Thèse en cours

L'articulation des assurances accidents corporels avec le droit de l'indemnisation

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Auteur / Autrice : Amor Ben said
Direction : Vincent Perruchot-triboulet
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : En droit spécialité Droit privé
Date : Inscription en doctorat le 11/09/2017
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Sciences juridiques et politiques (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CDE - Centre de Droit Economique

Résumé

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Outre leur caractère obligatoire ou facultative, c'est la nature de leurs indemnisations qui distingue les assurances de dommages et de personnes. En effet la réparation résultant des assurances de dommages obéit au principe indemnitaire, c'est-à-dire que l'indemnité due à la victime s'effectue de manière intégrale en fonction du dommage subi. Inversement les assurances de personnes possèdent un caractère forfaitaire où le montant de la réparation est négocié lors de la conclusion du contrat d'assurance indépendamment du dommage éprouvé. C'est cette différence de nature qui justifiait jusqu'alors cette différence de régime. Pourtant, depuis un arrêt d'Assemblé plénière, la Cour de cassation reconnait un caractère indemnitaire à certaines assurances de personnes. Or si c'est la nature indemnitaire des assurances de dommages qui incite le législateur à les rendre obligatoires, les assurances de personnes indemnitaires ne devraient-elle-pas également être rendues obligatoires ? La thèse étudiera la possibilité d'imposer certaines assurances de personnes. Ces réflexions peuvent nous mener plus loin dans le raisonnement. Être l'auteur d'un dommage oblige une indemnisation de la victime. Le droit français est extrêmement protecteur. En effet les victimes peuvent prétendre à une réparation. Les responsables peuvent prétendre à une couverture d'assurance obligatoire de responsabilité. Le droit français suit une logique indemnitaire de réparation intégrale. Quid des cas où la responsabilité de l'auteur du dommage n'est pas susceptible d'être engagé où lorsque la victime est elle-même responsable de son dommage ? Dans ces cas-là le droit français se montre moins clément. Si la victime de son propre fait n'a pas souscrit à une assurance de personnes, ce type de dommage est seulement couvert par la Sécurité sociale qui n'obéit pas au principe indemnitaire en offrant qu'une réparation partielle des préjudices corporels et en négligeant les préjudices moraux. En définitive la seule possibilité de voir son dommage intégralement réparé et donc de respecter le principe indemnitaire est de souscrire à des assurances complémentaires. Or il n'existe aucune obligation de souscrire à ces dernières, alors que la législation française impose la couverture et la réparation intégrale des dommages causés à autrui. Voilà qui est paradoxal. Ainsi l'un des objectifs de cette étude sera donc de déterminer l'utilité de l'assurance de personnes obligatoire dans l'optique de corriger cette atteinte au principe indemnitaire ainsi que d'explorer la possibilité d'une articulation avec les avec tiers payeurs ainsi que les fonds d'indemnisations. Les répercussions pratiques d'une telle étude sont également importantes. Il faut en effet garder à l'esprit que les fonds d'indemnisation cantonnent généralement leurs effets aux préjudices d'importance. Le développement des garanties personnelles souscrites par les potentielles victimes est de nature à favoriser l'indemnisation des « petits préjudices » notamment corporels et surtout devrait permettre de soulager les finances publiques et la solidarité nationale. « L'idéologie de la réparation », pour reprendre une formule célèbre, est difficile à contrer ou à cantonner dans des limites raisonnables ou même simplement soutenables. Il est donc intéressant d'étudier sérieusement la perspective de voir les victimes financer très directement leur protection indemnitaire. Une réflexion s'impose donc sur ce qui semble être une nécessité sociale : l'obligation de s'assurer et d'assurer. Des études atteste que plus un individu est solvable, plus il est prévoyant et donc assuré. À l'inverse, moins l'individu est solvable et mois celui-ci est assuré. Il est aussi nécessaire de rendre les assurances de personnes obligatoire afin de contraindre les assureurs de prendre en charge des risques lourds, qui en l'absence d'une intervention de la loi, ne trouveraient pas de garant. À terme, le but poursuivi par cette thèse est d'étudier de nouvelles pistes menant à une protection accrue des personnes face aux limites de l'assurance et des autres modes d'indemnisations.