Devoir de vigilance et droit des contrats
Auteur / Autrice : | Carla Leturc |
Direction : | Anne Danis-fatome |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 01/11/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre du Droit Civil des Affaires et du Contentieux Économique |
Mots clés
Résumé
Le devoir de vigilance a été créé par la loi n°2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre. Ce texte constitue un tournant dans la prise de conscience quant aux enjeux environnementaux et de protection des droits humains : si elle s'est intensifiée avec la mondialisation, elle n'était jusqu'alors envisagée que par des normes de droit souple. L'adoption de cette loi permet désormais d'engager la responsabilité délictuelle des acteurs économiques assujettis, ce qui est largement salué par la doctrine et inspire le législateur européen. Cette loi, audacieuse, trouve ses limites dans ses forces : elle se joue de l'écran de la personnalité morale, des limites de l'extraterritorialité, du risque d'atteinte à la sécurité juridique des débiteurs des obligations de vigilance, mais également des garde-fous de la procédure civile. Depuis sa création en 2017, elle se heurte judiciairement à des questions de forme et n'a pas encore fait l'objet d'un jugement sur le fond. La thèse a pour ambition de mettre en relation le régime de responsabilité spécial du devoir de vigilance avec les mécanismes connus du droit des contrats. D'abord, le contrat sera l'instrument privilégié des débiteurs du devoir de vigilance pour se conformer à leurs obligations. Il ne devra toutefois pas être instrumentalisé pour s'en dédouaner artificiellement, ni pour s'ingérer dans l'activité de leurs filiales ou sociétés contrôlées. Par-delà, le contrat comme instrument d'auto-régulation des acteurs économiques pourrait permettre de dépasser les limites du régime légal du devoir de vigilance. Sans limite de seuil ni cadre procédural spécial, la responsabilité contractuelle des acteurs prenant des engagements environnementaux ou en matière de droits humains pourrait être engagée. Consciemment engagés dans un contrat ou inconsciemment pris dans une qualification de contrat unilatéral, d'engagement unilatéral ou de quasi-contrat, les acteurs qui déclareront s'engager pour la protection de l'environnement et pour une production responsable pourront être tenus d'en rendre compte.