Genre et pouvoir(s) dans les sociétés de haute Mésopotamie et d'Anatolie au début du IIe millénaire avant notre ère
Auteur / Autrice : | Elliott Lairie |
Direction : | Denis Lacambre, Cécile Michel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire, Archéologie, Littératures des Mondes Anciens |
Mots clés
Résumé
L'objectif de cette thèse est d'analyser les relations des femmes et des hommes membres des élites avec les institutions politico-religieuses au sein des sociétés de haute Mésopotamie et d'Anatolie au début du IIe millénaire avant notre ère. Pour étudier cette articulation entre genre et pouvoir(s), il s'agira de réaliser une étude comparative entre la documentation paléo-assyrienne et celle paléo-babylonienne de haute Mésopotamie. Les sources cunéiformes de l'époque paléo-assyrienne (XX-XVIIIe siècles, essentiellement XIXe siècle av. n. è.) sont avant tout issues de Kane (Kültepe) en Anatolie où s'établissaient des marchands assyriens à plus de 1.200 kilomètres de leur ville d'origine située dans le nord de l'actuelle Irak : la cité-État d'Aur (Qal'at Cherqat). Les couches archéologiques plus récentes n'ayant été que partiellement dégagées, cette dernière n'est connue à l'époque paléo-assyrienne qu'essentiellement à travers les lettres en provenance de ce site retrouvées dans des archives privées en Anatolie, et non pas à travers des textes exhumés sur place qui auraient été issus d'archives administratives. Quant aux sources paléo-babyloniennes de haute Mésopotamie étudiées dans ce travail de recherche, il s'agira avant tout des archives datant du XVIIIe siècle av. n. è. de la famille royale de Mari (Tell Hariri), des rois d'Apum à ubat-Enlil/eḫna (Tell Leilan) dans l'actuelle Syrie et de la princesse Iltani à Qaṭṭara (Tell al-Rimah) dans le nord de l'actuelle Irak. L'intégration de la documentation de haute Mésopotamie, justifiée par les liens qu'entretenait la société assyrienne avec cette région que ce soit à travers le commerce ou l'éphémère « royaume de Haute-Mésopotamie » de Samsi-Addu, permettra ainsi de travailler à la fois sur des familles de marchands et des familles royales, sur des archives privées et des archives royales. Les institutions politico-religieuses qu'il s'agisse de royautés, de principautés, de prêtrises ou des comptoirs commerciaux, de l'assemblée et de l'Hôtel de Ville assyriens ne sont pas des structures désincarnées : les individus qui interagissent avec elles ou les investissent doivent ainsi être appréhendés comme des hommes et des femmes puisque le système de genre influence nécessairement leurs actions et conditionne les relations sociales. Dans le cadre des institutions, comme celles assyriennes, où seuls les hommes peuvent visiblement participer, l'absence institutionnelle des femmes mais aussi les relations de ces dernières avec les institutions doivent également être étudiées. Il s'agira ainsi d'identifier les multiples formes de pouvoir et de « contre-pouvoir » ainsi que les différentes stratégies individuelles ou collectives employées face aux institutions ou dans l'exercice du pouvoir. En outre, il conviendra de s'intéresser à la question de la production du système de genre et de voir, avec une approche intersectionnelle, comment le genre s'imbrique avec d'autres systèmes de classification, stratification et domination (classe économique, statut juridique, âge, ethnie, mode de vie sédentaire ou nomade ). Seront également étudiées à travers l'analyse des discours, la sémantique et l'onomastique, les représentations mentales du pouvoir ainsi que celles associées aux différentes formes de féminité et de masculinité pour voir comment ces identités sont socialement construites. Enfin, si ce travail s'appuiera avant tout sur la correspondance, seront également prises en compte d'autres sources textuelles, comme les contrats, inscriptions royales, traités, textes littéraires ou administratifs, quand elles peuvent participer à éclairer le sujet. De manière similaire, les représentations du genre et du pouvoir peuvent également être étudiées à l'aide de l'iconographie et de la culture matérielle (sceaux-cylindres, statuaire ).