Thèse en cours

La vie sur station antarctique au regard de la science : le professionnel et l'intime en jeu, l'exceptionnalité antarctique en question

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Auteur / Autrice : Rachel Prat Lamy
Direction : Sophie HoudartDavid Dumoulin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Inscription en doctorat le 16/11/2023
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative

Mots clés

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Résumé

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L'Antarctique est presque toujours présenté comme la figure même de l'exceptionnalité. De fait, il semblerait qu'il fasse figure d'exception au regard de nombreuses disciplines. D'abord, géographiquement, il s'agit de l'unique territoire de cette envergure et donc du seul continent à connaître une situation d'insularité (Garde, 2002). D'un point de vue météorologique, c'est le plus grand désert du monde ainsi que l'endroit le plus froid de la Terre. Juridiquement, le fait que le Traité de l'Antarctique (1959) ait gelé les revendications territoriales en fait la seule terre qui n'appartient à personne. De plus, sa consécration de « terre de paix et de science » est une première pour la diplomatie internationale. Dans une perspective historique, il est le dernier continent à avoir été découvert et à observer une présence humaine (Guilherme 2011). Enfin, il est question du seul continent sans population autochtone (Emery, 2009) malgré une occupation humaine constante malgré son renouvellement régulier, ce qui, anthropologiquement, est une situation inédite. L'Antarctique est le continent des extrêmes. Néanmoins, il apparaît qu'il puisse exister des échos voire des similitudes de la vie sur station antarctique avec d'autres situations de réclusion collective. Pour commencer, le fait que l'Institut Polaire Français (IPEV) soit chargé de la gestion des bases scientifiques polaires qu'elles soient au Nord ou au Sud souligne la possibilité de la comparaison. Plus largement, les stations de recherche sont souvent implantées dans des milieux considérés comme hostile où elles n'existent que pour la science tout en servant de lieu de travail, de lieu de vie et de refuges aux scientifiques qui les habitent (Geisser et Kelly, 2016). C'est à partir de ce postulat que l'ANR SciOUTPOST propose la conceptualisation de ces lieux de marge où se construit la science. Ce travail de recherche s'inscrit dans une collaboration avec cette ANR. J'ai déjà souligné l'écho entre la variation saisonnière inuit (Mauss avec Beuchat, 1904-1905) et celle adélienne sur la station Dumont d'Urville lors de mon travail de mémoire. En outre, la vie en collectivité des stations antarctiques sur lesquelles le travail paraît central pourrait s'apparenter à la vie sur bateau (Duval, 1998 ; Charcossey, 2019). Tous ces lieux pourraient-ils être considérés comme des lieux analogues (Messeri, 2021) au même titre que l'Antarctique l'est, parmi d'autres, pour la vie spatiale (Salazar, 2017) ? Et si c'est le cas, il serait alors légitime de se demander : en quoi l'Antarctique présente-t-il, d'un point de vue anthropologique, une situation exceptionnelle ?