Les think tanks conservateurs britanniques et américains dans une perspective transnationale après 1945 : origines, évolution et résistance
Auteur / Autrice : | Virgile Lorenzoni |
Direction : | Isabelle Vagnoux, Valerie Andre |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Etudes anglophones |
Date : | Inscription en doctorat le 02/10/2017 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole Doctorale Langues, Lettres et Arts |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LERMA - Laboratoire d'Etude et de Recherche du Monde Anglophone |
Mots clés
Résumé
Cette thèse adopte une perspective transnationale pour étudier les origines, l'évolution et la capacité de résistance des think tanks conservateurs britanniques et américains après 1945. Elle entend démontrer que ces organisations sont le produit d'une combinaison conjoncturelle, dont l'efficacité non négligeable pourrait potentiellement être contrebalancée par une vulnérabilité accrue aux bouleversements politiques de grande envergure. La première phase de notre raisonnement consiste à utiliser l'approche morphologique des idéologies pour résoudre l'apparente contradiction entre un modèle organisationnel dont la raison d'être est d'exercer une influence sur les politiques publiques, et le conservatisme, dont les figures tutélaires se méfient traditionnellement des idées et de leur application non organique à la vie de la cité. Cette approche conceptuelle permet d'expliquer comment, par l'abandon stratégique de la politique de la prudence défendue par Burke, Oakeshott ou Kirk au profit de la promotion d'un conservatisme ayant assimilé des principes néolibéraux, les droites britannique et américaine ont pu se doter d'outils empruntés à leurs adversaires progressistes dans leur croisade pour la liberté économique. Ce postulat théorique est ensuite confirmé par une analyse comparée de la montée en puissance des think tanks conservateurs britanniques et américains jusqu'aux « révolutions conservatrices » quasi-simultanées des années 1979-1989, qui met en évidence les différentes stratégies utilisées par ces organisations pour transformer la façon dont s'organisait le débat politique sur les deux rives de l'Atlantique. Au-delà de la simple comparaison entre États-Unis et Royaume-Uni, cette thèse propose de replacer les think tanks conservateurs au sein d'un espace transnational de circulation des idées néolibérales, matérialisé par l'expansion de réseaux d'influence dont la portée dépasse la simple sphère anglo-américaine. Cette démarche, qui met en lumière les multiples difficultés rencontrées par les think tanks dans leurs efforts de coopération, ainsi que les évolutions et les mutations que supposent les tentatives de transplantation d'un modèle spécifique de think tank hors de son environnement d'origine, vise à produire une analyse équilibrée de ce qui est alternativement dépeint comme un réseau d'instituts connectés, mais absolument indépendants et non orientés idéologiquement, ou au contraire comme un complot néolibéral. Enfin, le troisième volet de notre réflexion porte sur les nouveaux défis rencontrés par les think tanks conservateurs, à l'heure où les droites britannique et américaine se caractérisent de plus en plus par leur méfiance vis-à-vis des élites et du libéralisme sous toutes ses formes. Cette thèse prend ainsi le contrepied des approches téléologiques qui ont longtemps dominé l'historiographie des think tanks conservateurs britanniques et américains, en postulant que ces organisations, issues d'une période de réalignements politiques et idéologiques de grande ampleur, ne peuvent pas survivre telles quelles dans un contexte politique aussi troublé que celui qui les a vu émerger.