Physiopathologie du coup de chaleur d'exercice
Auteur / Autrice : | Clara Charpentier |
Direction : | Julien Faure |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Neurosciences - Neurobiologie |
Date : | Inscription en doctorat le 16/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Grenoble Institut des Neurosciences |
Equipe de recherche : Myologie et Pathologies - CSV |
Mots clés
Résumé
L'hyperthermie d'effort (HE) se manifeste par une forme spécifique de crise d'hyperthermie lors d'activités physiques intenses chez des individus jeunes et en bonne santé. Elle est définie par une élévation anormale et incontrolée de la température corporelle impliquant un état hypermétabolique des muscles squelettiques ainsi que des signes neuronaux, allant de la confusion au coma. La crise HE est létale si elle n'est pas traitée, en raison d'un risque de défaillance multiviscérale, et est la troisième causes de décès chez athlètes. L'HE partage de nombreux symptômes avec l'hyperthermie maligne (HM), une maladie pharmacogénétique déclenchée par l'exposition à des anesthésiques halogénés, et principalement due à des mutations du gène RYR1, dont le produit (RyR1) est le canal calcique indispensable à la contraction des muscles squelettiques. Cependant l'HE n'est jusqu'à présent pas caractérisée génétiquement et sa physiopathologie est encore floue. Grâce à des investigations sur une cohorte de militaires ayant souffert d'HE, l'unité de génétique moléculaire du CHUGA et l'équipe « Myologie et Pathologie Cellulaire » (GIN) ont découvert des mutations dans les gènes TRPV1 et CACNA2D4. TRPV1 (Transient Receptor Potential Vanilloid 1) encode un canal cationique non sélectif avec une perméabilité élevée aux ions Ca2+ d'expression ubiquitaire. Il agit comme un nocicepteur, et est activé par une température élevé, un environnement acide, l'étirement membranaire ou des toxines animales. Il a été décrit initialement comme la cible de la capsaïcine, le principe actif du piment. CACNA2D4 code pour la sous-unité 24 des canaux calciques voltage-dépendants. Les quatre isoformes connues de 2 sont impliquées dans le contrôle des canaux calciques voltage-dépendant, tels que le canal Cav1.1 qui est un composant essentiel du processus d'excitation-contraction dans le muscle squelettique. L'activation de Cav1.1 suite à une dépolarisation du sarcolemme induit directement l'ouverture du canal RyR1, induisant la libération massive de calcium intracellulaire nécessaire à la contraction musculaire. L'équipe « Myologie Cellulaire et Pathologie » a produit des modèles de souris knock-in pour une mutation retrouvée chez un patient ayant fait une crise HE dans chacun de ces deux gènes. L'objectif du projet de doctorat est de comprendre la physiopathologie de l'HE grâce à l'étude des muscles squelettiques et du système nerveux central de ces modèles. Des études moléculaires sur des cultures de cellules primaires (cellules musculaires et neurones) permettront de comprendre l'effet de la mutation sur la localisation et la fonction des canaux. L'impact des mutations sur les partenaires moléculaires des deux protéines sera également testé. Des expériences d'imagerie calcique seront réalisées avec des cellules primaires différenciées en culture pour évaluer l'impact des mutations sur la signalisation calcique, et l'effet des agonistes ou antagonistes connus de Trpv1 (résinifera toxin, capsaïcine, chaleur, pH acide) sera étudié. Les modèles de souris knock-in seront également utilisés pour suivre les signes de crise d'HE lors de protocoles d'exercices intenses chez les animaux. L'HE partage des signes cliniques avec l'HM, et la question du risque d'HM pendant l'anesthésie chez les patients ayant fait une crise HE reste aujourd'hui non résolue. La sensibilité aux anesthésiques halogénés des deux modèles de souris K-in HE sera donc également testée. Le projet vise à une meilleure compréhension de la physiopathologie de l'HE, devant aboutir à un rationnel de mise en évidence de cibles thérapeutiques potentielles. Il s'appuie sur les premiers modèles génétiques murins d'HE et impliquera à la fois la physiologie animale et des études moléculaires et cellulaires.