Thèse en cours

S'émanciper de l'abjection, l'art menstruel au service des réappropriations corporelles : créations et représentations

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Auteur / Autrice : Lucile Girardet
Direction : Claire Lahuerta
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Arts
Date : Inscription en doctorat le 08/11/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CREM - Centre de Recherche sur les Médiations
Equipe de recherche : Praxitèle

Mots clés

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Résumé

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L'objet premier de la recherche, et le fil rouge de la thèse, est l'art menstruel. L'étude et l'analyse d'œuvres d'art et démarches d'artistes est en effet essentielle et constitue la racine même de ce travail permettant ainsi de solidement l'ancrer dans le champ disciplinaire des arts plastiques. Issue du mouvement du Body Art, la création artistique menstruelle s'inscrit alors dans le concept d'abjection. Les sécrétions corporelles, dont fait partie le sang périodique, inspirent en effet le dégoût, la répulsion et le rejet. L'abject n'est donc pas connoté de manière positive, même si les artistes s'en amusent et s'en emparent en l'expérimentant face à leur public questionnant ainsi la place du corps dans la société. Nous pouvons alors nous demander si continuer d'associer les menstruations à un tel concept ne contribue pas à renforcer la stigmatisation et l'invisibilisation des corps menstrués ? Ce travail de recherche pose donc comme problématique la représentation plurielle des corps menstrués par la création artistique et peut-elle permettre une émancipation du concept d'abjection ? Ces interrogations remettant en question l'abject artistique interpellent d'autres concepts et sujets de réflexions quant aux stigmates des corps qui saignent. Au-delà d'une représentation des femmes et de sa place au sein de l'art féministe, le period art contribue de plus en plus à visibiliser d'autres corps et à activement s'affirmer dans divers combats politiques militants. Ainsi, l'art menstruel souhaite représenter les corps non-féminins, les corps non blancs ou même encore les corps en dysfonctionnements. Qualifier ces représentations artistiques qui se veulent être inclusives et non-discriminantes et discriminatoires d'abjections, n'est-il pas conforter leur perception sociétale de « dissidente » et encourager un sentiment de rejet de vis-à-vis de ces corps et identités ? Quant aux personnes concernées par ces problématiques sociales ainsi que les artistes s'exposant au travers de leurs créations quelles perceptions d'elles-mêmes et de leurs corps cette étiquette d'abjection induit-elle ? Souhaitent-elles s'en détacher, s'arracher de toute perception négative de leurs écoulements mensuels ? Comment peuvent-elles y parvenir au travers de leur art et de l'exposition de leur sang ? Remettre en question le concept d'abjection sociale et artistique permet-il une réappropriation de leurs corps ? Quelle est la place du mouvement de l'art abject dans ce combat politique contemporain de déconstruction des stigmates discriminatoires et d'émancipation d'une société oppressive ? Nous pouvons également questionner l'impact de l'art menstruel sur la perception sociale des menstruations ; sont-elles encore jugées sociologiquement abjectes ? Une évolution de ce nouveau rapport sociétal au sang périodique, due aux représentations artistiques, contribue-t-elle également à une émancipation des concepts d'abjections ? Quelle est la place de la didactique dans une pratique artistique comme l'art menstruel jugée abjecte et poussant donc au rejet ? En un mot, nous basons notre recherche sur la remise en question de l'abjection menstruelle en tant que concept aussi bien artistique que sociologie via l'art périodique et sa représentation émancipatrice des corps menstrués.