Thèse en cours

Le statut d'observateur au sein de l'Autorité internationale des fonds marins

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Auteur / Autrice : Gleb Fromm
Direction : Sophie Grosbon
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 13/11/2023
Etablissement(s) : Paris 10 en cotutelle avec Université européenne Viadrina
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de droit international (Nanterre)

Résumé

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L'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), organisation internationale créée par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (CNUDM) et l'Accord relatif à l'application de la Partie XI de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 (Accord), réglemente l'exploration et l'exploitation des grands fonds marins. Lors des réunions du Conseil de l'AIFM et de l'Assemblée de l'AIFM, les États membres et, sous certaines conditions, les observateurs de l'AIFM peuvent participer aux délibérations même si ce ne sont que les premiers qui peuvent voter. Au sein de la catégorie des observateurs, se trouvent des États non-membres, des organisations internationales et des organisations non-gouvernementales (ONG). La participation des observateurs au processus de codification permet d'animer et d'enrichir le débat au sein de l'AIFM. C'est notamment le cas des ONG observatrices dont l'expertise et le regard critique sur l'exploitation des fonds marins permet de reconsidérer certains aspects des codifications et de les rendre plus cohérentes. Les ONG environnementales participent indirectement, par le biais des États, à l'élaboration des normes et il leur incombe, d'une manière informelle, de rendre les États accountable, c'est-à-dire d'exiger des explications pour leurs actions. Cette analyse du rôle des ONG observatrices ne peut pas être complètement transposée aux États observateurs car les États observateurs sont premièrement des États, sujets de droit international, dont le meilleur moyen de représentation des intérêts est de devenir membres de l'organisation internationale en question, et deuxièmement, l'observation est plutôt le rôle classique des ONG, ou même des organisations internationales, disposant de connaissances et d'une expertise sectorielles. Les États observateurs sont des États qui, à ce jour, n'ont pas adhéré à la CNUDM et à l'Accord. Leur non-adhésion est problématique parce que la CNUDM est censée régler, de manière exhaustive et universelle, le droit international de la mer en codifiant les coutumes internationales mais aussi en développant le droit international : par conséquent, le droit de la mer a subi une fragmentation car les dispositions novatrices de la CNUDM ne lient pas les États non-membres. L'implication des stakeholders, la transparence ainsi que le respect du principe de précaution et la prise de décision fondée sur des données scientifiques sont des principes procéduraux de l'approche écosystémique de la gestion des zones en dehors de la juridiction nationale. Cette forme de gouvernance environnementale adopte un regard intégré sur la haute mer et pourrait un jour remplacer l'approche sectorielle, fondée sur des différents modes de gouvernance dans chaque secteur (fonds marins, pêche, navigation). L'approche écosystémique pourrait renforcer la cohérence de la gestion de la haute mer en facilitant la coopération inter-agences et ainsi contribuer à achever une réglementation mieux adaptée aux enjeux en question. Une telle approche écosystémique pourrait avoir pour effet l'adoption de normes plus cohérentes et adaptées à leurs objets. Ceci est susceptible de rendre le travail normatif de l'AIFM plus attractif, car mieux répondant aux atteintes et possibilités scientifiques, et donc plus facile à accepter pour les États. A partir de la construction du statut d'observateur au sein de l'AIFM, cette thèse envisage de déceler le rôle des observateurs dans le processus de codification mené par l'AIFM. Ceci implique une analyse (comparative) des capacités et des rôles réels des différents types d'observateurs. A une analyse juridique du statut des observateurs s'ajoute la question de l'utilisation effective de ce statut par les observateurs qui trouvera sa réponse dans une comparaison des atteintes des observateurs au processus normatif en tant que stakeholders et de l'impact de leur implication sur les normes adoptées.