmes de valeurs et culturels vers une plus grande participation et convergence des acteurs. Cependant, étant donné que l'espace urbain est constitué de plusieurs couches de systèmes de valeurs variées, il semble que la gouvernance urbaine pourrait les agencer et les faire converger, d'abord dans chaque site urbain, puis dans un réseau urbain qui est naturellement dynamique, hétérogène et complexe. Par conséquent, elle devrait constamment retracer les traces spatiales et identifier les écarts sémiotiques entre les acteurs urbains (humains et non-humains) pour ensuite tenter d'améliorer le réseau sémiotique urbain. Inspiré d'un célèbre modèle de gestion, nous pourrions appeler ce rôle clé de la gouvernance urbaine « l'amélioration continue de la sémiotique de l'espace urbain ». Dans un livre intitulé Sémiotique de l'espace urbain et de l'architecture : vers une gouvernance du sens et de la valeur (à paraître), Shairi et moi-même, nous avons pu dégager les 14 catégories de valeurs spatiales identifiés et classés dans l'espace urbain. Ces catégories de valeur construisent trois continuums cognitivo-émotionnels, à savoir les continuums de la protection-insécurité, du confort-malaise et du plaisir-dégoût, qui guident les flux narratifs et tensifs de la vie urbaine. Mais dans ce projet de recherche, je vise à déplacer le focus de l'analyse vers les mécanismes de la production sémiotique de l'espace urbain, tout en examinant et en développant les catégories de valeurs anthroposémiotiques (à la fois interne et externe dans l'espace urbain). C'est pourquoi dans une première étape, j'ai placé la gouvernance urbaine en tant qu'acteur principal de ce processus afin de me concentrer sur le rôle discursif qu'elle joue dans les mécanismes de la confrontation sémantique avec les crises urbaines actuelles. Mon objectif principal en tant que résultat de ce projet de recherche est de présenter un modèle sémiotique applicable pour une utilisation dans la boîte à outils de la gouvernance urbaine. 3- Les destinataires Les autorités municipales, les institutions et centres de recherche en urbanisme et architecture, les entreprises d'architecture et d'urbanisme, les entreprises de design, les entreprises TIC, les organisations impliquées dans la fourniture de plates-formes et de solutions pour les villes intelligentes, les organisations politiques dans la vie publique, les concepteurs et les gestionnaires de métavers et autres espaces virtuels urbains. 4- La méthodologie Afin d'éviter de faire des analyses entièrement abstraites, il est proposé d'utiliser comme corpus la ville de Téhéran, la capitale de l'Iran, qui est confrontée à de nombreux défis et crises des mégalopoles contemporaines, ainsi que la zone historique de la ville Ispahan, qui a connu un développement et une évolution depuis l'époque safavide jusqu'à nos jours. La méthodologie sémiotique permettra d'examiner les systèmes de valeurs urbaines en conflit et toujours soumis au risque d'une perte existentielle en raison d'une surcharge technologique et des intérêts économiques. Pour atteindre cet objectif, il semble qu'il est nécessaire d'analyser d'abord un site urbain sélectionné, puis de l'associer aux autres dans un réseau urbain connecté. Enfin, des stratégies et des outils doivent être élaborés pour améliorer le système axiologique et sémantique du site par rapport au réseau. L'objectif principal de cette recherche serait celui de la présentation d'un modèle permettant de compléter les mécanismes de la gouvernance urbaine dans le domaine socio-culturel et anthroposémiotique axé sur l'enjeu axiologique et culturel. Par conséquent, pour atteindre ce but, une analyse sémiotique des techniques de discipline, de gestion telles que la gestion des risques, la gestion stratégique, la gestion du changement et la gestion des communications seront prises en considération.