Intérêt public en architecture : persistance d'une notion, multiples politisations
Auteur / Autrice : | Tarik Abd el gaber |
Direction : | Soline Nivet, Jean-Louis Violeau |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Architecture |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ACS XIXème-XXème Siècle - Architecture, Culture, Société XIXe-XXIe siècles |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les architectes sont actuellement les seuls à pouvoir porter la responsabilité de la construction, étant dépositaires d'un savoir-faire propre. Il est indiqué dans la loi n°77-2 du 3 janvier 1977 encadrant l'exercice de l'architecture que « la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d'intérêt public ». À partir de cette singularité et de cette responsabilité du métier dans un cadre culturel, économique et législatif limitant le pouvoir que les architectes semblent détenir, quel serait le rôle politique des architectes, comment l'exercent-t-ils, quelles visions en ont-ils ? Dans quelle histoire et sur quels concepts ce rôle s'enracine-t-il ? Du cadre réglementaire en vigueur de la profession, nous relevons trois notions qui semblent directement liées au rôle politique de la profession : intérêt public, qualité des constructions et devoir de conseil aux citoyens et élus. La notion d'intérêt public, inscrite dans l'article premier de la loi sur l'architecture, semble être l'idéal de justification (Boltanski et Thévenot, 1991) dans la considération actuelle de l'acte d'édifier. La qualité des construction s'apparente à la finalité de l'application du savoir faire des architectes transcrite dans un langage législatif (Lengereau, 2001). Enfin, la mission de conseil des architectes serait un moyen d'y parvenir. Nous étudierons les contextes historiques dans lesquels ces notions se fondent et la manière dont elles s'articulent dans le contexte contemporain. Trois approches peuvent être développées. En premier lieu, nous mènerons une étude historiographique des contextes entourant les mutations réglementaires de l'exercice, agissant comme des révélateurs des notions récurrentes et de la signification qui leur est associée. Un second niveau d'étude de ces moments de crispation devrait permettre de décrire et interroger les positions des architectes dans leur prise de parole publique. L'analyse du vocabulaire et/ou du média employé permettra de les situer sur un nuancier d'accord ou d'opposition avec la doctrine gouvernementale et d'en interpréter un degré de politisation. Nous considérons en effet la politisation comme une prise de recul des acteurs sur leur positionnement et leur rôle dans le cadre proposé par l'Etat (Lemieux, 2021). Enfin, une étude de terrain auprès du corps des Architectes Conseil de l'Etat (ACE) sera mise en place. Les ACE sont des acteurs de conseil dans l'application des politiques publiques d'aménagement du territoire. Ces architectes assurent être dénués d'intérêts professionnels dans leur pratique de conseil auprès des territoires semblent ainsi être l'une des incarnations de l'intérêt public de l'architecture. Cette étude devrait approcher plusieurs niveaux de représentation de l'intérêt public en architecture : la représentation que les ACE se font de leur mission d'un point de vue réglementaire, la définition qu'ils s'en donnent collectivement et les éventuelles disparités individuelles de cette définition.