Jeanne Malivel (Loudéac 1895-Rennes 1926), entre renouveau catholique, identité bretonne et liberté d'artiste.
Auteur / Autrice : | Françoise Le goaziou |
Direction : | Isabelle Saint-martin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire et Histoire de l'Art |
Date : | Inscription en doctorat le 01/11/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe |
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
« Être moderne, être novateur, c'était intégrer dans nos aspirations d'aujourd'hui, et, dans notre sensibilité personnelle, l'esprit des métiers, des usages, des vertus, des croyances de l'ancienne France ; appuyer notre spontanéité sur les principes et l'expérience des artisans et des maitres d'autrefois. On retrouve ces idées-là dans les feuillets intimes de Jeanne Malivel. Comme tous les jeunes de ce temps-là, mais avec une ferveur et une fraicheur de sentiment qui lui étaient particulières, elle entrevoyait une renaissance de l'esprit national, et dans l'ordre et la paix, un renouveau catholiques », voilà ce qu'écrivait de Jeanne Malivel Maurice Denis, en septembre 1927, dans la préface de l'ouvrage que la mère de l'artiste avait voulu pour perpétuer l'uvre de sa fille, et qu'Octave-Louis Aubert allait éditer en 1929. L'uvre de Jeanne Malivel est réalisée sur une courte durée, de 1914 à 1926 où elle est arrêtée par la mort. Mais, en douze années, elle a réalisé une uvre abondante, originale et plurielle. Jeanne Malivel est d'abord peintre, formée d'abord en Bretagne, elle va à Paris, fréquente l'Académie Julian et réussit les Beaux-Arts. Elle fréquente quelques temps les Ateliers d'Art Sacré de Maurice Denis et George Desvallières. Mais pour elle, le plus important est la gravure, c'est là qu'elle s'épanouit et trouve l'essentiel des réponses à ses aspirations. Ayant découvert par hasard cette technique, elle se forme en autodidacte, puis devient un des maitres de la discipline. A côté de la peinture et de la gravure, Jeanne Malivel oriente son travail vers la décoration où elle mêle influences modernes et motifs régionaux. Elle a des projets (qu'elle réaliser en partie) pour les céramiques et la poterie : assiettes, plats, raviers, tasses, soucoupes, bolées, sucriers, soupières, pichets et pots à eau, porte-savon, cruches à cidre. Elle dessine des pincettes à feu, des fourchettes et cuillères, en bois, en étain, en argent ou en fer. Elle dessine également des vêtements, du fil à la réalisation en passant par le dessin de mode, prépare des modèles de broderie et de linge de table. Elle ne néglige ni le conte, ni la musique, ni la chanson, elle collecte et envisage l'élaboration d'un glossaire complet du gallo de Loudéac, tout en travaillant sur un alphabet des motifs celtiques. Cette importance attachée aux arts décoratifs s'inscrit dans l'esprit du mouvement Arts and Craft et l'art dans tout et du refus d'une rupture entre arts majeurs et arts mineurs. Jeanne Malivel, à sa mort commence à être reconnue. Elle expose dès 1917, à Pontivy, puis en 1920, participé à une exposition à Guérande. Elle expose en 1921 à Fougères et, en 1923, à Rennes à la Galerie Louis Carré. Entre temps, en 1921, elle envoie des uvres au New York Museum of French Art, pour l'exposition « Exhibition of the Art of Brittany ». En 1925, ce sera à Paris l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes. Elle n'y expose pas seule mais avec le groupe des Seiz Breur qui unit dans le projet artistes et artisans. Malgré les obstacles, c'est un succès. En 2023, une exposition à la bibliothèque Forney a permis de faire découvrir cette femme artiste longtemps restée méconnue. La singularité de Jeanne Malivel est d'avoir posé le choix, parfaitement conscient, de tout faire partir dans sa vie d'un engagement religieux et spirituel. Cette décision la place au carrefour des idées et problématiques des années 1914-1925, en Bretagne, mais pas seulement, puisqu'environ un tiers de sa vie se passe à Paris , et cela, dans les domaines les plus différents. Ce choix l'a engagée tout d'abord dans une démarche de réflexion et de création d'une grande originalité, mêlant à la fois formation académique, formation d'autodidacte, travail sur la méthode historique et réflexion théologique. Il l'a ensuite conduite à mettre en place une forme de travail en groupe inspiré de l'esprit évangélique, à la fois dans son atelier Sainte-Anne à Paris, dans sa vie à Loudéac, et dans l'initiative des Seiz Breur. Il témoigne d'une certaine forme de modernité et de progressisme, dont il importe de retracer l'histoire, et de rechercher la postérité. Jeanne Malivel apparait donc comme une femme-artiste catholique, libre, féministe et audacieuse. A l'avant-garde de l'avant-garde peut-être ? Pour ce faire, ce travail de recherche visera à : 1) Ancrer Jeanne Malivel dans son contexte, 2) Rendre toute son importance au pivot spirituel et religieux dans sa vie, 3) Mesurer l'importance de son aventure parisienne. 4) Revisiter la dimension bretonne de son uvre , 5) Analyser les ressorts psychologiques de son dynamisme : la soif de liberté.